Paradoxalement, consommer local s’avère souvent bien plus compliqué que se nourrir de produits cultivés à l’autre bout du monde. Bien qu’il y ait dans les circuits-courts un modèle de consommation durable, la fragmentation des producteurs locaux et leur faible présence dans les supermarchés suppose, pour les consommateurs, de s’organiser et de multiplier les déplacements pour bien se nourrir.

Pour contrer ce frein organisationnel et permettre à ceux qui le souhaitent d’allier praticité et consommation de proximité, certaines plateformes en ligne se développent depuis une dizaine d’années afin de permettre aux consommateurs de commander toute sorte de produits locaux et de récupérer leur panier dans un unique point de distribution. C’est par exemple le cas des marques historiques La Ruche qui dit Oui, Potager City ou encore de la plateforme Locavor.

Et ce modèle fait ses preuves ! Désormais, de plus en plus de consommateurs se tournent vers cette offre locale et cette tendance est encore plus nette depuis le début de la crise sanitaire. Selon Grégoire de Tilly, président de la Ruche qui dit Oui, durant le confinement, l’entreprise a ainsi « enregistré une hausse de 70% de son chiffre d’affaire et une augmentation de 30% du panier moyen ».

Une situation qui met en évidence un nouveau mode de consommation : le locavorisme, mouvement prônant la consommation de nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum autour de son domicile. Et c’est pour accompagner ce mode de consommation que la plateforme locavor.fr a été créée en 2013.


Faciliter les circuits-courts entre les consommateurs et les producteurs locaux

Locavor est une plateforme en ligne qui permet aux consommateurs désireux de s’engager dans une alimentation saine en circuit-court d’accéder à des produits de saison auprès des producteurs et artisans locaux.

Après avoir rejoint la communauté locavor la plus proche de chez eux, les consommateurs ont accès en ligne à une sélection de produits frais et locaux. Ils peuvent alors commander et récupérer leurs produits chaque semaine dans un point de distribution voisin. La plateforme propose aussi un annuaire de producteurs et artisans afin de permettre aux consommateurs de découvrir la diversité des offres de leur région.

Locavor.fr a été réalisé en 2013 par Benoît Gervais. En mai 2014, le premier locavor a avoir vu le jour s’est installé à Mâcon puis s’en est suivi un autre en juin de la même année dans la ville de Pau. Aujourd’hui, c’est pas loin de 200 locavors qui sont disponibles dans nos régions françaises. Un maillage intéressant pour démocratiser ce mode de consommation.

En 2015, après avoir été incubé par Premice, l’incubateur d’entreprises innovantes de Bourgogne, l’entreprise a reçu la labellisation FrenchTech Innovation par BPI France ce qui lui permet de rester un acteur indépendant dans le domaine des circuits-courts.


Les nombreux avantages de la consommation en circuit-court

Favoriser les circuits-courts et les produits de saison permet de s’inscrire dans une démarche écologique. En effet, selon une étude de l’Ademe réalisée en 2007, alors que les fruits et légumes importés induisent une consommation de près de 250 000 tonnes équivalent pétrole et les émissions de près de 1 000 000 tonnes équivalent CO2, 63% de ces fruits et légumes sont hors saison.

Ils sont donc responsables de 58% de la consommation d’énergie et de 53% des émissions de GES du transport des fruits et légumes importés en France. Ainsi, consommer un fruit de saison pourrait permettre de réduire de 3 à 15 fois les impacts environnementaux du transport.

Les circuits de proximité, modèle proposé par Locavor, est également un moyen de réduire le gaspillage puisque grâce aux commandes, les producteurs et artisans mettent à disposition des consommateurs les quantités juste nécessaires au contraire des supermarchés qui, ne pouvant pas estimer la demande à la quantité près, réalisent chaque jour de nombreuses pertes.

Enfin, en fonctionnant en circuit-court, ce mode de consommation réduit les intermédiaires et garantit donc aux producteurs d’être davantage rémunérés au juste prix. En plus de cette juste rémunération, le locavorisme leur permet de sortir de la monoculture grâce à une demande plus conséquente et diversifiée qui vient offrir à leurs produits de nouveaux débouchés. C’est aussi un levier pour maintenir les populations sur le territoire en redynamisant les échanges de proximité, vecteur de lien social.

À lire sur le même sujet