La charrette est une startup créée en 2017 par deux soeurs : Laura et Marie Giachero. « Nous avons un mode de vie écolo et responsable. En tant que consommatrices, acheter local était parfois trop contraignant » confient-elles. Un constat qui les amène à s’intéresser aux freins qui empêchent les circuits-courts de se développer davantage.

Accompagnées de Gwenaëlle Raton, chercheuse à l’IFSTTAR (Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux), elles s’aperçoivent que la logistique est l’un des principaux freins au développement de ce concept.

En effet, chaque producteur, s’il veut vendre en circuit-court, doit multiplier les livraisons de petites quantités de produits. Une opération qui prend du temps aux exploitants (souvent un frein au développement de la pratique) et qui pousse aussi à une augmentation des prix pour rentabiliser le coût de ces multiples transports. Sans oublier qu’à très grande échelle, des centaines de producteurs se déplaçant chez des milliers de consommateurs a également un coût écologique en matière d’émissions de CO2.

charrette


Le « blablacar » des produits locaux

Le principe de La Charrette est donc de proposer aux producteurs un service de colivraison. Un producteur peut en profiter pour effectuer les livraisons de ses collègues, ou proposer à un autre exploitant de livrer pour lui. Un système gagnant-gagnant qui permet d’optimiser le temps de livraison des produits locaux et qui en réduit également le coût écologique. « C’est en quelque sorte le blablacar des produits locaux » précise Laura Giachero.

Une offre plein de bon sens mais pas aussi évidente à mettre en oeuvre qu’on pourrait le penser. Les soeurs ont notamment du faire face aux contraintes des producteurs. En particulier l’envie pour eux de conserver un lien direct avec leurs clients. L’entreprise a aussi mis en place un travail de sourcing permettant de faire connaître tous les acteurs locaux (producteurs, professionnels de l’alimentation, intermédiaires) pour accroître les relations et se positionner en « facilitateur d’échanges ». Elle fait également appel à un réseau de transporteurs professionnels pour assurer les livraisons en toute circonstance.

Présente dans les régions Rhône-Alpes, PACA, Occitanie, Bretagne et Hauts de France, La Charrette compte aujourd’hui plus de 1000 producteurs inscrits, dont la moitié est très investie dans la colivraison. « Nous essayons de faire bien donc on se développe petit à petit en restant en contact avec tous nos partenaires ». Mais les deux soeurs ont également lancé un nouveau service pour accroître leur développement : la bourse de fret.


Permettre aux producteurs de toucher davantage de monde

L’idée de cette bourse de Fret est d’étendre le développement des circuits-courts en mettant en relation des producteurs avec des intermédiaires tels que des AMAP, des collectivités ou des Marketplace. Une opportunité pour l’ensemble de ces acteurs locaux d’être mis en relation avec davantage de producteurs, mais aussi de bénéficier de cette mutualisation des livraisons.

Pour mettre en place ce système logistique, le modèle économique de la startup fonctionne à la commission sur les transports. Pour la colivraison, la commission est de 15% – en moyenne 3€ par livraison. En partenariat avec Groupama, les frais d’assurances sont compris. En ce qui concerne la bourse de fret, la commission s’élève à 10% et l’assurance est payée par le transporteur.

Dans les mois qui viennent, les fondatrices de La Charrette espèrent développer davantage leur concept et, si possible, toucher la grande distribution. De premiers contacts sont engagés avec plusieurs enseignes (Leclerc, Biocoop) et l’actualité récente – avec la crise sanitaire du Covid-19 – pourrait encore accélérer ces échanges entre producteurs français et enseignes de distribution.

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