Chaque année en France, la Fédération du jouet estime que plus de 40 millions de jouets sont jetés. D’ailleurs, la durée de vie moyenne d’un jouet serait ainsi de 8 mois environ. Dans l’intervalle, seuls 4% des jouets sont réemployés alors que leur part de recyclabilité est estimée à 35%. Le volume qui part à l’enfouissement et à l’incinération est donc énorme.
En effet, le jouet se recycle assez mal car il est souvent composé de mélanges de plastique et souffre d’un déficit d’éco-conception de la part des fabricants. Récemment, la marque Lego annonçait par exemple renoncer au plastique recyclé pour la fabrication de ses jouets et cherche d’autres voies pour aller vers davantage de réemploi. Un symbole qui démontre la difficulté des fabricants à prendre en main la fin de vie de leurs produits. En France, une REP vient de voir le jour sur le sujet grâce à la loi AGEC.
Les jouets souffrent également d’une empreinte carbone élevée du fait de leur importation. D’après les chiffres de l’Ademe, sur les 150 000 tonnes de jouets mises sur le marché en France chaque année, 90 % sont importées et la grande majorité est importée de Chine.
C’est dans ce contexte qu’Alexandra Delprat, convaincue qu’une seconde voie existe sur le sujet, s’est décidée à créer AbracadaBric : un atelier de revalorisation spécialisé dans le jouet. L’objectif de l’entreprise est de redonner vie aux jouets délaissés ou destinés à la filière déchets.
Sauver de la poubelle 3 tonnes de jouets par an
Depuis sa création en 2018, c’est en moyenne 3 tonnes de jouets par an que l’entreprise sauve de la poubelle. Après avoir été collectés, contrôlés, nettoyés, ré-emballés, ces derniers sont revendus sur la boutique en ligne ou dans la boutique physique de la marque à Villefranche sur Saône, dans le Rhône (69). En moyenne un jouet est revendu par Abracadabric à prix 30% à 40% moins cher que le prix neuf.
Sur les 2 dernières années, l’atelier a doublé ses effectifs et dispose actuellement d’une quinzaine de collaborateurs en CDD d’insertion. Abracadabric propose également un système de box. « Dans l’optique de sauver un maximum de petits jouets qui, à l’unité, ne se vendraient pas mais qui, associés sur une thématique deviennent attractifs ; Dans nos box, nous avons entre 3 et 4 éléments : un livre, pour inciter les enfants à la lecture, un petit jouet, un petit puzzle sur un thème » explique Alexandra Deplat. En outre, la marque propose une solution de ré-emballage des jouets, à base de carton recyclé et recyclable, qui permet de sauver en amont beaucoup plus de jouets car cela permet un regroupement de pièces esseulées ou le remplacement d’une boîte originale abimée.
« Aujourd’hui, AbracadaBric a 5 ans et nous avons pour objectif de consolider notre activité, faire monter en puissance notre production, notre capacité de stockage et accroître notre effectif d’accueil en CDD d’insertion via une équation globale équilibrée » annonce Alexandra Delprat, consciente que les préoccupations environnementales gagnent du terrain au sein des ménages et que les jeux et jouets ne font pas exception à cette règle.