Le changement climatique entraîne des bouleversements qui affectent directement les littoraux, en aggravant les risques naturels d’érosion et de submersion. En France, l’érosion côtière est un sujet particulièrement prégnant, dans la mesure où un quart des côtes métropolitaines est soumis à un phénomène d’érosion, et que 975 communes françaises, métropolitaines et ultramarines confondues, sont situées sur le littoral. 

Or, la vitesse de recul des côtes littorales est de plus de 50 centimètres par an, à l’heure actuelle, et pourrait être accélérée par le réchauffement climatique. Ce qui pose la question de l’adaptation urgente de notre littoral à l’évolution du trait de côte. À l’heure actuelle, la majorité des solutions pensées pour faire face à ce défi sont des solutions dites artificielles, c’est-à-dire nécessitant la construction d’ouvrages côtiers tels que les digues, épis ou encore enrochements. 

La technique du rechargement des plages, qui consiste en la réalimentation des plages en déficit de sable avec des sédiments récupérés dans d’autres milieux naturels, est également une solution appliquée régulièrement sur les côtes françaises. Toutefois, ces diverses solutions artificielles ont des inconvénients notables, car elles ont une incidence sur les écosystèmes, ne sont pas toujours optimales en ce qui concerne la lutte contre l’érosion, et représentent des coûts très importants pour les villes qui cherchent à les mettre en place. 

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Falaises


Le recours progressif aux « solutions fondées sur la nature »

Face à ces difficultés, de nouvelles solutions ont été pensées afin de tenter de préserver le trait de côte face aux risques de submersion et d’érosion. Ces alternatives, dénommées « solutions fondées sur la nature », par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ont été imaginées dès 2009 à l’occasion de la COP 15 de Copenhague. 

L’organisme définit les solutions fondées sur la nature comme « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité ». D’autres organismes, comme l’Evaluation Française des Ecosystèmes et des Services Ecosystémiques (EFESE), ont évalué les diverses solutions fondées sur la nature, en mesure de réguler l’évolution du trait de côte.

Parmi ces solutions, la végétalisation des dunes est une technique qui consiste à implanter des végétaux sur les dunes, afin de les maintenir. En France, les végétaux les plus souvent présents sur les dunes sont les Oyats, qui sont implantés naturellement. Cette technique de végétalisation fonctionne également avec les falaises, ce qui permet de les stabiliser. Les racines des végétaux retiennent ainsi le terrain en s’agrippant aux substrats, ce qui permet de limiter les mouvements rocheux. Les végétaux peuvent en outre ralentir la vitesse de ruissellement de l’eau, tout en limitant l’infiltration au sein des rochers.

Enfin, les végétaux sont source d’externalités positives pour l’environnement ainsi que pour le paysage. De la même façon, les herbiers implantés sur les côtes sableuses permettent de lutter contre l’érosion en ralentissant la houle. Ils permettent également de constituer des puits de carbone, participent à la purification de l’eau et abritent de nombreuses espèces de poissons. 

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Dunes couvertes d'herbe


Le « laisser-faire », une solution qui ne fait pas toujours l’unanimité 

Une autre solution fondée sur la nature est celle du « laisser-faire », ou dépoldérisation, qui consiste à laisser les phénomènes d’érosion et de submersion affecter le trait de côte. Cette solution a pour avantages de préserver la biodiversité et d’offrir de nouveaux habitats pour la faune. En outre, permettre à la mer d’envahir une partie des côtes entraîne la création d’un espace-tampon, capable d’absorber l’énergie de la mer et des tempêtes, et donc de protéger les espaces environnants dans lesquels peuvent se trouver logements ou infrastructures. 

Toutefois, cette solution trouve ses limites dans la mesure où son acceptabilité est assez faible chez les habitants du littoral. En effet, ces derniers perçoivent le fait de laisser la mer recouvrir leur territoire comme une défaite ou un abandon, d’autant plus qu’ils ne perçoivent pas toujours les dimensions positives de cette pratique. 

Pour cette raison, l’UICN cherche à convaincre habitants et élus des bénéfices des solutions fondées sur la nature, en comparaison des ouvrages de protection artificiels. L’organisme avance notamment le faible coût des solutions naturelles, ainsi que les bénéfices pour les écosystèmes que celles-ci prodiguent. Enfin, l’UICN argue également de l’adaptabilité et de la flexibilité de ces solutions, qui sont de plus en plus adoptées par les villes du littoral. 

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