En analysant les investissements effectués par les 35 plus grandes banques internationales depuis les accords de Paris, le rapport Banking on Climate Change publié au printemps par différentes ONG a mis en lumière le rôle des banques – et du secteur de la finance de manière globale – dans les activités liées au réchauffement climatique.

Ainsi, avec 2 700 milliards de dollars de financements accordés aux énergies fossiles sur la période 2016-2019 (une hausse de 15% sur la période, pour un secteur responsable de 70% des émissions de GES mondiales), cette analyse montre que le monde de la finance est encore loin de peser de tout son poids pour accélérer la transition écologique.

En France, BNP Paribas, Société Générale ou encore Crédit Agricole figurent en bonne position dans ce classement des banques soutenant les énergie fossiles. Et cette inertie des banques traditionnelles face à l’urgence climatique pousse de jeunes entrepreneur.es à s’emparer de la question pour faire changer les choses. C’est notamment le pari effectué par Maeva Courtois et Julia Menayas avec Helios. Une néobanque qui promet d’investir uniquement dans des projets décarbonés.

Dans l’économie actuelle, la banque est un acteur décisif qui a la capacité de modeler ce que sera le monde de demain.

Maeva Courtois – Helios


Investir l’argent des Français.es dans des projets durables

« En tant que client, on se demande rarement où va l’argent que l’on dépose en banque… Pourtant, c’est l’un des mécanismes de base du fonctionnement des banques d’utiliser les dépôts des clients pour octroyer des prêts à des particuliers ou des entreprises. Or, aujourd’hui, on sait qu’une grande partie de notre argent sert directement à financer ces industries polluantes » précise Maeva Courtois, co-fondatrice de la jeune startup.

« Avec Helios on veut répondre à ce souci et permettre aux Français.es d’avoir une alternative. La proposition d’Helios c’est de garantir que pas un seul euro n’ira dans des entreprises ou des projets qui représentent un risque pour le climat et la biodiversité. » Les deux fondatrices connaissent bien le secteur de la finance pour avoir travaillé en banque d’investissement et dans des fonds d’investissements au début de leurs carrières. Leur souhait avec cette nouvelle banque, c’est de faire « sauter la muraille de Chine » entre les particuliers qui aspirent au changement, et un secteur bancaire qui avance timidement, et de manière relativement opaque sur ces sujets.

Et c’est justement en faisant le pari inverse, c’est à dire en misant sur la transparence, que va jouer Helios pour convaincre de son offre, sur un marché où l’on ne peut plus se prétendre « green » sans en faire la preuve.

Le coeur de cette transition vers une économie bas-carbone, au niveau financier, c’est d’apporter de la transparence.

Maeva Courtois – Helios


Des ONG pour garantir la démarche

« L’idée, c’est d’investir uniquement dans des projets et entreprises qui participent concrètement à la transition écologique : énergies renouvelables, mobilité durable, dans l’agriculture durable, les villes de demain…  » précise Maeva Courtois, « Mais pour que ça ne soit pas uniquement du marketing, on donne la possibilité à nos clients d’avoir accès à un tableau de bord qui leur permettra de voir, secteur par secteur, entreprise par entreprise, ce qui a été financé. L’idée c’est de donner accès à l’information mais aussi de la rendre digeste et accessible ».

Les 3 associés d’Helios (Maeva Courtois, Julia Menayas et Andrei Tanascu) veulent également que leurs clients puissent s’emparer de ces sujets et participer aux décisions concernant ce qu’il advient de leur argent. « On a une liste d’exclusion précise qu’on a voulu ambitieuse. On sort de notre scope d’investissement tout ce qui concerne les énergies fossiles : charbon, gaz, pétrole, gaz de schiste. Mais comme on n’a pas la mesure de toute chose, nos clients peuvent aussi proposer de mettre au vote des secteurs qu’ils souhaiteraient exclure ».

Un fonctionnement participatif qui est aussi l’ADN du projet. Helios est, dans ses statuts, une entreprise à mission. Et pour garantir que sa mission est correctement remplie, elle a mis en place un comité d’évaluation dont font partie, pour le moment, les employés de la néobanque, mais aussi Lucie Pinson, la fondatrice de l’ONG Reclaim Finance et Alexandre Poidatz de l’ONG Oxfam. À terme, les clients d’Helios pourront également faire partie de ce comité qui doit garantir la démarche de l’entreprise.

Dans un premier temps, Helios va proposer à ses clients un compte courant, avant de proposer un compte épargne. Elle vise 10 000 clients d’ici la fin de l’année pour se lancer et rejoindre les quelques banques françaises dont le fonctionnement est reconnu comme vertueux, à l’image de La Nef ou du Crédit Coopératif.

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