Créé en juillet 2020, le Pôle innovation durable de Nature & Découvertes acte la stratégie de l’entreprise de se tourner vers une amélioration continue de ses produits et de transformer son offre dans une logique de développement durable. Deux ans après son lancement, on fait le point sur la méthodologie, les objectifs et les premiers résultats de ce modèle avec Valérie Virassamy, qui assure la direction de cette entité depuis sa création.
Les Horizons : Valérie Virassamy, pouvez-vous nous (re)présenter rapidement Nature & Découvertes ?
Valérie Virassamy : Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, Nature & Découvertes est une entreprise française fondée en 1990. Son modèle est inspiré d’un concept américain, The Nature Company. L’idée de départ était de proposer un oasis de nature au cœur des villes grâce à une expérience unique en magasin ainsi qu’une identité visuelle originale, et de proposer des produits en lien avec la nature et l’environnement. Il existe actuellement 90 magasins en France, avec une présence également en Belgique, au Luxembourg, en Suisse et plus récemment en Espagne et au Portugal. Notre entreprise a été rachetée en 2019 par le Groupe Fnac Darty, ce qui a débouché, entre autres, sur une logique de shop in shop dans les magasins Fnac.
Expliquez-nous votre rôle au sein de l’entreprise ?
La raison d’être de Nature & Découvertes est d’offrir des solutions concrètes à tous ceux qui veulent changer leur mode de vie, pour une écologie de la Terre, du corps et de l’esprit. Le Pôle Innovation Durable, que je dirige, a été récemment créé afin de s’inscrire dans cette raison d’être et de pousser la logique encore plus loin, puisque notre mission est de travailler sur la durabilité, la réduction d’impact ou encore la circularité de nos produits.
Avec cette organisation, nous souhaitons inscrire l’entreprise dans un modèle de consommation plus responsable. Aujourd’hui l’impact majeur d’une entreprise telle que la nôtre se situe avant tout sur l’offre de produits, et en particulier sur la production de ces produits. Le Pôle Innovation Durable que nous avons créé a donc pour vocation de transformer cette offre de manière concrète pour aller vers moins d’impact tout en embarquant nos fournisseurs dans ce cadre. Nous essayons de contribuer à une offre de produits raisonnés.
Comment est organisé ce Pôle innovation Durable ?
Le Pôle a été créé il y a deux ans. Il est constitué de plusieurs petites équipes. Une première équipe de trois personnes est en charge de développer et d’optimiser les packagings pour les produits de la marque Nature & Découvertes. Leur objectif est de réduire les déchets issus des emballages et d’utiliser davantage de matériaux moins émetteurs. Ensuite, deux personnes sont chargées des aspects réglementaire et conformité, car Nature & Découvertes est metteur sur le marché pour sa propre marque. Nous avons une personne qui travaille au SAV dans l’optique d’une amélioration continue des produits et du suivi de la qualité. Une personne est responsable de la durabilité des produits, et permet une meilleure visibilité ainsi qu’une meilleure accessibilité des pièces détachées afin d’améliorer la réparabilité de nos gammes. En parallèle, deux chefs de projets assurent le suivi des 27 critères durables définis en amont dans le but de réduire l’impact de l’offre globale de la marque. Enfin de manière transverse, nous avons intensifié la communication auprès de nos consommateurs afin qu’ils fassent le meilleur usage possible de nos produits dans le temps.
Quels référentiels ou méthodologies suivez-vous ?
Nous avons été accompagnés par le cabinet Carbone4 pour identifier nos impacts et les axes de progression. Des solutions opérationnelles ont été déployées par la suite pour embarquer nos chefs de produits afin d’identifier des leviers de manière tangible, comme par exemple le choix de certains matériaux ou la relocalisation de certains sourcing de produits.
Parmi les 27 critères durables, nous avons par exemple plusieurs exigences sur la qualité, la traçabilité et la localisation de nos matériaux. Notre offre de produits en bois de la catégorie jeux / jouets, par exemple, est passée de 36% de bois labellisé FSC en 2021 à 50% pour cette année. Nous procédons de la même manière sur les minéraux, l’alimentaire, les cosmétiques et toutes les autres gammes.
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Et vous intervenez sur l’ensemble de la chaîne, du sourcing jusqu’à la circularité ?
Tout à fait. Nous avons par exemple des partenariats avec l’entreprise Comerso pour la gestion de nos invendus alimentaires et non-alimentaires. Récemment, nous avons aussi mis en ligne des produits d’occasion reconditionnés. Les premiers ont été des lunettes et télescopes d’observation. Pour le moment, ces produits reconditionnés sont proposés dans le parcours client classique. Un onglet dédié sur le site devrait ouvrir, à terme, lorsque les gammes de produits d’occasion seront plus étoffées.
Comment travaillez-vous avec les autres entités en interne ?
La réduction de l’impact au travers de la transformation de l’offre et l’usage des matériaux moins émissifs est érigée en objectif majeur de l’entreprise. Nous avons ainsi identifié, pour chaque univers, les produits sur lesquels travailler en priorité ainsi que les leviers à disposition pour agir sur ces sujets de réduction. Nous travaillons main dans la main avec la R&D et les chefs de produits sur ces sujets car ces derniers ont une parfaite connaissance de leur sourcing, des matières utilisées, etc. La clé c’est le travail collaboratif en interne.
Les solutions apportées viennent-elles impacter la marge finale des produits, et donc in fine celle des magasins ?
Les questions de coûts sont bien entendu une réalité. Pour avoir été directrice de magasin puis chef de produit avant de piloter l’innovation durable, je connais les contraintes économiques de tous les métiers concernés. Aujourd’hui, même si les matériaux les moins émissifs en carbone sont encore plus chers, les écarts de prix se réduisent petit à petit au fur et à mesure que le monde de l’industrie se met en transition et que la demande pour des produits durables augmente. C’est donc plus facile d’aller sur ce type de sourcing maintenant qu’il y a quelques années.
Comment sont arbitrés ces sujets en interne ?
Ces sujets sont portés et partagés en interne et la concertation est permanente. Il y a des arbitrages qui sont fait ensuite. Nous avons récemment eu le cas avec un terrarium qui ne respectait pas les critères durables sur un des matériaux. La décision finale de retirer le produit du catalogue a été prise en comité de direction car il faut que les choses soient claires : aujourd’hui c’est la transformation de notre offre qui est prioritaire.