Selon l’association Zero Waste France, une manifestation sportive de 5 000 personnes génère à elle seule jusqu’à 2,5 tonnes de déchets et consomme en moyenne 500 kg de papier. Rien qu’en France, le monde sportif recense 40 millions de pratiquants, 16 millions de licenciés et réunit ses passionnés environ 2,5 millions de fois par an. En temps normal, les événements sportifs sont donc à l’origine d’une forte pression sur l’environnement.

Au niveau mondial, d’après le CIO, les Jeux Olympiques de Londres en 2012 et de Rio en 2016 ont eu une empreinte carbone d’environ 3,5 millions de tonnes éqCO2. Le gouvernement français qui est en charge de l’organisation de l’édition 2024 à Paris, a pour ambition de faire de cet événement un exemple en matière écologique. Selon Tony Estanguet, coprésident de Paris 2024, « l’empreinte carbone des Jeux sera réduite de 55% par rapport aux éditions précédentes ». Mais comment faire ?

Consommation d’énergie, émissions de gaz à effet de serre, production de déchets… Repenser les événements sportifs en terme de durabilité suppose de prendre en compte les impacts de ceux-ci dans leur globalité. Dans son guide « Mon événement sportif zéro déchet », l’association Zero Waste France met en avant des leviers d’action pour diminuer l’impact écologique des manifestations sportives.


L’évènement sportif de demain tourné vers le bon sens écologique

Chaque année, le marathon de Paris, c’est 436 497 bouteilles d’eau qui sont distribuées par les organisateurs… alors que l’eau du robinet, 100 à 200 fois moins chère, est en accès libre en France. En plus d’être moins chère, la production des bouteilles et le transport de celles-ci génère un impact environnemental énorme. C’est ce genre de bon sens écologique qui devrait guider les organisateurs de manifestations sportives et culturelles demain.

Les évènements sportifs de demain pourront ainsi trouver une manière de réduire leur empreinte carbone par ce genre de geste. D’autant que, pour l’eau par exemple, des gourdes et gobelets consignés font largement l’affaire. Et en l’absence de raccordement proche à un réseau, la location d’une citerne sera plus écologique et économique que l’achat de bouteilles en plastique.

Enfin, côté énergie, l’évènement sportif de demain devra s’orienter vers la sélection de fournisseurs d’électricité renouvelable, favoriser des prestataires de groupes électrogène fonctionnant avec de l’énergie durable et mettre en place des moyens de transport bas-carbone.

Concernant ces moyens de transport, les organisateurs peuvent ainsi encourager les déplacements à vélo ou en transports en commun lorsque le lieu de l’événement est à proximité. Si ce n’est pas le cas, ils peuvent mettre en place des transports groupés ou faciliter et valoriser la pratique du covoiturage. La plateforme en ligne Moutain-Go permet notamment aux organisateurs de répertorier leur événement en ligne afin que les participants n’aient plus qu’à s’inscrire pour trouver un covoiturage adapté à leurs besoins. C’est aussi ce que propose Popsleigh, une startup normande spécialisée sur le covoiturage évènementiel.

L’installation de toilettes sèches permet d’économiser 10 litres d’eau à chaque utilisation, soit l’équivalent de 500 baignoires pour un événement sportif de 5 000 personnes


Le zéro déchet quand c’est possible, le tri sinon

Un événement sportif durable ne peut se mettre en place sans une attention particulière portée à la gestion des déchets, le but étant de limiter au maximum la production de ces derniers et de les revaloriser quand ils n’ont pu être évités. Ainsi, on se tourne par exemple vers de la vaisselle durable et non jetable. Si la logistique liée au nettoyage de celle-ci peut être un frein, il est aussi possible d’utiliser de la vaisselle compostable à condition de permettre le tri des biodéchets sur le site.

De plus, les aliments proposés aux zones de ravitaillement sont bien souvent emballés en portions uniques. Pourtant, ils peuvent être remplacés par des aliments tout aussi nutritifs pouvant s’acheter facilement en vrac tels que des fruits frais, des gâteaux ou encore du chocolat. Des réseaux tels que Amap, Corto, La Ruche qui dit oui, des épiceries spécialisées dans le vrac ou encore des magasins bio peuvent notamment être sollicités pour fournir ce type de produits.

Cependant, certains déchets ne peuvent parfois pas être évités. Dans ce cas, pour pouvoir les valoriser, il est nécessaire de mettre en place un système de tri efficace, visible et compréhensible par tous les participants de l’événement. Les dossards par exemple sont essentiels à l’organisation des courses mais finiront par être jetés. Ainsi, favoriser des dossards en papier et un système de tri spécifique permettra de les recycler. En outre, pour encourager les sportifs et spectateurs à trier leurs déchets, une sensibilisation permanente est aussi la bienvenue.

Enfin, afin de faire respecter les engagements zéro déchet de l’événement auprès de ces derniers, il est possible d’adapter le règlement de l’événement. En effet, pourquoi ne pas y prévoir une interdiction stricte d’abandonner des déchets dans la nature sous peine de sanction ou de disqualification à l’image de ce que fait déjà le Triathlon Alpsman ? L’intérêt ici est avant tout pédagogique : le règlement doit expliquer une telle décision en rappelant les principes évidents de civilité ainsi que les enjeux environnementaux liés aux déchets.

Triathlon


Fini le gaspillage et les goodies inutiles ?

Afin de limiter le gaspillage alimentaire, le mieux mais pas toujours le plus évident, est d’anticiper les quantités réellement nécessaires. Pour cela, il est possible d’utiliser un formulaire d’inscription et des mailings de rappel. Pour les surplus, des solutions existent pour gérer de façon optimale leur fin de vie.

Par exemple, grâce à une organisation en amont, il est possible de revaloriser les fruits et les légumes abîmés qui n’ont pas été consommés auprès de magasins bio ou de producteurs locaux afin qu’ils soient transformés en jus ou en smoothies à l’image de ce qu’avait fait la fédération de Beach Volley lors de sa tournée des Sables.

Il est aussi possible de se rapprocher de certaines structures spécialisées comme les associations locales, les entreprises sociales telles que Phenix ou Eqosphere pour redistribuer l’éventuel surplus en fin d’évènement ou tout simplement de le donner aux bénévoles intéressés.

Mais le gaspillage alimentaire n’est malheureusement pas le seul à avoir lieu lors d’événements sportifs. En effet, alors que les sportifs arrivent à l’événement déjà équipés, la distribution de T-shirts ou d’accessoires est quasi systématique et souvent gratuite à chaque édition. Pourtant cette pratique génère du gaspillage : le vêtement dont on a pas vraiment besoin d’abord et l’emballage en plastique qui va avec ensuite.

Ici la solution peut être d’instaurer une distribution optionnelle de textiles via des cases à cocher lors de l’inscription ou un tarif préférentiel aux personnes qui font le choix de s’en passer. Sinon, il est aussi possible de rendre payant chaque accessoire neuf.


Location de matériel et achats de seconde main

Alors qu’une manifestation sportive nécessite un aménagement et des installations spécifiques, la plupart du matériel nécessaire est acheté neuf. Pourtant, le matériel de sport, la signalétique ou encore le balisage peuvent être loués, empruntés, mis en commun ou encore acheté de seconde main.

Des sites proposent notamment de louer le matériel nécessaire à la mise en place d’un événement sportif alors que plusieurs ressourceries locales ou recycleries sportives proposent des articles de seconde main. L’association nantaise Supporterre a par exemple ouvert en 2019 sa recyclerie du sport.

Des emprunts ou mutualisations peuvent aussi être faits auprès des communes, d’un club, d’une fédération ou encore d’un comité départemental ou régional. L’association Trail Runner Foundation a par exemple constitué des kits de balisage réutilisable. Ainsi c’est environ 1 000 piquets en bois qui peuvent être ainsi prêtés gratuitement à chaque course.

Enfin pour éviter que les puces intégrées aux dossards soient jetées lorsque les sportifs se débarrassent de ces derniers, il est possible d’opter pour des puces s’attachant directement aux lacets de chaussure.

En louant des puces réutilisables sous caution auprès de son comité départemental, le Trail de l’orchidée économise tous les ans environ 550 euros par rapport à des puces jetables


Des supports de communication éco-responsables

Alors que l’impression papier consomme de l’énergie, du papier et de l’encre, le numérique demande aussi aux serveurs de consommer beaucoup d’énergie. Ainsi, les événements sportifs doivent trouver un juste équilibre dans leur communication.

Une solution pertinente est de proposer du numérique pour des informations qui n’auront pas besoin d’être consultées plusieurs fois et du papier éco-imprimé pour le reste comme le planning des courses. De plus, il est préférable de mettre à disposition plutôt que de distribuer systématiquement et de supprimer la décoration inutile tels que les ballons gonflables.

Souvent inutiles et suremballés, les cadeaux et les goodies reflètent davantage le besoin de communication d’un sponsor que l’envie réelle du sportif. Ainsi, ils peuvent être remplacés par des échauffements sponsorisés ou encore des discours d’encouragement de grand sportifs. Une approche plus radicale peut même être d’ajouter une clause au cahier des charges soumis au sponsor pour interdire formellement la distribution de goodies.