C’est en 2010 que la Commission Européenne décide de créer un prix annuel, celui de « Capitale verte de l’Europe » afin d’encourager les grandes métropoles du vieux continent à se saisir de la question environnementale. Ce prix récompense donc les villes qui s’engagent sur des objectifs ambitieux – sur le long-terme – et qui peuvent surtout servir d’exemple et de modèles réplicables pour d’autres. Une initiative qui vise symboliquement à renforcer le rôle des métropoles dans la lutte contre le changement climatique et qui compléter d’autres dispositifs comme, par exemple, l’organisation C40.
En France, Nantes sera élue capitale verte européenne en 2013. D’autres villes comme Vitoria-Gasteiz en Espagne, Essen et Hambourg en Allemagne, Nimègue en Belgique ou encore Oslo et Ljubljana seront récompensées. Mais en 2010, c’est Stockholm, capitale de la Suède, qui sera élue première Capitale verte européenne. Retour sur les différents éléments qui ont permis à cette métropole de presque un million d’habitants de devenir le premier modèle de ville durable en Europe.
Stockholm, une capitale résolument verte
Stockholm est une ville construite sur 14 iles, à l’endroit ou le lac Mälar rencontre la mer baltique. Surnommée la « Venise du Nord », la configuration de la ville est sans doute à l’origine de sa vocation à inclure la nature dans son plan d’urbanisme. Aujourd’hui, on estime qu’environ 95% des habitants de Stockholm vivent à moins de 300 mètres d’espaces verts.
Il existe en effet une centaine de parcs dans le centre, dont 60 sur l’île de Södermalm. Stockholm est aussi la première capitale au monde à disposer d’un parc national en ville, qui s’étend sur 27 km². Et la commune abrite également 7 réserves naturelles. En fait, c’est environ 40 % de la ville qui est constitué de parcs et d’espaces verts. Un véritable avantage en matière d’inclusion de la biodiversité dans les espaces urbains et qui a joué en faveur de la capitale suédoise.
Réduction des émissions de CO2 : des efforts exemplaires
Les deux principaux secteurs qui participent le plus aux émissions de CO2 sont le transport et le chauffage. Ce sont les deux grandes priorités à traiter en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Et ce sont précisément sur ces deux aspects que la ville de Stockholm a su agir.
Les émissions de gaz à effet de serre par habitant y ont en effet diminué de 25% depuis 1990. Et elles sont aujourd’hui inférieures de 50% à la moyenne nationale. Pour cela, la municipalité a d’abord travaillé sur la réduction du trafic routier et le développement des alternatives à la voiture individuelle. C’est notamment par l’instauration d’un péage urbain qui restreint l’accès du centre-ville aux automobiles que cela s’est opéré. Mis en place en Août 2007 après un référendum et un test d’un an, il a permis d’accroître la fréquentation des transports en commun. Aujourd’hui, presque 80% des habitants de Stockholm se déplacent en transports publics. Sachant d’ailleurs que leurs bus roulent au biogaz. Par ailleurs, la capitale Suédoise compte également 760 km de pistes cyclables.
Ensuite, la ville a également sur travailler sur l’efficacité énergétique des bâtiments, avec un réseau de chauffage centralisé et en phase avec les principes de l’économie circulaire. La ville de Stockholm possède ainsi un système avancé de collecte souterraine des déchets. Il s’agit d’un système développé par l’entreprise ENVAC et qui se base sur le fonctionnement des pneumatiques. Un peu comme l’Hyperloop, finalement. Ce réseau souterrain permet de collecter facilement les déchets des Stockholmois et d’en faciliter la valorisation énergétique.
À Stockholm, ce sont donc 73 % des déchets ménagers qui sont incinérés en vue d’une valorisation énergétique (et seulement 27 % qui sont recyclés ou compostés). Près de 70 % de la population est raccordée au réseau de chauffage dont la chaleur provient des usines et de l’incinération des déchets.
Le saviez-vous : la Conférence de Stockholm, naissance du Développement Durable
Du 5 au 16 Juin 1972, Stockholm accueille la 1ère conférence des Nations Unies sur le Climat. Appelée Conférence des Nations unies sur l’Environnement humain (CNUEH), puis, conférence de Stockholm, il s’agit d’un évènement historique : c’est à cette occasion qu’a été reconnu pour la première fois par l’ONU la nécessité de gérer au mieux les ressources non-renouvelables, de protéger l’environnement et de mettre en place des systèmes de gouvernance nationaux et internationaux sur ces sujets.
C’est aussi sur la base de cette conférence que Madame Gro Harlem Bruntland – Première Ministre de la Norvège – rend à l’ONU un rapport intitulé “Notre Terre à tous” en 1987, dans lequel la définition du Développement Durable apparaîtra officiellement pour la première fois.
Hammarby Sjöstad, un exemple d’éco-quartier
L’éco-quartier d’Hammarby Sjöstad est un exemple de ce que les villes durables seront amenées à produire dans les années qui viennent. Ce quartier présente ainsi une approche cyclique et intégrée de différentes solutions environnementales. Prévu pour héberger 25 000 personnes, il est construit sur une ancienne zone industrielle.
Cet éco-quartier qui fait la taille d’une petite ville s’appuie ainsi sur l’utilisation de la cogénération, par exemple. C’est à dire l’alimentation du réseau de chaleur urbain et production d’électricité réalisé à partir de biocombustibles et de déchets industriels et ménagers. Un mécanisme réalisé sur des bâtiments neufs, de haute qualité environnementale, à faible consommation énergétique.
Par ailleurs, les biodéchets provenant des ménages du quartier sont compostés et ceux provenant des restaurants sont transformés en biogaz purifié pour l’alimentation du réseau de bus de transport en commun ou pour l’injection dans le réseau de gaz du quartier durable. Enfin, ce quartier s’appuie également sur la centrale d’Hammarby, qui est la plus grande installation de pompe à chaleur au monde, capable de produire du chauffage ou de la climatisation à partir d’eaux usées traitées.
Stockholm explique donc son titre de première capitale verte européenne par des mesures fortes et innovantes en matière de transport, d’énergie et de gestion des espaces verts. Trois piliers que l’on retrouve dans d’autres villes nordiques, à l’image d’Oslo ou de Copenhague, véritables modèles de villes vertes et durables.