Selon une étude publiée dans la revue Sciences en 2020, la quantité de plastiques dans les océans pourrait tripler d’ici 2040 pour atteindre 29 millions de tonnes de déchets. C’est ainsi un constat déplorable auquel nous faisons face aujourd’hui et qui n’est pas en passe de s’améliorer sans changer drastiquement nos habitudes : bannir le plastique à usage unique, mettre en oeuvre des solutions de tri et de collecte pour les déchets plastique inévitables et sensibiliser les particuliers au respect de la biodiversité.
Car selon la même étude, le taux de plastique en mer pourrait tout de même baisser de 80% si des mesures concrètes sont adoptées sur toute la chaîne de valeur, à savoir la réduction de la production de plastique, le développement des collectes, des matières alternatives et des solutions de recyclage.
Si de multiples acteurs interviennent d’ores et déjà sur ces différents leviers, une entreprise se détache et attire les regards, la startup Ender Ocean. Cette entreprise pas comme les autres propose en effet un concept futuriste : dépolluer les océans en faisant piloter des mini-robots à des particuliers via une interface de jeu vidéo.
Ramasser les déchets en mer… depuis son ordinateur
C’est le pari fou que s’est donné Denis Bled et son équipe en 2019 suite à un appel à projet lancé par l’ADEME. « Nous développons un jeu vidéo qui va permettre à des joueurs de prendre la main sur des robots sous-marins pour aller collecter des déchets au fond de l’eau. Ces déchets ce sont des filets de pêche, des matières plastiques ou tout autres types de déchets que l’on peut trouver qui sont principalement des macro déchets », explique l’entrepreneur. Et après 2 ans de développement, la startup est sur le point de concrétiser son projet.
L’idée est donc d’implanter des robots sous-marins sur des sites tels que des rivières, des étangs, des lacs ou sur les littoraux. Ces appareils, alimentés à l’électricité solaire et éolienne, sont ensuite pilotés à distance par des joueurs via une plateforme dédiée. Sur cette plateforme, les utilisateurs peuvent s’inscrire et suivre des sessions d’entraînement en mode logiciel de simulation puis en mode réel où les robots sont placés dans des centres d’essai.
Le but est ainsi de former les joueurs au pilotage. « L’expérience du joueur est graduelle. C’est-à-dire qu’on commence par des niveaux logiciels pour apprendre. Arrivés à un certain stade on va piloter un robot sous-marin dans un centre d’entraînement, c’est-à-dire dans un bassin de type centre aquatique où on va pouvoir s’essayer à collecter des déchets dans le fond du bassin. On va reprendre sur des niveaux logiciels, on va apprendre à aller chercher des filets de pêche, à descendre avec des plongeurs, etc. »
Mais qui dit jeu vidéo dit également compétition et Ender Ocean ne l’a pas oublié. Elle mise ainsi sur un système de points de manière à créer une communauté autour de la cause et de son activité. « Ce que nous souhaitons faire c’est mettre en place des vidéos qui vont être retransmises sur Twitch pour qu’ensuite les joueurs puissent voter« .
Une date de sortie prévue en 2022
Aujourd’hui, le jeu est encore en phase de développement, sa sortie étant prévue le 8 juin 2022 lors de la journée mondiale des océans. Cependant son innovation a déjà du succès puisque plus de 2 000 personnes se sont pré-inscrites. En attendant de pouvoir leur donner leurs premières missions, la startup se dévoue à la sensibilisation de la lutte contre la pollution maritime via l’organisation d’événements sponsorisés par des entreprises.
« Nous proposons à des entreprises d’organiser des événements, d’être sponsors et de faire jouer soit des personnes tous publics – donc d’organiser un événement public avec une collectivité, ou pour sa propre entreprise – ou bien de faire un évènement en interne« , précise l’entrepreneur. Une façon de consolider cette communauté qui deviendra pilote de robots sous-marins ramasseurs de déchets.
Bien que n’étant encore qu’en préparation de lancement, Ender Ocean prévoit tout de même d’étendre son implantation de robots dans d’autres pays, notamment en Egypte, En Indonésie, en Malaisie et au Vietnam, là où la pollution par le plastique est fortement présente. Concernant les joueurs, le pilotage restera dans un premier temps ouvert aux utilisateurs européens pour ensuite s’élargir à l’échelle internationale.