Passer d’une économie linéaire à une économie circulaire suppose de changer bon nombre de nos habitudes. Au cœur de cette ambition on retrouve trois grands axes : la réduction de la quantité de matières premières utilisées pour fabriquer nos produits ; la fabrication de produits durables et réparables ; le recyclage des déchets pour, si possible, les réutiliser dans d’autres productions.

Si les deux premiers points dépendent du bon vouloir des entreprises mais aussi des consommateurs, qui par leurs achats orientent les pratiques des entreprises, le troisième point lui concerne davantage les acteurs publics responsables de la politique de gestion des déchets de leur territoire.

Ainsi, si des mesures peuvent être prises au niveau national, les acteurs locaux peuvent aussi se mobiliser pour enclencher une transition vers une économie circulaire, à l’image de ce que fait déjà depuis de nombreuses années la Communauté de Communes Cœur du Var qui regroupe 11 communes étendues sur 45 000 hectares et rassemble plus de 44 000 habitants. Retour sur l’engagement de cette collectivité qui lui aura valu en septembre dernier d’être labellisé territoire Economie Circulaire pallier 1 par l’Ademe.

On procède par expérimentation : pour le marché du Luc par exemple, on a testé sur une commune le modèle d’un marché zéro déchet, avec un suivi précis et des pesées des collectes, avant de montrer les résultats aux élus et de développer à terme le modèle sur tout le territoire.

Mélissa Dalmasso, Responsable Prévention des Déchets, Communauté de Communes Coeur du Var


Les acteurs économiques au cœur de la politique de gestion des déchets

L’engagement de cette Communauté de Communes en faveur de l’économie circulaire remonte à plusieurs années puisque en 2014 déjà, elle a été lauréate de l’appel à projets gouvernemental « Zéro déchet, zéro gaspillage ». Et pour cause, elle avait réussi l’ambitieux projet de diminuer de 110 kg par habitant les ordures ménagères destinées à l’enfouissement. Une démarche qui lui aura valu d’être sélectionnée par l’Etat dans le cadre de l’appel à projets afin d’obtenir une aide financière de 300 000 euros et un accompagnement technique de l’Ademe pour soutenir le développement de l’économie circulaire sur son territoire.

De quoi motiver les troupes pour renforcer l’engagement de la Communauté de Communes dans la gestion durable de ses déchets. Dans cette optique, les acteurs de la collectivité ont donc imaginé une trentaine d’actions. Parmi elles, on retrouve notamment la création de « marchés zéro déchet » dans les communes du Luc en Provence en 2015 et de Puget-Ville en 2017. Entre installation de points de tri et valorisation de l’ensemble des déchets, cette opération a su prouver son efficacité. Sur le marché du Luc, la quantité d’ordures ménagères résiduelles enfouies par semaine a été réduite de 90% passant de 500/1000 kg en 2014 à 10 kg en 2017. Cette réduction a même été jusqu’à 98% pour le marché de Puget-Ville. En 2021, ce sont donc tous les marchés du territoire qui se sont convertis au zéro déchet.

Une autre mesure phare a été le déploiement du label « Commerce Engagé » afin de soutenir les enseignes qui abandonnent les sacs à usage unique, proposent des produits peu – voire pas – emballés ou encore privilégient les productions locales et les circuits courts. Ainsi, poissonneries, coiffeurs, pharmacies, bureaux de presse, boulangeries, fleuristes, boucheries et salons de thés sont autant de commerces qui se sont engagés dans ce sens, accompagnant ainsi les efforts de la collectivité.

En outre, face à une population qui croît sensiblement en période estivale, les campings ont, eux-aussi, été mis à contribution. Le Domaine de la Cigalière par exemple est un camping zéro déchet depuis avril 2015. L’objectif à terme est de développer cette action sur l’ensemble des campings du territoire.


Compost


35% d’ordures ménagères en moins

Mais pour enclencher une réelle démarche d’économie circulaire il était bien évidemment question de mobiliser les habitants. Car si les élus sont moteurs de l’engagement de la collectivité, les habitants ont aussi un rôle à jouer. Cœur du Var, étant localisée dans une réserve naturelle, profite d’habitants déjà sensibilisés à l’environnement. Mais elle ne s’en contente pas et travaille notamment depuis 10 ans avec les écoles pour sensibiliser les enfants. Des enfants qui aujourd’hui commencent à être adultes et contribuent positivement à la dynamique d’économie circulaire de la collectivité.

La Communauté de Communes Cœur du Var met aussi à disposition de ses habitants 32 composteurs partagés, et 16% des habitants sont équipés d’un composteur individuel. Le développement du compostage ajouté à l’extension des consignes de tri aura permis une baisse de 35% du volume d’ordures ménagères en 10 ans et ce, grâce aux efforts de tri des usagers, aux actions en porte à porte et aux animations scolaires des agents de prévention, tous formés Guides et Maîtres Composteurs.

La collecte de déchets à Cœur du Var a désormais lieu une fois par semaine sur tout le territoire au lieu de 4 fois par semaine dans certains quartiers auparavant.


Du côté du jardin, pour les habitants qui souhaitent faire du paillage, la Communauté de Communes prête gratuitement 20 broyeurs électriques. Et ici, même les poules jouent leur rôle dans la réduction des déchets. Grâce à leur capacité de détourner en moyenne 300 kg de déchets par an et par foyer, Cœur du Var en a fait des alliés dans sa politique de gestion des déchets en lançant en 2018 la vente de poulaillers à tarif préférentiel. Au total, ce sont 354 poulaillers d’une capacité de 2-3 poules qui ont été vendus aux foyers du territoire.

Autant d’efforts et de résultats, aussi portés sur le réemploi des déchets, qui auront donc valu à Cœur du Var d’être lauréate en 2019 de l’appel à projet « économie circulaire » de l’Ademe. Afin d’officialiser les actions de la collectivité, celle-ci a atteint le premier pallier en 2020 du label Economie Circulaire de l’Ademe, aux côtés de 26 autres collectivités. Basé sur un référentiel d’actions, ce dispositif a pour vocation d’aider concrètement chaque collectivité à définir sa stratégie et son plan d’action et à lui permettre de suivre et d’évaluer la performance globale de sa politique territoriale d’économie circulaire.

De quoi laisser penser que la Communauté de Communes Cœur du Var n’en a pas fini de soutenir la transition de son territoire. Et pour cause, Cœur du Var contribue notamment au projet Technovar aux côtés de 2 territoires du département dans le but de créer une unité de traitement de type industriel. Celle-ci s’appuierait sur des solutions novatrices pour favoriser la valorisation matière et énergétique des déchets (méthanisation des bio-déchets, fabrication de biocarburants, production de CSR – Combustible Solide de Récupération…) Autant de procédés de valorisation des déchets qui devraient permettre à terme d’enfouir seulement 20% des déchets ménagers produits en centre-Var. La collectivité souhaite aussi approfondir ses démarches d’écologie industrielle en faisant un diagnostic de tous les flux de déchets du territoire et des synergies qui pourraient être créées entre les entreprises.




Visuel d’entrée : Le Cannet-des-Maures, Var (Provence) – La place du village avec l’église paroissiale Saint-Michel du Vieux-Cannet – CC Pierre Bona

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