Produire de l’hydrogène vert par électrolyse de l’eau directement en mer via l’électricité fournie par des éoliennes offshore : c’est le projet que sont en train de mener l’école Centrale Nantes et la startup Lhyfe. Si ce projet aboutit, ce serait une première mondiale et ouvrirait une nouvelle voie pour envisager la production d’hydrogène renouvelable.

« Nous sommes convaincus que la voie de la production d’hydrogène renouvelable en mer est une solution parfaitement appropriée au déploiement massif de l’hydrogène qui s’annonce » précise Mathieu Guesné, le fondateur de Lhyfe.

L’année dernière, son entreprise a inauguré en Vendée le premier site de production d’hydrogène en Europe à être connecté directement à des éoliennes. Ce site industriel devrait produire à partir de cet été 300 kilos d’hydrogène chaque jour. Il s’agit également d’un site de R&D dédié à la production d’hydrogène offshore, puisque le processus d’électrolyse à partir d’eau de mer et en connexion directe à des éoliennes y sera testé dès Juillet 2021.

Une première étape qui sera donc suivie d’un test grandeur nature réalisé en 2022 en partenariat avec Centrale Nantes. Le tout devant aboutir à un projet mené avec Les Chantiers de l’Atlantique pour la conception d’une plateforme de production d’hydrogène offshore, fabricable à Saint Nazaire, allant de la dizaine de MW à plusieurs centaines de MW et opérationnelle d’ici 2024.

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eolienne géante floatgen
L’éolienne Floatgen sur le site SEM-REV de l’école centrale Nantes


Démontrer la fiabilité d’un électrolyseur en mer

Aujourd’hui, l’objectif affiché par l’école Centrale Nantes et Lhyfe consiste donc à démontrer la fiabilité d’un électrolyseur en mer, ce qui constituerait une première mondiale. On rappelle qu’actuellement, l’hydrogène est majoritairement produite par un processus extrêmement polluant (le vaporeformage du méthane) et que ce vecteur énergétique n’est intéressant qu’à partir du moment où il est produit par électrolyse de l’eau grâce à de l’électricité d’origine renouvelable ou, à minima, une électricité bas-carbone comme l’est le nucléaire.

Et parmi les différentes manière de produire de l’hydrogène vert, utiliser l’éolien offshore pourrait représenter une opportunité intéressante car l’eau nécessaire à l’électrolyse y est présente en quantité illimité, et parce que les conditions météo pourraient garantir un facteur de charge supérieur à 50%.

Au large du Croisic, l’école Centrale Nantes possède depuis 2007 un site – baptisé SEM-REV – et dédié à l’expérimentation de différentes sources d’énergies marines renouvelables. Un site qui héberge notamment l’éolienne géante Floatgen, qui a produit en 2020 6,4 GWh d’électricité et battu un record de facteur de charge (supérieur à 66% en février 2020). C’est là que sera installé l’électrolyseur de Lhyfe pour ce premier projet offshore.

Pour lire notre interview de Mathieu Guesné, fondateur de Lhyfe : c’est par ici 


Lhyfe, une startup française qui se déploie à l’international

Créée en 2017, Lhyfe est l’une des entreprises françaises les plus avancées en matière de production d’hydrogène vert. Elle a réuni 20 millions d’euros de financement entre 2019 et 2020 et posé la première pierre de son premier site industriel de production d’hydrogène vert en septembre 2020 à Bouin, en vendée. En outre, la startup qui compte une quarantaine de collaborateurs à l’heure actuelle participe à de nombreux projets européens.

Récemment, Lhyfe a par exemple été choisie pour faire partie du nouveau parc industriel danois « GreenLab », un parc énergétique industriel vert de 600 000 m2. Lhyfe et ses partenaires y installeront un site de production d’hydrogène équipé de 24 MW d’électrolyse fin 2022. L’entreprise fait également partie du consortium du projet GreenHyScale, qui prépare un accord auprès de l’Agence exécutive européenne pour le climat pour développer un électrolyseur nouvelle génération de 100 MW, qui sera mis en place en 2024.

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