Les trains autonomes, également appelés trains sans conducteur ou trains automatisés, présentent plusieurs avantages potentiels en matière d’efficacité : on les imagine ponctuels, on sait aussi qu’ils peuvent faciliter la fluidité et augmenter la capacité du trafic. Ils permettraient également d’apporter une solution sur des lignes peu empruntées et jugées peu rentables.
En parallèle, on sait que le secteur des transports représente le premier poste d’émission de gaz à effet de serre en France – plus d’un tiers de nos émissions de CO2 – dont la moitié provient des voitures individuelles. Or, pour réduire la dépendance à la voiture individuelle, il s’avère nécessaire de développer des alternatives bas-carbone et le train en fait partie.
Ces raisons amènent aujourd’hui les professionnels du rail à regarder de près les possibilités d’automatisation du rail, tel que cela se fait déjà pour les métros. Dès 2018, la SNCF a, par exemple, créé deux consortiums pour développer des modèles de trains autonomes. L’un pour le Fret, développé par Alstom, Altran, Hitachi et Apsys. L’autre pour le transport de voyageurs, développé par Bombardier, Bosch, Spirops et Thales. L’objectif est de maîtriser l’autonomie complète en 2023.
Lire aussi : le prix, levier privilégié pour l’attractivité des transports en commun ?
De premiers essais concluants de la part d’Alstom
Sur ce sujet, l’entreprise française Alstom explique avoir récemment « fait la démonstration du plus haut niveau d’automatisation sur une locomotive de manœuvre près de Breda, aux Pays-Bas« . En association avec la compagnie ferroviaire belge Lineas et l’entreprise néerlandaise ProRail, Alstom a effectué des tests avec une locomotive « confrontée à divers obstacles (une personne, une voiture, un wagon et un aiguillage mal positionné) », confirmant que la locomotive « a réagi de manière entièrement autonome et sans l’intervention de personnel actif à bord« .
En France, Alstom réalise également des essais avec la SNCF sur des TER. Au mois de Mai de cette année, leur locomotive de test a ainsi parcouru trente fois 700 mètres en une journée, avec des pointes à 25 km/h, afin de tester les capacités de freinage ainsi que l’automatisation de l’accélération de la rame. Déjà, en octobre 2020, une locomotive Prima BB 27000 a circulé en autonomie partielle sur le réseau ferré national entre Longwy et Longuyon, dans l’Est de la France. Un trajet réussi sous la surveillance d’un conducteur.
Aujourd’hui, les industriels poursuivent leurs travaux afin de développer les différentes fonctions nécessaires à l’autonomie complète telles que la détection d’obstacles et la surveillance de l’environnement. Ils espèrent faire circuler un prototype en autonomie complète en 2023.
Des startups planchent également sur le sujet
À côté de ces travaux prometteurs réalisés par les industriels français et européens, il existe également de nombreuses startups qui travaillent sur ces sujets. C’est par exemple le cas du projet Taxirail. Lancé en 2017, il vise à mettre sur pied de petits wagons au design futuriste qui pourront circuler de manière autonome à une vitesse maximale allant jusqu’à 100 km/h sur les lignes ferroviaires. Dotée d’un très haut-niveau d’autonomie, le Taxirail serait formé de 3 modules de 6 mètres de long et servirait à automatiser les trajets sur des lignes ferroviaires peu fréquentées. Basée en Bretagne, l’entreprise vise les lignes Morlaix-Roscoff, Auray-Quiberon, Carhaix-Guingamp-Paimpol, ou encore Saint Brieux-Loudéac-Pontivy pour faire la démonstration de son projet, dont le but ultime consiste à dynamiser les territoires ruraux. La mise en service des premiers modules pourrait être effective d’ici 2025.
Dans la même lignée, quoique davantage portée sur des trajets au sein des métropoles, le projet UrbanLoop se développe également à grande vitesse. Il a pour objet de connecter les métropoles à leurs communes périphériques grâce à des « capsules » installées sur des rails et automatisées pour aller d’un point A à un point B. Une sorte de mélange entre un métro et un hyperloop. En plus futuriste – et sans doute plus utopiste – on peut également signaler l’étrange projet français du SpaceTrain, sorte de remise à neuf du projet d’Aérotrain abandonné dans les années 1970.
Des innovations qui démontrent un certain dynamisme autour du transport ferroviaire et qui – si la conduite autonome tient ses promesses – pourrait permettre de dynamiser les petites lignes ferroviaires et les liaisons entre les métropoles et leurs villes périphériques afin de réduire l’usage de la voiture individuelle.