« Votre argent ne financera plus le réchauffement climatique ». C’est en ces termes que Green-Got annonce sa raison d’être sur son site Internet. Cette jeune startup fondée en 2019 fait partie, avec Helios et Only One, des trois néobanques françaises qui veulent donner un coup de pied dans la fourmilière d’un secteur – la banque – décrié pour son rôle dans le développement des énergies fossiles.
En misant sur des offres en ligne, un discours qui vise en particulier les jeunes générations, un positionnement clair ainsi qu’une culture de la transparence qui détonne par rapport à l’opacité des banques traditionnelles, elles font l’actualité en ce début d’année 2021. Helios vient de lancer officiellement son service. Green-Got envisage de lancer le sien dans les prochaines semaines. Nous faisons le point sur ce projet avec Andréa Ganovelli, l’un de ses co-fondateurs.
Les Horizons : Andréa Ganovelli, Comment est né votre projet ?
Andréa Ganovelli : Green-Got, ce sont 4 co-fondateurs au départ, dont 3 qui se sont rencontrés durant leurs études en école de commerce à Grenoble. Et le point de départ, ça a été le constat – mis en valeur par les rapports de l’ONG Oxfam – que les banques traditionnelles financent et continuent de financer massivement les énergies fossiles. Et elles vont mettre du temps à fonctionner autrement puisqu’elles se sont aussi construites sur ce modèle. Il leur faudra probablement une vingtaine d’années pour changer. Et nous, chez Green-Got, on pense qu’il faut agir le plus rapidement possible.
L’autre constat qu’on a fait, c’est qu’aujourd’hui, en France, il y a quelques acteurs historiques en matière de finance responsable, comme La Nef et Le Crédit Coopératif. Mais elles s’adressent à la fois à des publics très engagés et, même si elles proposent des choses très intéressantes, elles ne sont pas très identifiées par les nouvelles générations.
Qu’est ce que vous allez proposer à vos futurs clients exactement ?
On va proposer d’abord un compte courant, qui sera adossé à des services comme un calculateur d’émissions de CO2 pour constater l’empreinte carbone de notre argent, mais aussi un système d’arrondi pour permettre, par exemple, de planter des arbres.
Ensuite, pour être plus efficace et pouvoir financer des projets intéressants en matière de transition écologique, nous allons également proposer un compte épargne assurance vie et, derrière, nous allons travailler avec des fonds labellisés GreenFin et ISR. L’objectif, ça n’est pas de récompenser les boîtes qui font des efforts, mais davantage celles qui préparent l’économie de demain et un monde plus durable. L’idée, ce sera donc d’investir dans des projets qui soutiennent le photovoltaïque, l’éolien, la protection des océans, la gestion de l’eau, l’agriculture durable, etc.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Green-Got, aujourd’hui, c’est une équipe de 12 personnes avec l’objectif de sortir notre service officiellement vers Avril-Mai. Notre objectif, c’est d’avoir 10 000 clients d’ici la fin de l’année. On a fait une levée de 400K€ en amorçage, auprès de Business Angels, ce qui nous a permis d’effectuer nos premiers recrutements. On est également accompagnés par un accélérateur de startups qui s’appelle Wilco.
On voit émerger un véritable élan dans le domaine de la finance responsable, avec l’essor des plateformes de crowdfunding et crowdequity, et maintenant les néo-banques. Comment vous vous démarquez dans cet environnement concurrentiel ?
L’impact de la finance, c’est en effet quelque chose de nouveau dont on entendait pas forcément parler il y a 4 ou 5 ans, et l’idée que notre argent, celui des particuliers, peut permettre d’accélérer la transition écologique, c’est une idée qui est entrain de prendre de l’ampleur.
Les plateformes de crowdfunding et crowdequity sont à ce sujet des outils géniaux et qui permettent de financer des projets très locaux. Mais, de notre point de vue, ça n’est pas uniquement comme ça qu’on changera les choses. La France, c’est moins de 1% des émissions de CO2 mondiales donc, même si on tombe à zéro, ça ne sera pas suffisant. Là où ça se joue, c’est en Afrique, en Inde, en Chine… Et avec notre modèle, on ne va pas forcément investir dans des projets très locaux, mais on va chercher à investir dans des projets qui peuvent avoir un impact plus global.