Un reportage diffusé dimanche 13 janvier dans le magazine d’information Capital a mis en avant les pratiques effarantes du géant du e-commerce Amazon. On y apprenait notamment que la firme américaine a l’habitude de détruire régulièrement des produits neufs invendus. En France, Amazon aurait ainsi détruit près de 3,2 millions de produits en 2018.
Ces chiffres viennent illustrer l’une des mauvaises facettes de la consommation intensive. Jusqu’à récemment, cette logique d’acheter, de jeter, puis de racheter des produits est celle qui dominait l’économie. Une hérésie totale au regard de la planète, de nos portefeuilles mais aussi du bon sens. C’est pourquoi désormais, l’économie circulaire doit prendre plus de poids. L’économie circulaire, c’est celle du recyclage, du ré-emploi, de l’éco-conception. C’est aussi l’économie de l’anti-gaspillage.
Et dans ce domaine, une pratique sociale et solidaire émerge doucement : celle du don entre particuliers. À l’image de ce que fait l’association HopHopFood, la plateforme vient d’ailleurs de se lancer dans le don alimentaire, en plus du don d’objets.
Geev, plateforme de dons d’objets entre particuliers
Lancée en avril 2017, par Hakim Baka et Florian Blanc, GEEV est un service de petites annonces de don d’objets entre particuliers. Elle permet aux utilisateurs de donner et de trouver des objets autour de chez eux de manière simple, ludique et gratuite. Cette jeune start-up installée à Bordeaux compte une équipe de 15 personne. Elle a réalisé au printemps 2018 une levée de 3 millions d’euros pour démocratiser cette pratique du don.
« Nous sommes convaincus que le don concerne tous les Français et deviendra très vite un réflexe du quotidien en permettant de donner une seconde vie à nos objets inutilisés » précise Hakim Baka. L’être humain à peur du vide. Et nous sommes nombreux à entasser en permanence chez nous des objets que nous n’utilisons jamais. On le sait. On les voit. Parfois on se dit même « tiens faudrait que je jette ce truc ». Mais on ne le fait que trop rarement. Pourtant, si ces objets ne nous sont d’aucune utilité, ils pourraient tout à fait servir à d’autres personnes.
Aujourd’hui, la plateforme compte près de 1,5 million d’inscrits. Et GEEV a permis de donner une seconde vie à plus de 1 million d’objets. Ce qui tend à prouver d’ailleurs que la générosité et l’envie de mieux consommer sont tout à fait compatibles. Cette logique de communauté et d’écologie incitative émerge de plus en plus, à travers des entreprises comme Yoyo, par exemple, qui favorise elle le recyclage du plastique.
Décoration, vêtements et articles pour enfants
En 2018, GEEV a vu son nombre d’utilisateurs tripler – passant de 500 000 à 1 500 000 Geevers. Ce développement s’est accompagné d’une augmentation considérable du nombre d’objets donnés. Au total, ce sont 800 000 dons qui ont été effectués sur l’année. Ce qui représente l’équivalent de 2000 tonnes d’objets ayant bénéficié d’une seconde vie.
Parmi eux, on retrouve majoritairement des objets de décoration et des accessoires de maison (25%). En seconde position, ce sont les vêtements et produits textiles (20%). Enfin, les articles pour bébé et des jouets (15%) ainsi que les produits électroménagers ou électroniques (10%) sont également prisés. A noter que les livres et sacs à main sont les deux objets pour lesquels les Français font le plus preuve de générosité. Sur 2018, ils ont fait respectivement l’objet de 6000 et 2000 annonces de dons.
Mais la plateforme permet de donner absolument tout type d’objets. Ce qui donne lieu parfois à des annonces insolites. Ainsi, Robe de mariée, timbres de collections, moto des années 1960 ou encore ancienne machine à coudre attirent également les amateurs de vintage et d’objets singuliers. Aujourd’hui, ce sont les villes de Paris, Lyon, Toulouse et Bordeaux où le service est le plus utilisé. Geev espère cependant tripler le nombre de dons réalisé dans le courant de l’année 2019. À terme, l’entreprise veut également poursuivre sa présence à l’international afin de donner plus d’ampleur à ce concept.
Une nouvelle offre de don alimentaire
Chaque année, un Français jette en moyenne 29 kg de nourriture, dont 7 kg d’aliments encore emballés, selon l’Ademe. Des chiffres qui indiquent qu’en dépit du fait que l’enjeu soit mondial et global, le gaspillage alimentaire émanant directement des foyers français est colossal. D’où l’importance d’avoir des entreprises proposant des solutions à ce sujet.
Existant jusqu’alors de manière marginale sur la plateforme Geev, le don de produits alimentaires entre particuliers a été de plus en plus plébiscité par ses utilisateurs. Suite à une étude menée en Avril dernier auprès des utilisateurs de l’application, 82% des utilisateurs de Geev, « les geevers » se disaient ainsi prêts à donner ou récupérer gratuitement, via la plateforme, de la nourriture consommable. Fort de l’ensemble de ces enjeux, Hakim Baka et Florian Blanc, co-fondateurs de Geev ont donc décidé de développer une nouvelle brique servicielle dédiée au don de produits alimentaires lancée à l’occasion de la période estivale.
En termes de produits, les utilisateurs de l’application sont autorisés à mettre en ligne les aliments qu’ils ne consommeront pas dans le respect des règles en matière d’hygiène et de sécurité sanitaire recommandé par la Direction générale de l’alimentation du ministère de l’agriculture : produits frais emballés, fruits et légumes, produits surgelés/congelés (sans rupture de la chaîne du froid), aliments secs. Afin d’informer au mieux les utilisateurs, la date limite de consommation (DLC) de chaque produit est affichée et toutes les annonces seront supprimés dès cette date limite passée. Enfin et comme pour les objets, chaque annonce postée sera modérée par une équipe 100% humaine et interne.