En France, on estime que l’éclairage nocturne consomme autant d’électricité que 750 000 ménages, c’est-à-dire la consommation électrique annuelle d’une ville comme Marseille. Pour lutter contre cette pollution lumineuse et ce gaspillage d’électricité, Ardjo Shahadat, product designer/manager indépendant et Florian Gauthier, de l’ONG Bayes Impact viennent de lancer une plateforme pour sensibiliser les commerçants à éteindre leurs lumières la nuit.

L’éclairage nocturne des bureaux, des façades de maisons et des magasins est une pratique interdite par la loi. L’arrêté du 25 janvier 2013, qui encadre la durée de fonctionnement de ces installations, précise bien qu’elles doivent éteindre leurs éclairages la nuit entre 1h et 7h du matin. Pour les commerces, la loi stipule ainsi que les vitrines de magasin ou d’exposition doivent être éteintes « au plus tard à 1 heure du matin ou 1 heure après la cessation de l’activité. Elles peuvent être rallumées à partir de 7 heures du matin ou 1 heure avant le début de l’activité si celle-ci s’exerce plus tôt ».

Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela. D’abord, il s’agit d’une mesure pour lutter contre le gaspillage de l’électricité. Personne ne laisserait un robinet d’eau allumé toute la nuit, alors pourquoi le faire avec les lumières des magasins ? En outre, pour les commerçants, couper la lumière la nuit permet aussi de réduire les coûts d’électricité, ce qui n’est pas anodin. Beaucoup de commerçants estiment que le fait de conserver un éclairage allumé réduit les risques de cambriolage. Il n’existe cependant aucune étude qui viendrait corroborer ce fait.

Reste qu’on estime qu’il y a chaque nuit 4 millions de commerces qui sont éclairés la nuit en France. Et dans un contexte de crise énergétique mais aussi de crise climatique, la plateforme Lightsoff portée par l’ONG Bayes Impact propose une réponse citoyenne à ce sujet afin d’encourager les magasins à respecter la loi.


Faciliter le dialogue entre citoyens engagés et commerçants

Lightsoff.fr est un projet communautaire dont la vocation est d’être pris en main et maintenu par les citoyens. La plateforme a été développée par Ardjo Shahadat, product designer/manager indépendant et Florian Gauthier, Chief Product Officer de Bayes Impact, ainsi que par des dizaines de bénévoles.

Concrètement, elle fonctionne en permettant aux citoyens d’identifier les magasins qui laissent leurs magasins allumés la nuit. 3 options se présentent ensuite aux utilisateurs : appeler le commerçant directement, demander à l’ONG de le contacter où lui laisser un commentaire pré-rédigé sur google maps.

Une méthode de dialogue directe entre les citoyens et les commerçants qui peut surprendre sur le fond, mais qui répond aussi à une demande. “Nous avons réalisé que beaucoup de commerçants n’étaient pas conscients du gaspillage d’énergie qu’ils pouvaient éviter en éteignant le soir, et qu’un dialogue bienveillant pouvait faire la différence. L’ambition de Lightsoff.fr est de rendre ce dialogue accessible à tous afin d’économiser un maximum d’énergie et d’éviter les coupures cet hiver” précise ainsi Florian Gauthier, de l’ONG Bayes Impact.

L’ONG précise également que le recours aux commentaires google maps a été testée sur une centaine de commerces et s’est révélée efficace car les magasins n’ont pas toujours d’email ou ne les consultent pas souvent, contrairement à leur profil google maps qui représente pour eux un enjeu de visibilité très fort.

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La pollution lumineuse, un perturbateur endocrinien

La pollution lumineuse, c’est-à-dire le fait de disposer de trop de sources de lumière artificielle dans un lieu, peut perturber l’environnement naturel et avoir des conséquences néfastes sur la santé des êtres vivants.

Pour la biodiversité, c’est un problème majeur. La lumière artificielle peut perturber les comportements et les activités des animaux, en particulier ceux qui se déplacent de nuit, comme les oiseaux migrateurs, les chauves-souris ou les insectes pollinisateurs. Elle peut aussi perturber la communication entre les animaux, par exemple en empêchant les mâles de se repérer pour trouver les femelles. Des troubles qui peuvent avoir un impact sur la biodiversité en perturbant l’équilibre des écosystèmes. Par exemple, si les animaux ne parviennent pas à se déplacer ou à se nourrir normalement, cela peut entraîner des perturbations dans les chaînes alimentaires et affaiblir certaines espèces.

Mais la lumière artificielle peut également avoir des effets sur la santé humaine puisqu’elle perturbe aussi nos cycles de sommeil. L’Académie de Médecine recommande d’ailleurs de placer la pollution lumineuse dans la catégorie des perturbateurs endocriniens.