Quels sont les enjeux et les perspectives pour la filière éolienne française ?
Dun point de vue mondial, la croissance du parc éolien est d’environ 17% par an. En 2016, l’éolien était même la seconde source d’électricité en termes d’investissements. Depuis, l’énergie solaire photovoltaïque a pris le dessus, notamment grâce aux investissements réalisés par la Chine en 2017 et 2018. Néanmoins, l’éolien reste la 4ème énergie renouvelable la plus riche en emplois au niveau mondial, avec 1,1 million d’emplois directs et indirects.
En France, un premier cadre pour l’éolien a vu le jour en 1986, de premiers contrats d’achat au début des années 1990 et un premier programme d’appels d’offres éolien, « Eole 2005 », lancé en 1996. Cependant, c’est au début des années 2000 que de réels efforts sont réalisés pour créer une filière éolienne dans l’hexagone. Notamment avec la loi du 10 février 2000, relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité.
20 ans plus tard, le constat est mitigé. Le développement de l’éolien a pris beaucoup de retard, notamment l’éolien offshore. La France manque également d’industries capables de porter réellement cette filière. En revanche, les créations d’emplois et les perspectives du secteur en font un mode de production d’énergies plus qu’intéressant.
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La filière éolienne française en chiffres
En 2000, la France comptait quelques centaines d’éoliennes représentant une puissance totale d’environ 50 MW. En 2016 le parc éolien français atteignait 11 800 MW. Cette année-là, 3,9% de la production électrique française était couverte par des éoliennes. Elle se classe ainsi en seconde position en terme de capacité dans l’utilisation des énergies renouvelables en France, juste derrière la filière hydraulique.
L’expertise française dans ce domaine s’oriente plutôt vers le développement de projets, la fabrication de composants et la maintenance des turbines. En revanche, la France ne possède pas à ce jour de turbinier majeur sur le segment de l’éolien terrestre de grande puissance. Pour autant, la fabrication de turbines est présente en France sur certains marchés (moyen éolien, éoliennes en mer) ou en éolien terrestre avec des technologies spécifiques (machines à entrainement direct) portées par des petits acteurs.
L’éolien français a également la particularité de bien s’exporter. Plus de 50% des projets de cette filière sont réalisés à l’étranger, ce qui permet d’atteindre une part de marché mondiale d’environ 4%. Cependant, cette performance est le résultat de filiales locales réalisées par EDF et Engie. Des acteurs qui couvrent tout de même 3% du parc éolien mondial.
La filière de l’éolien en France représente 18 000 emplois directs et indirects aujourd’hui. Et près de 600 entreprises sont investies dans ce domaine d’avenir. Les emplois de la filière éolienne se répartissent dans l’ensemble des régions, avec globalement une prédominance des Hauts-de-France, de l’Île-de-France, de l’Occitanie et des Pays de la Loire.
Les perspectives à ce sujet sont encourageantes. Elle pourrait permettre de créer encore davantage d’emploi. Entre 60 000 et 93 000 emplois directs et indirects à horizon 2050 (d’après l’ADEME). Pour cela, il faudra relever des défis technologiques et logistiques pour aboutir notamment à une baisse des coûts du MWh, en particulier dans l’éolien en mer.
Pourquoi l’éolien français met du temps à décoller ?
Le déploiement effectif de l’éolien terrestre n’a pas atteint les différents objectifs qui étaient fixés. En fait, le réalisé a été de 10% à 30% en deçà des objectifs. Le parc éolien en mer n’a pas non plus atteint les objectifs puisqu’aucun parc n’est aujourd’hui véritablement en fonctionnement. Sur la période 2004-2015, l’atteinte des objectifs fixés pour l’éolien terrestre et en mer aurait nécessité l’installation de 1580 MW/an. Or le rythme annuel moyen effectif a été sur la même période de 840 MW/an.
Ce constat s’explique, d’une part, par le fait qu’un certain nombre de difficultés n’ont pas été suffisamment anticipées lors de la fixation des objectifs et du cadrage réglementaire : La durée de développement des projets a été sous-estimée, ainsi que l’aménagement du réseau électrique et les coûts afférents.
Par ailleurs, d’autres sujets comme la cohabitation avec l’observation radar et certaines activités aéronautiques, la vision de l’aménagement du territoire et les difficultés d’intégration locales ont également pesé sur l’installation des parcs éoliens en France. 50% des projets éoliens ont fait l’objet de recours entre 2012 et 2014, induisant des retards pouvant dépasser 3 ans. Enfin, on peut aussi souligner un manque initial d’ambition industrielle pour développer cette filière. Un constat qui se fait à l’absence de soutien à un turbinier national ou d’effort de coordination de la R&D en ce sens.
Le 12 Juin 2019, afin de coller aux ambitions de la programmation pluri-annuelle de l’énergie, le ministre de l’écologie François de Rugy a annoncé que 150 nouveaux projets dans l’éolien terrestre avaient été choisis. Ils permettront d’alimenter en électricité quelques 268 000 foyers français.
En France, il n’y a aucune éolienne offshore en activité. On en dénombre pourtant près de 4 000 sur le continent européen.
Pourtant, l’impact de l’éolien sur l’environnement est positif
Si les objectifs fixés par la France en termes de puissance éolienne installée n’ont pas été atteints, l’éolien a pourtant contribué de façon significative à la croissance des énergies renouvelables sur notre territoire. En 2015, 3,9% de la production totale d’électricité et plus de 22% de la production électrique renouvelable française étaient liées aux éoliennes.
Par ailleurs, en réduisant les importations en combustibles fossiles et fissiles, l’éolien contribue à renforcer l’indépendance énergétique de la France. Or notre territoire, notamment par ses côtes, est extrêmement propice à l’installation d’éoliennes. Surtout en ce qui concerne les éoliennes offshore. Ce qui permettrait d’accroître encore cette indépendance énergétique. Enfin, l’éolien a vraisemblablement permis d’éviter l’émission de près de 63 millions de tonnes de CO2 entre 2002 et 2015.
L’éolien se classe ainsi en seconde position en matière d’électricité renouvelables en France. Derrière la production hydroélectrique, mais devant la production solaire photovoltaïque. À terme, l’éolien pourrait être davantage utilisé sur notre territoire. Il faudra cependant creuser les filières de recyclage et de maintenance de ces technologies.
Quelles perspectives pour l’éolien en France ?
Au niveau mondial, l’éolien devrait connaître une forte croissance d’ici 2030 avec 40 à 50 GW de capacité ajoutée par an d’ici 2030, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). À cette date, la puissance éolienne installée mondiale pourrait atteindre 1320 GW contre 433 GW actuellement. Aurons-nous un sursaut équivalent en France ? Si l’on s’en tient aux annonces effectuées par le gouvernement lors de la présentation de la PPE, la réponse est non.
En France, La feuille de route énergétique prévoit de doubler la puissance installée dans l’éolien terrestre, et de quintupler celle du solaire. Mais les investissements dans l’éolien offshore restent en berne. La PPE ne prévoit rien de neuf et se contente de confirmer l’appel d’offres déjà existant.
Pourtant, l’éolien en mer à la côte à l’étranger. La baisse des coûts de ce mode d’exploitation, l’existence de gisements abondants ainsi que les contraintes spatiales pouvant limiter le déploiement de parcs à terre sont des facteurs qui poussent les pays à promouvoir le développement de l’éolien en mer. En France, il n’y a aucune éolienne offshore en activité. On en dénombre pourtant près de 4 000 sur le continent européen, installées dans dix pays.
Entre autres perspectives, la filière éolienne est intéressante car elle pourrait permettre de créer de nouveaux marchés et de noueaux business modèles. Ainsi, la gestion de la fin de vie des parcs éoliens représente un relais de croissance à part entière. Par ailleurs, la prise en charge des parcs arrivés en fin de vie ouvre des opportunités relatives à la création de nouvelles activités de valorisation des déchets (du démantèlement jusqu’à leur revalorisation). L’autoconsommation pourrait également se développer sur des secteurs très ciblés, comme le secteur agricole.
Il en est de même de la mise en place de contrats gré-à-gré d’achat d’électricité de long terme, qui pourraient être signés directement entre les producteurs et les consommateurs. Enfin, de nouveaux services pourraient profiter de l’infrastructure que représentent les parcs éoliens, sans lien avec la production d’énergie (installation d’équipements de télécommunications, ou d’observation météo sur les éoliennes, par exemple).
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