L’aquaponie est un écosystème fermé et autonome dans lequel des poissons vont rendre service à des plantes, et des plantes rendre service à des poissons. En effet, les déjections des poissons viennent servir d’engrais naturel aux plantes, qui en retour, filtrent l’eau qui revient aux poissons. Et ainsi de suite. Technique ancestrale déjà utilisée par les Aztèques ou en Chine depuis le IVème siècle pour la culture du riz, l’aquaponie est donc un cercle vertueux naturel et durable qui a été remis au goût du jour récemment.

Les cultures UrbanLeaf en préparation
Les cultures UrbanLeaf en préparation – Crédit UrbanLeaf


L’aquaponie moderne, un savant mélange de technologie et de tradition

Cette technique a été redécouverte il y a quelques années grâce à la popularisation de l’agriculture urbaine. La jeune filière entre à présent dans une seconde phase, celle de la confirmation. Grâce à des améliorations techniques permanentes et une appropriation des enjeux par les parties prenantes (population, institutionnels, investisseurs etc.), l’aquaponie a le vent en poupe et gagne du terrain.

A l’heure des débats houleux sur l’utilisation des produits phytosanitaires et des pénuries d’eau de plus en plus fréquentes, l’aquaponie semble être une bonne piste pour soulager certains maux de l’agriculture intensive. C’est un processus entièrement naturel qui ne nécessite aucun pesticide et qui ne produit pas de déchets. Fonctionnant par ailleurs en circuit fermé, cette pratique permet de réaliser des économies d’eau drastiques. Et simplifie la culture grâce aux billes d’argiles. Enfin, les systèmes actuels sont de plus en plus perfectionnés. On peut connaître en temps réel les besoins en eau des plantes ou si une fuite vient parasiter le circuit. Ce que confirme Marie Fiers, fondatrice d’UrbanLeaf un des pionniers de l’aquaponie en France : “La R&D est permanente, on optimise continuellement la circulation d’eau, les substrats ou l’éclairage”

bureau d'étude UrbanLeaf
UrbanLeaf devient bureau d’étude pour les professionnels – Crédit Quentin Didierjean


Un marché B2B en plein essor

Plusieurs entreprises se sont donc lancées sur le marché naissant mais plein d’avenir de l’aquaponie. Parmi elles Urbanleaf, fondée fin 2015 par Marie Fiers, ingénieure agronome de formation et titulaire d’une thèse en microbiologie de l’environnement. Au début de l’aventure, les premières gammes de la start up étaient principalement destinées à un public de particuliers., dans le but d’embellir maisons et jardins.

Mais les affaires se sont accélérées depuis quelques temps. Notamment grâce à l’éclosion du marché des professionnels – entreprises et collectivités – qui est en plein boom. Il représente même aujourd’hui 80% du chiffre d’affaires de l’entreprise. Et concentre une grande partie de l’énergie de ses 3 salariés. “On observe de plus en plus d’appels d’offres de municipalités souhaitant végétaliser leurs espaces” note ainsi Marie, qui a donc décidé de lancer une offre complète dédiée B2B avec audit, étude, conception et maîtrise d’oeuvre. La jeune pousse a par exemple été mandatée pour penser la végétalisation du futur Campus Numérique de Lons-le-Saunier ou certains espaces de la ville de Mantes-la-Jolie.

Le projet phare du moment pour UrbanLeaf est celui gagné dans le cadre de l’appel à projets Parisculteurs de la Ville de Paris, appel à projets qui vise à végétaliser pas moins de 100 hectares de la capitale d’ici 2020 (principalement de toitures). Appartenant à la Mairie mais loué à des entreprises privées, l’Hôtel d’Activités Albert Marquet offre 800m² de toiture à végétaliser. En co-réalisation avec Cueillette Urbaine, UrbanLeaf va donc approvisionner l’École de Cuisine de Thierry Marx à partir du printemps prochain grâce à l’aquaponie : “On va produire fruits et légumes en local pour fournir l’école de cuisine située 2 étages en dessous !” s’enthousiasme Marie. 

L’équipe UrbanLeaf autour de sa fondatrice, Marie Fiers
L’équipe UrbanLeaf autour de sa fondatrice Marie Fiers – Crédit UrbanLeaf


Se développer pour promouvoir le local et le social

C’est donc toute une filière qui est en plein développement. Et qui se structure. Les acteurs français du développement de l’agriculture en ville se sont unis et ont créé l’AFAUP. L’Association a récemment publié une Charte visant à rassembler les bonnes pratiques de la filière. Une dizaine de villes en sont déjà signataires.

Entreprises et collectivités sont en train de prendre conscience des bienfaits de l’agriculture urbaine. Comme gagner en autonomie alimentaire et en qualité de produits. Mais également créer du lien social et reconnecter les gens à la Nature, comme le prouvent les très nombreux projets et initiatives de ce type déjà en place un peu partout sur le territoire.

De son côté lauréate de nombreuses récompenses et soutenue par les institutionnels, UrbanLeaf n’en oublie pas pour autant de s’impliquer dans la société. L’entreprise souhaite devenir un exemple en donnant une vision sociale au projet. C’est pourquoi Marie intervient dans des écoles pour éduquer les plus jeunes aux bonnes pratiques environnementales. Et dispense également des formations d’agronomie dans des instituts techniques d’enseignement supérieur, comme au CFPPA de Valdoie près de Belfort. La start up sera également présente aux Journées des Agricultures Urbaines en Méditerranée organisées à Marseille les 15 et 16 octobre prochain. Toujours dans le but d’échanger et de partager ses connaissances et expériences.

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