En 2018, le transport maritime européen a contribué au rejet d’environ 140 millions de tonnes de CO2eq dans l’atmosphère, soit l’équivalent des émissions d’un pays comme la République Tchèque (129 millions de tonnes CO2eq). Un chiffre vertigineux qui souligne l’impact du trafic maritime sur l’environnement. Et s’il n’est à l’origine que de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre à l’heure actuelle, le secteur sera responsable de 17% des émissions planétaires de GES d’ici 2050, d’après les chiffres de l’Organisation Maritime Internationale.
En effet, près de 90% du fret mondial qui circule aujourd’hui via la navigation et la tendance ne devrait pas ralentir de sitôt. La filière cherche donc des solutions pour repenser le mode de propulsion des navires. La priorité est aujourd’hui donnée à l’utilisation du GNL, ainsi qu’à d’autres alternatives comme l’hydrogène et la propulsion vélique.
En parallèle, certaines entreprises travaillent sur des innovations basées sur le biomimétisme. C’est le cas de Blue Fins, une startup hébergée par l’Ifremer, qui conçoit un foil mécanique similaire à une nageoire. C’est aussi ce que propose FinX, qui s’inspire également des mammifères marins pour proposer un moteur de bateau sans hélice.
Un moteur plus silencieux, sans hélice et non-polluant
Est-ce qu’un bateau peut, comme un poisson, avancer dans l’eau sans moteur ? C’est une question à l’origine du projet FinX, lancé en juin 2019 par Harold Guillemin. Ce que propose l’entreprise, c’est donc un moteur électrique qui actionne une membrane ondulant à une amplitude et une vitesse capable de propulser le bateau. Exactement à l’image de la nageoire caudale d’un dauphin ou du mouvement de palmes d’un plongeur.
Pour le moment, le premier moteur développé par FinX est doté d’une puissance de 2 000 W, soit celle d’un hors-bord à essence de 5 CV. Elle dispose d’une autonomie de 1h à pleine puissance, avec une recharge possible grâce à des panneaux solaires. Ici, le but n’est donc pas d’équiper des porte-conteneurs ou des vraquiers pour le commerce maritime, mais plutôt de révolutionner la navigation de plaisance avec un mode de propulsion silencieux, non-polluant et dont l’impact serait neutre sur la faune et la flore maritime.
Une navigation « beaucoup plus proche de ce que propose la nature » résume le fondateur de la jeune startup qui, pour commencer, s’adresse d’abord à des loueurs de bateaux, pour la location de bateaux sans permis. Elle souhaite cependant monter en gamme prochainement afin de pouvoir toucher d’autres marchés : les écoles de voile, les écoles de plongée, ou encore les bases nautiques.
Bientôt un moteur de hors-bord bioinspiré ?
À terme, c’est le gros du marché hors-bord que vise l’entreprise qui, dans cette dynamique, a récemment lancé le développement d’un moteur de 150 chevaux, électrique, et alimenté par une pile à hydrogène. Un concept qui pourrait être dévoilé d’ici 2 ans.
En effet, lauréate d’un appel à innovations « Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 », visant à promouvoir les mobilités vertes lors de ces évènements, la startup FinX devrait motoriser au moins 5 embarcations à cette occasion avec ce nouveau moteur baptisé Fin150. Pour cela, l’entreprise est en cours de finalisation d’une seconde levée de fonds, de 5 millions d’euros afin d’industrialiser le développement de son premier moteur et de développer le 150 chevaux.