La Ceinture Verte est une jeune association dont l’objectif est d’accroître le développement d’une agriculture maraîchère biologique en périphérie des métropoles et villes moyennes. Pour cela, elle fournit des terres agricoles clé en main ainsi qu’un accompagnement pour les maraichers, le tout en coopération avec différents acteurs publics et privés, en particulier les collectivités locales.
Le projet, initié au départ par Ivan Collombet et Pierre Pezziardi – un serial entrepreneur français, notamment co-fondateur d’Octo Technology et de KissKissBankBank – est né sur le constat qu’il est extrêmement difficile, aujourd’hui, d’installer et de relocaliser des productions maraîchères en France.
Pour répondre à ce problème et faciliter, entre autres, l’accès au foncier, l’association se décline sur les territoires sous forme de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) associant l’ensemble des acteurs locaux (collectivités, associations, entreprises, maraichers) désireux de s’investir dans le développement des filières bio, locales et équitables.
Installer 100 exploitations maraichères dans chaque ville
C’est en novembre 2019 que l’aventure de La Ceinture Verte décolle après un échange avec le maire de Pau, François Bayrou, qui donne son accord pour la création d’une ceinture verte autour de son agglomération. La ceinture coopérative de Pau a été créée quelques mois plus tard en mai 2020. Une coopérative est également née à Valence, dans la Drôme, en novembre 2020.
L’association vise aujourd’hui l’installation de 4 maraîchers dans chacune de ces villes. Mais ce n’est qu’un début, ainsi que nous l’explique Lucie Achard, chargée de projets au sein de l’association. « On a pour ambition d’installer 100 exploitations de 2 hectares chacune, au rythme de 10 par an pendant 10 ans, dans chaque ville avec qui on travaille ».
Au total, cela représente 100 exploitations maraîchères dans chaque ville afin de créer des emplois locaux et favoriser le développement d’une alimentation de qualité et la distribution en circuit-court. Un modèle qui ne permet pas de répondre à la question de l’autonomie alimentaire des villes, mais qui permet d’apporter un complément non négligeable. « Ces 200 hectares, par exemple, c’est ce qui permettra à terme de subvenir aux besoins en légumes frais, locaux et bio d’au moins 10% des habitants de la ville de Pau » explique Lucie Achard.
S’engager main dans la main avec les collectivités
L’offre globale de La Ceinture Verte, c’est donc un service d’installation clé en main sur des terres équipées avec un accompagnement technico-économique et une aide à la recherche de logement sur site ou à proximité pour les maraichers.
« Tous les associés de la coopérative investissent au départ, ce qui nous permet d’aller voir des banques pour obtenir des prêts pour financer nos exploitations. Installer un maraîcher, cela nous coûte 100 000 euros aujourd’hui, puisqu’on achète la terre et qu’on l’équipe de serres, d’un bâtiment et d’un système d’irrigation en plus de l’accompagnement » ajoute Lucie Achard.
Cet accompagnement comprend un suivi technique par un tuteur·rice expérimenté·e ainsi qu’un appui à la gestion de l’exploitation. Un dispositif qui s’adresse notamment aux personnes en reconversion dans le maraîchage. La Ceinture Verte s’engage, en outre, à faciliter la commercialisation de la production des maraîcher·ère·s à un prix équitable, par la vente directe et ou en demi-gros.
L’objectif, c’est d’avoir des exploitations pérennes dans le temps et d’éviter d’avoir des maraîchers qui s’épuisent trop vite. On leur donne les meilleurs conditions pour qu’ils réussissent
Lucie Achard, La Ceinture Verte
Le service est proposé contre le paiement d’une cotisation d’un montant de base de 550€ par mois, plus une part variable de 7,5 % du chiffre d’affaires excédant 40 000€, applicable uniquement si la rémunération disponible des maraîcher·ère·s dépasse le SMIC, avec un abattement de 50 % et 25 % sur les deux premières années.
Après des débuts à Pau et Valence, l’association vise un déploiement à plus grande échelle dans le futur, notamment auprès de métropoles. « Nous sommes en discussion avec plusieurs grandes villes : Lyon, Strasbourg, Aix-Marseille, Limoges, Poitiers par exemple » précise l’association. « Après, on ne se lance que si on a un accord politique, on veut absolument que l’agglomération soit associée à la coopérative, car cela crée une vraie dynamique pour faciliter l’accès au foncier, le financement ou encore les échanges avec les commerçants pour mettre en place des circuits-courts ».
À l’étranger, on retrouve ce système de « ceinture verte » tout autour de la ville de Vitoria-Gasteiz, élue capitale verte de l’Europe en 2012. Un anneau de verdure de 613 hectares qui compte notamment 200 exploitations agricoles.
Un modèle d’avenir pour nos villes françaises ?