Créée en juillet 2021 par Thibaud Thomé et Adrien Goxe, Rutile.bike est une entreprise lyonnaise qui commence à se faire une place dans le tout jeune secteur du vélo électrique reconditionné. Après les avoir repris puis les avoir soumis à toute une batterie de contrôles et de tests, la start up propose des modèles haut de gamme reconditionnés à des prix abordables. Les débuts sont très encourageants, et l’équipe de Rutile.bike lance une levée de fonds qu’elle espère conclure début 2024 afin d’accélérer.
Le marché du vélo électrique s’envole
Le vélo électrique a semble-t-il enfin trouvé son public. Sa praticité, son efficacité, son faible impact écologique et les progrès des constructeurs pour développer de nouvelles gammes (vélos cargos, vélos pliables…) ont démocratisé les usages et ont permis son adoption. Les ventes décollent enfin : 738 454 vélos à assistance électrique (VAE) ont été vendus en France en 2022 selon l’Union Sport & Cycle, en augmentation de 12% par rapport à 2021 et de 45% par rapport à 2020. En comparaison, les ventes de vélos traditionnels sont en recul de 13% entre 2021 et 2022. Les VAE représentent désormais 28% des ventes du marché du vélo, et pèsent pour plus de la moitié de la valeur totale du marché des vélos avec quasi 1,5 milliard d’euros de CA généré en 2022 (accessoires compris).
Et comme dans de nombreux autres secteurs, le marché de la seconde main se met lui aussi doucement en place dans le sillage des ventes du neuf. “Les VAE ont vraiment le vent en poupe, mais pas seulement le marché du neuf. Quand on regarde les intentions d’achat, on voit que près de la moitié des sondés envisagent l’acquisition d’un VAE d’occasion ou reconditionné, principalement pour des raisons économiques mais aussi écologiques« , explique Adrien Goxe.
Un prix qui est encore un frein
Le prix d’achat moyen d’un VAE se situe autour des 2 000€. C’est un premier frein. Par ailleurs, il y a encore peu, seule la revente de particulier à particulier était opérationnelle sur le segment des vélos électriques. Avec des questions suivantes comme : qu’en est-il de l’entretien, la batterie est-elle encore viable, est-ce un vélo volé etc. A ce prix là, il est préférable d’être rassuré sur ces questions.
C’est donc en faisant ces constats que Thibaud Thomé flaire la bonne idée et va embarquer Adrien Goxe dans l’aventure de la seconde main pour VAE, à l’instar d’autres start up comme Loewi ou Upway, qui dynamisent le secteur. « Nous avons développé un outil de reprise des VAE qui a été financé par une bourse French Tech. Il est aujourd’hui dans plus de 700 boutiques spécialisées et permet en quelques secondes de calculer le prix de reprise du VAE d’un particulier ».
Une fois la transaction effectuée, cette entreprise de l’économie sociale et solidaire récupère le vélo et le remet à neuf dans son atelier du Grand Plateau à Villeurbanne près de Lyon. “Nous reprenons exclusivement des vélos premium qui, neufs, valent au moins 3 000€. C’est un choix volontaire pour être certains que ces équipements puissent durer sur le long terme… Nos techniciens inspectent 40 points de contrôle avant de leur donner une seconde vie. Une fois ces changements effectués, nous le vendons, en ligne ou dans notre showroom, entre 20 et 50% moins cher que le prix d’origine” poursuit Thibaud.
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Une seconde vie pour les VAE
Outre ces vélos reconditionnés, Rutile.bike propose également une gamme dite seconde chance, des vélos neufs avec des défauts de peinture par exemple, ou qui ont servi lors de démonstrations. Les deux fondateurs assurent qu’avec ces deux offres, l’entreprise est “sur une très bonne dynamique” avec plus de 300 vélos vendus pour un chiffre d’affaires de 600 000€. Ils travaillent même actuellement sur une levée de fonds pour 2024, avec comme objectif d’atteindre les 900 VAE vendus et 2 millions d’euros de CA à la fin de l’année prochaine. Cela s’accompagnera par l’ouverture de plusieurs agences un peu partout en France pour pouvoir tester les vélos.
Seule ombre au tableau qui persistait jusqu’ici, le reconditionné pour les VAE était encore dans l’angle mort des mesures gouvernementales. Le Gouvernement a annoncé en mai dernier dans le cadre du Plan Vélo, le déblocage d’un budget de 100 millions d’euros pour aider au développement de la filière notamment par le financement des réparations. Les acteurs du marché – et les particuliers – espèrent désormais que leurs vélos soient aussi éligibles aux aides de l’État qui permettent de financer l’achat d’un VAE neuf.