VitiBot est une startup rémoise qui souhaite faire évoluer les pratiques viticoles vers une agriculture plus durable. Elle s’appuie sur la robotique afin de réduire les risques et la pénibilité du travail dans les vignes. Leur robot Bakus est une véritable alternative aux machines existantes. Il apporte également une réponse concrète à l’enjeu de réduire l’utilisation d’intrants chimiques dans les vignes.
Alors que le marché mondial du tracteur viticole représente 1,5 milliards d’euros par an, cette solution innovante pourrait séduire en France et à l’étranger. Après avoir levé 3 millions d’euros en 2018, la startup a annoncé fin octobre 2020 une nouvelle levée de fonds de 11M€ effectuée auprès de ses partenaires historiques, dont font partie des acteurs du marché tels que Champagne Roederer, Martell Mumm Perrier-Jouët ou encore Champagne Laurent-Perrier, Piper-Heisieck et Charles Heidsieck.
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Un robot vitocole, pourquoi faire ?
Bakus est un robot enjambeur autonome et électrique. Il répond à plusieurs enjeux majeurs concernant le travail viticole : la sécurité, l’impact environnemental et la rentabilité. En effet, ce robot peut assurer tous les travaux inhérents à l’entretien des vignes, que ce soit le travail du sol ou l’épandage. Il est notamment appelé à remplacer le tracteur enjambeur classique.
Sa taille compacte – 1,40 mètre de long pour 1,60 mètre de haut – et ses quatre roues motrices lui permettent d’effectuer des demi-tours sur lui-même en bout de rang. Et même de se déplacer « en crabe ». De fait, il garantit la santé des viticulteurs en les éloignant des produits chimiques (qu’il répand en autonomie) mais il protège aussi des renversements d’engins assez fréquents et souvent mortels. Le robot de Vitibot est ainsi capable de travailler sur des pentes de 35% à 45% pendant dix heures d’affilée.
Équipé d’une vision infrarouge et utilisant l’Intelligence Artificielle pour comprendre et analyser le terrain, il peut aussi effectuer un grand nombre de tâches la nuit. L’utilisation de ce robot permet ainsi de déléguer le travail rébarbatif pour que les viticulteurs puissent se concentrer sur les tâches clés de leurs exploitations. Par ailleurs, un service de supervision des machines permet contrôler les robots à distance. Enfin, le Bakus fonctionne 100% à l’électrique grâce à des panneaux photovoltaïques et des batteries lithium-ion.
Il est également possible de récupérer l’énergie cinétique quand la machine descend une vigne et la restituer pour remonter. Une considération environnementale supplémentaire pour assister les vignerons.
Un développement à l’International en ligne de mire
En couvrant une surface plus importante, en travaillant sans interruption et en réduisant le parc matériel, Bakus apporte un gain économique non négligeable pour les viticulteurs. Selon ses fondateurs, il divise par 2 les coûts d’exploitation dans les vignes. La startup Rémoise commence cette année la commercialisation de son robot. D’abord en Champagne où il est actuellement en test. Elle devrait ensuite s’ouvrir à d’autres régions viticoles. En parallèle, elle poursuit son développement et devrait sortir d’autres produits prochainement.
Fondée en 2016 par Cédric Bache, ingénieur UTC, et son père Dominique qui est vigneron dans l’Aube, la jeune entreprise (qui compte 42 collaborateurs à l’heure actuelle) peut aller loin grâce à sa solution. Entre autres projets, les fondateurs de Bakus souhaitent apporter davantage d’outils à leur robot afin qu’il puisse continuer de répondre aux attentes des viticulteurs en France et à l’International.
D’un point de vue environnemental, la bonne utilisation des intrants phytosanitaires est notamment l’un des grands défis du secteur. Pour répondre à cette question, la pulvérisation à double confinement semble la solution la plus efficace. Cela permet en effet d’utiliser la dose optimale de produits phytosanitaires. Ce qui permet de diviser par 2 leur consommation. Bakus devrait pouvoir gérer cette tâche à partir de l’année prochaine.
Vitibot a également de belles perspectives à l’International où des pays comme l’Italie, la Suisse et l’Allemagne sont intéressés. Le graal serait bien évidemment de se positionner aussi sur le marché Américain.