En 2009, Copenhague accueillait la conférence climatique COP15. À cette occasion, la municipalité s’était lancée un pari ambitieux : faire de la capitale danoise un exemple de smart city et de ville durable. C’est à dire une ville verte et intelligente adaptée au changement climatique. Un pari notamment mis en valeur par l’objectif de devenir ainsi la première ville neutre en carbone d’ici 2025. Ce serait une première mondiale. En 16 ans seulement.
Dix années plus tard, la ville de Copenhague s’est largement distinguée sur ces aspects au point de devenir un modèle de ville intelligente et durable. Célèbre notamment pour les 400 kilomètres de pistes cyclables qu’empruntent tous les jours 35% de sa population, elle semble bien partie pour réussir son pari.
La transformation de la ville danoise comporte des exemples marquants en terme de transports, d’utilisation des énergies renouvelables, de mobilier urbain connecté et d’utilisation de l’open-data. Le grand Copenhague compte 1,2 million d’habitants. Il s’agit donc d’un modèle taille réelle pour les grandes aires urbaines en Europe et pour inspirer les villes qui souhaitent devenir smart et durables dans les années à venir.
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Smart city, l’exemple des poubelles connectées et de l’open-data
Les villes de demain seront des villes intelligentes. Cela se caractérise en partie par un mobilier urbain smart et connecté. Un mobilier urbain connecté permet de collecter des données utiles pour réduire l’empreinte environnementale d’une ville. Il peut également faciliter la création d’économies. Cela se manifeste par des économies d’énergies ou une réduction des émissions de CO2 par exemple.
Ainsi, la ville de Copenhague s’est par exemple équipée de poubelles connectées. Elles permettent d’optimiser l’utilisation des camions poubelles en leur disant où et quand passer. La ville teste également des lampadaires intelligents qui permettent de moduler l’éclairage en fonction du trafic. Voire de déclencher le lampadaire à l’approche d’un véhicule. En France, nous avons certaines startups qui travaillent sur ces sujets d’éclairage intelligent.
D’autres systèmes sont testés dans la capitale danoise pour mesurer la qualité de l’air en temps réel afin de pouvoir prévenir les habitants des zones à éviter momentanément. Un système pour alerter les conducteurs des places de parking disponibles à proximité est également envisagé. Il permettrait d’éviter que les automobilistes tournent en rond à la recherche d’une place. Dans le monde, on estime ainsi que 25% des émissions de CO2 en ville proviennent d’automobilistes qui cherchent à se garer.
L’un des sujets essentiels à la réussite de ce modèle est aussi celui du partage des données. Copenhague travaille notamment à une vaste plateforme permettant aux entreprises privées et aux organismes publics de collaborer sur les données liées aux parking, à l’eau ou encore à la gestion des déchets. L’objectif est de démontrer qu’un partage efficace du savoir peut créer de nouvelles opportunités d’affaires pour tous les acteurs. Mais également – et surtout – d’améliorer la qualité de vie pour toute une ville.
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Énergies propres et mobilités douces au coeur de cette ville durable
La ville de Copenhague a beaucoup travaillé sur le sujet des mobilités douces afin de réduire ses émissions de CO2 et atteindre son objectif de neutralité carbone, Elle est notamment devenue une ville de référence en terme de développement du vélo. Jusqu’à obtenir le titre flatteur de capitale européenne du vélo. Il faut dire que Copenhague compte 400 kilomètres de pistes cyclables. 35% des déplacements quotidiens se font grâce au vélo.
Dans la lignée des « villes sans voitures » comme c’est le cas à Pontevedra par exemple, Copenhague mise énormément sur les mobilités propres. La ville y a même crée des voies où les feux de signalisation sont synchronisés sur le rythme moyen d’un vélo. Elle a aussi construit une véritable autoroute à vélo qui relie le centre-ville à une banlieue située sur un île. Cette voie est empruntée quotidiennement par 12 000 cyclistes. La capitale développe également des systèmes encourageants les transports en commun. Elle vise d’ici 2025 à ce que 75% des déplacements se fassent à pied, à vélo ou en transports collectifs. Les 25% restant devront être des véhicules alimentés par des énergies propres.
L’énergie est d’ailleurs un autre point sur lequel la ville se distingue. Depuis le début des années 2000, Copenhague est réputée pour le parc éolien offshore de Middelgrunden. Initié en 1996, ce projet composé de 20 turbines était avant-gardiste à l’époque. Middelgrunden a ainsi longtemps été la plus grande ferme éolienne offshore du monde. Elle continue de fournir entre 3% et 4% de l’électricité totale de Copenhague. Et de nouvelles éoliennes sont en cours d’installation dans le port de la ville.
La capitale vise aussi à remplacer les énergies fossiles dans le réseau municipal de chauffage. Elle utilise pour cela une énergie fournie grâce à de la biomasse. Dans les faits, il s’agit de billes de bois récupérées dans des forêts durablement gérées. Un aspect intéressant qui n’est cependant pas neutre car le chauffage au bois reste un émetteur conséquent de particules fines.
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Capitale verte européenne et exemple de Smart City
Si Copenhague peut se targuer d’être un exemple de smart-city, c’est pour l’utilisation intelligente qu’elle fait de la data et des objets connectés. C’est aussi pour sa capacité à avoir mis en place très rapidement des systèmes de mobilités douces et de s’être convertie aux énergies renouvelables. La capitale danoise ne s’arrête cependant pas en si bon chemin dans la quête de son objectif zéro carbone. Elle a entamé un vaste programme de rénovation énergétique des bâtiments publics. Elle travaille également à la création de « living labs » qui sont des zones où peuvent être testées en conditions réelles des innovations propres aux Smart City.
Dans ces programmes, figure également le EnergyLab Nordhavn. Un projet qui, dans les 4 ans à venir, vise à démonter comment “électricité, chaleur, bâtiments efficients et transports électriques peuvent être intégrés dans un même système énergétique intelligent ».
Distinguée par un « World Smart Cities Award » en 2014, Copenhague poursuit sa transformation et pourrait être un véritable laboratoire si elle réussit les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixée. Est-ce qu’il sera cependant facile de copier cet exemple de Smart City ? Difficile à dire aujourd’hui mais la ville de la petite sirène aura au moins le mérite de nous démontrer qu’il est possible de transformer les zones urbaines plus vite qu’on ne le pense. En route vers la ville durable !