Karibati met à disposition des acteurs de la construction son expertise sur les matériaux biosourcés. Créée en 2015, la SCOP de 7 salariés se présente comme un accompagnateur et un conseiller sur trois phases de la chaine de valeur de la construction durable.
L’objectif principal de la société est donc de faire monter en compétence ces filières qui favorisent la décarbonation du secteur de la construction, un secteur qui à lui seul produit plus de 200 millions de tonnes de déchets. Si de nombreuses solutions existent pour revaloriser ces déchets et leur assurer une fin de vie respectueuse de l’environnement, la solution clé reste tout de même celle de l’utilisation des matières naturelles, biosourcées ou géosourcées.
D’un point de vue environnemental, cette alternative est bénéfique sur plusieurs points, à savoir sur le stockage de carbone en comparaison des produits minéraux qui eux le rejettent, mais aussi sur la production qui s’opère localement ainsi que sur le réemploi. De plus, leurs propriétés techniques répondent correctement aux exigences thermiques et acoustiques du BTP, ce qui permet ainsi une économie des coûts énergétiques.
Mais recourir à ces matériaux naturels peut paraître compliqué, même pour les professionnels du BTP et de l’immobilier. C’est pour cela que Karibati s’engage au côté de ces acteurs en les orientant au mieux dans la réalisation de leurs projets.
Découvrez ici notre dossier thématique sur l’essor des matériaux biosourcés
Implanter le biosourcé dans les territoires
Pour commencer, Karibati intervient en amont de la conception, c’est-à-dire auprès des territoires et des coopératives agricoles dans le but de structurer la filière du biosourcé. Le rôle de la société est d’orienter ces acteurs sur les bonnes démarches à adopter, de définir les possibles ressources présentes dans une région et d’établir des plans d’action pour les exploiter. Cela consiste notamment à trouver des solutions pour les coopératives agricoles qui cherchent à revaloriser leurs co-produits ou déchets agricoles ou encore à caractériser le marché dans lequel ils peuvent s’insérer.
Ensuite, l’entreprise accompagne les régions, notamment les DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) ou les PNR (Parcs Naturels Régionaux) sur la structuration de filières. « Nous favorisons la concertation entre les acteurs en essayant de les réunir et de voir les maillages qu’il manque sur le territoire. Nous pouvons aussi agir sur des pistes de développement et nous mettre en relation avec des laboratoires qui font des essais pour mieux caractériser la matière première et voir vers quelles applications elle peut aller« , nous explique Marion Chirat, l’une des 5 co-fondateurs de la structure.
Un label pour la certification des produits
Karibati propose donc ses services pour un deuxième secteur, celui de la production des matériaux de construction. Ce maillon de la chaine de valeur correspond aux fabricants dont l’objectif est de développer leurs propres produits biosourcés ou de les transformer en produits à base de matières végétales lorsqu’ils ne le sont pas. « Nous les aidons sur du sourcing, pour savoir quelles matières existent et ce que ça peut apporter comme propriétés à leurs projets, et aussi les mettre en relation avec des labos« , précise Marion Chirat.
Cela passe également par la mise sur le marché des produits, notamment pour les industriels qui s’insèrent dans ce secteur. Il s’agit donc de les aider dans leurs démarches liées aux réglementations sur l’impact carbone des bâtiments via les ACV par exemple. C’est d’ailleurs dans ce cadre que Karibati a développé aKacia, un outil de configuration des données d’impact carbone pour faciliter la réalisation d’analyses de cycle de vie ou de FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire), que ce soit pour les fabricants ou les bureaux d’étude.
Mais encore faut-il prouver que les matériaux produits soient réellement biosourcés et qu’ils ne constituent pas seulement une part minime d’éléments naturels. La SCOP intervient justement sur ce domaine grâce à un label. « Pour les fabricants de produits biosourcés, nous avons aussi développé depuis quelques années le ‘Label Produit Biosourcé’. Selon nous, il y avait un vide dans la définition normative de ce qu’est un matériau biosourcé puisqu’on dit que c’est un produit qui intègre de la biomasse animale et végétale, mais il n’y avait pas de notion de minimum intégrée dans le produit. C’est-à-dire qu’il pouvait y avoir du greenwashing des industriels » ajoute l’entrepreneure.
Un concours pour mettre en avant la filière
Enfin, les services de Karibati reposent également sur l’exploitation des produits de construction. À ce stade, elle accompagne donc les maitres d’ouvrage, promoteurs ou architectes sur l’utilisation de ces matériaux dans leurs projets de bâtiment. L’un des pans de ce service agit sur la connaissance du milieu des biosourcés avec des formations dédiées aux professionnels. Ensuite, c’est un travail de conseil qui vise à déterminer quels produits sont les plus adéquats pour les projets en question car les contraintes varient d’une maison individuelle à un bâtiment plus conséquent par exemple.
L’entreprise fait également en sorte de sensibiliser à cette pratique le plus tôt possible, c’est-à-dire même auprès des étudiants via le concours Impact organisé par l’entreprise. Tous les ans, celle-ci met au défi les étudiants en architecture du pays pour réaliser un projet en y introduisant le biosourcé. « Le but c’est de sensibiliser les étudiants – qui sont les futurs prescripteurs – à l’utilisation de ces matériaux et à concevoir leurs projets déjà différemment dès l’école pour, une fois qu’ils arrivent dans les cabinets d’architectes, qu’ils aient déjà eu une vision là-dessus » conclut Marion Chirat.