Le 11 février 2020, la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), portée par Brune Poirson, a été promulguée au Journal Officiel. Une loi qui contient un ensemble de petites et moyennes mesures pour réduire le gaspillage, l’obsolescence programmée et la pollution plastique. Elle prévoit notamment la création d’au moins 5 filières REP (Responsabilité élargie des producteurs) qui veut que les metteurs sur le marché de produits polluants gèrent, ou plutôt payent pour que quelqu’un gère les déchets qu’ils provoquent.

C’est une sorte de circuit organisé et contrôlé par l’État afin que les producteurs soient responsables de leurs produits via le prisme du « pollueur-payeur ». Il existe aujourd’hui une vingtaine de filières REP en France dont la première, pour les emballages, a été créée en 1993. Ces filières fonctionnent grâce au concours de ce qu’on appelle un éco-organisme, chargé de la collecte et du traitement des déchets concernés par la filière, et qui est rémunéré par les metteurs sur le marché. Le plus connu de ces éco-organismes est Citéo, qui gère la collecte des emballages.

Dans le cadre de la loi AGEC, une filière REP concernant les mégots de cigarette doit voir le jour cette année et le premier éco-organisme dédié à la réduction des mégots sur la voie publique vient tout juste de recevoir son agrément : il s’appellera Alcome et a été créé par l’Association des Fournisseurs de Tabac à Fumer (AFTF), British American Tobacco, la Confédération des buralistes, Japan Tobacco International, Philipp Morris International et Seita Imperial Brands. Il vient de recevoir officiellement son agrément de la part du Ministère de la Transition Écologique et devient ainsi le premier éco-organisme européen dédié à la filière du tabac.


Faire une priorité de la sensibilisation des fumeurs

64 milliards de cigarettes sont consommées chaque année en France, ce qui est considérable et dramatique en termes de santé publique. Et d’un point de vue environnemental, on estime que 12 % de ces mégots (soit 7,7 milliards d’entre eux) terminent leur vie sur la voie publique, dans les fossés, les caniveaux et, bien souvent, sont portés jusqu’aux mers et océans où ils participent à la pollution et la destruction des écosystèmes marins.

Grâce à la mise en place d’une filière REP sur le sujet, les industriels du tabac vont désormais pouvoir compter sur Alcome pour améliorer la collecte et la valorisation de ces mégots de cigarettes. Pour ce faire, l’éco-organisme souhaite faire de la sensibilisation des fumeurs la priorité de son action. Elle procédera notamment à des opérations de sensibilisation nationales et locales en partenariat avec les collectivités et le maillage territorial des buralistes.

« Cet agrément est à la fois l’aboutissement de nombreux mois de travaux, discussions et échanges pour co-construire avec les pouvoirs publics, l’Association des Maires de France, et de nombreux acteurs de terrain une filière inédite, première du genre en Europe. Il est le point de départ d’une nouvelle responsabilité que nous sommes collectivement fiers de pouvoir assumer » précise ainsi Jérôme Duffieux, Président d’Alcome.

Améliorer la collecte des mégots de cigarettes

L’autre priorité de ce nouvel éco-organisme sera la mise à disposition de dispositifs de collectes adaptés, c’est-à-dire la mise à disposition de cendriers de rue et la distribution de cendriers de poche afin de sensibiliser les fumeurs et accompagner le changement de pratique. Une partie de l’action d’Alcome sera également de soutenir financièrement le ramassage des mégots de cigarettes dans l’espace public en accord avec le barème défini par l’État. L’éco-organisme devrait ainsi récupérer 80M€ par an auprès des industriels du tabac, qu’il reversera aux collectivités afin qu’elles prennent en charge les opérations de collecte.

Alcome n’est cependant pas la seule structure à s’occuper de la collecte et de la valorisation des mégots de cigarettes. Sans attendre qu’une loi impose la création d’un éco-organisme, il y a déjà des associations et entreprises qui travaillent sur le sujet. L’une des plus avancées s’appelle MéGo! Créée en 2017 et basée dans le Finistère, gère la collecte des mégots de cigarettes dans des lieux publics et entreprises par la mise à disposition de contenants et les valorise ensuite en créant un matériau propice au mobilier urbain ou au design d’objets d’intérieurs. Depuis sa création, l’entreprise estime avoir revalorisé près de 4 tonnes de mégots de cigarettes.

D’autres entreprises similaires existent, à l’image de Cy-clope, Tchao Mégot ou encore Écomégot. Un signe que la traque aux déchets du tabagisme est à l’oeuvre pour le plus grand bien de la planète et de la biodiversité.

À lire également