Il est estimé à environ 5 000 milliards le nombre de particules plastiques flottant à la surface des mers. Ces particules proviennent de sacs plastiques, bouteilles, bouchons et autres objets façonnés par l’humain. Parmi ces objets, on retrouve notamment de grandes quantités de filets de pêche cassés ou usagés. Inutilisables, ils sont abandonnés en mer.
Pourtant, les filets de pêche abandonnés continuent pendant plusieurs années de piéger les poissons, tortues, oiseaux et autres mammifères marins. En outre, ils détériorent également les habitats marins. Selon un rapport des Nations unies, quelque 640 000 tonnes de filets finissent abandonnés en mer chaque année, ce qui représente près de 10% de la pollution plastique constatée dans les milieux marins et 70% des gros déchets en plastique qui flottent sur les mers.
Ce phénomène est appelé « pêche fantôme ». Il détruit mais n’apporte rien. Selon l’ONG Protection mondiale des animaux, il cause chaque année la mort d’environ 136.000 animaux : phoques, dauphins, otaries, tortues, petites baleines et autres oiseaux de mer.
De filets à skate-boards, lunettes de soleil, et luminaires
Y a t’il une possibilité aujourd’hui d’éviter cela ? La reflexion se pose sur la conception des filets. Il serait intéressant d’utiliser d’autres matériaux que le plastique. En tout cas, il semble que la possibilité de leur donner une seconde vie existe. Après tout, pourquoi pas, on parvient bien à recycler les mégots de cigarette.
Au chili, on retrouve l’exemple de l’entreprise Bureo. Une entreprise fondée par de jeunes américains fan de surf. Lavés, broyés puis fondus, ils recyclent les filets de pêche pour donner naissance à des planches de skate et des lunettes de soleil.Depuis deux ans, l’équipe a recyclé environ 50 tonnes de filets de pêche au Chili, vendu plus de 4000 skates et 2000 paires de lunettes de soleil, pour un chiffre d’affaires de plus de 500 000 dollars.
En France, on retrouve quelques projets également. En début d’année par exemple, l’association Project Rescue Ocean et l’ESMOD Lyon ont mis en place une campagne intéressante pour leurs étudiants. Afin de les sensibiliser à la mode éthique et responsable, les 120 étudiants, de première et deuxième année ont du composer des vêtements à partir de 2,5 tonnes de filets de thoniers, récupérés auprès des marin-pêcheurs de Bézier.
« Il n’y a aucune filière de recyclage qui existe pour les filets de pêche qui sont soit enfouis, soit brûlés ou envoyés à l’étranger »
Cependant, alors que la France représente la troisième pêche européenne après le Royaume-Uni et l’Espagne, il n’existe pas de filière de recyclage des filets au sein de l’hexagone. C’est donc une première solution qu’apportent les 4 associés de Fil&Fab pour résoudre ce problème.
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Fil & Fab première entreprise française à recycler les filets de pêche
Fil & Fab, c’est d’abord une association étudiante. Un projet d’études qui petit à petit se transforme en start-up. L’entreprise est d’ailleurs actuellement incubée à l’Ensta Bretagne. Mais c’est en 2015 à l’École européenne supérieure des beaux-arts que l’aventure a démarré.
Les quatre étudiants en design ont l’habitude de voir des filets sur les plages et les ports de Bretagne. Ils réflechissent donc à la manière de les recycler. En s’intéressant au sujet, ils découvrent qu’en les faisant fondre, il est possible de les réutiliser. Aujourd’hui, ils travaillent avec un centre de recherche, idcomposite, qui leur permet de tester cette matière première. Ils obtiennent de cette manière un premier sous-produit : des plaques de plastique.
C’est à partir de ces plaques que les quatre garçons ont imaginé des luminaires originaux dont la commercialisation ne saurait tarder. Chacun de ces luminaires permettra de recycler près d’un kilo de filets. Et pour préparer la suite, la jeune start-up réfléchit également à d’autres objets comme des dessous de verre.