Devenir la première région à énergie positive de France, voire d’Europe, c’est l’ambition portée par la Région Occitanie depuis maintenant 2 ans. Cela signifie pour elle de réduire ses besoins énergétiques au maximum, par la sobriété et l’efficacité énergétique, et de les couvrir intégralement par les énergies renouvelables produites localement.

Alors qu’en 2019, les énergies renouvelables couvraient 21,8 % de la consommation d’énergie de la région, selon les données de l’Observatoire Régional de l’Energie, il lui faudra, pour atteindre son objectif, réduire les consommations d’énergie par habitant de moitié et augmenter la production d’énergie renouvelable de 250%.


Quand les initiatives citoyennes dynamisent la production d’énergie renouvelable

Pour augmenter sa part d’électricité renouvelable, la région s’appuie notamment sur des initiatives citoyennes. On appelle projet d’énergie citoyenne un projet de production d’énergie renouvelable qui ouvre majoritairement son capital au financement collectif et son pilotage aux acteurs locaux, dans l’intérêt du territoire et de ses habitants. Il peut être coopératif ou participatif et permet de sensibiliser et mobiliser les citoyens autour des enjeux de la transition énergétique.

Ces projets sont encouragés depuis 2014 par la région dans le cadre de ses appels à projets « Energies coopératives et citoyennes ». En partenariat avec l’Ademe, l’objectif de ces appels à projets est d’accompagner et promouvoir le développement de sociétés locales coopératives et citoyennes de production d’énergie renouvelable, associant des citoyens, des collectivités et d’autres acteurs locaux autour d’un projet commun éolien, photovoltaïque, hydroélectrique… En 2014, le premier appel à projets avait par exemple permit de soutenir le développement du « Watt citoyen« , à Aubais dans le Gard, et de « 1,2,3, soleil », projets opérationnels depuis mai 2018. Ces deux parcs photovoltaïques au sol, tous deux nés en Occitanie, sont les deux premiers parcs français du genre.

Au total, se sont 63 lauréats qui ont pu être soutenus par la Région. Grâce à ce dispositif, cette dernière mobilise différents outils d’intervention complémentaires. Les projets lauréats peuvent ainsi bénéficier d’une aide aux études de faisabilité (jusqu’à 35 000 € par lauréat) subventionnées par l’ADEME et la Région. Dans ce cadre, la Région a par exemple financé la première étude de faisabilité du parc coopératif des énergies de Narbonne, une centrale photovoltaïque dont l’investissement total s’élevait à 14M€. En outre, la région peut aussi accorder une aide à l’investissement, sous forme de prime à la participation citoyenne, à hauteur de 1 € Région pour 1 € Citoyen (jusqu’à 100 000 € par porteur de projets). Au total, 1M€ d’aides régionales ont été attribuées dans ce cadre de l’aide à l’investissement, et ont permis de réaliser plus de 3M€ d’investissement.

Sur les 250 projets coopératifs et citoyens qui se développent en France, 100 se situent dans la Région Occitanie.

Région Occitanie



Si bien que les projets d’énergies renouvelables citoyennes fleurissent partout sur le territoire régional et font de l’Occitanie la région française la plus avancée dans ce domaine. Actuellement, près de 100 projets coopératifs et citoyens se développent sur tout le territoire dont 25 sont déjà en fonctionnement et ont été accompagnés par la Région au travers d’appels à projets dédiés. Un record en France qui compte au total 250 projets en fonctionnement ou en développement. Plus de 50 collectivités et plus de 4 000 citoyens se sont impliqués dans ces projets. À terme l’objectif de la région est d’atteindre les 500 projets et 100 000 citoyens actionnaires à l’horizon 2030.

Des initiatives qui en plus d’encourager les énergies renouvelables, ont des retombées économiques directes sur le territoire. Par exemple, en 2019, sur les 39 lauréats recensés (photovoltaïque et éolien), la Région estimait que les retombées économiques locales s’élèveraient à 66 millions d’euros. Retombées économiques dont les aides apportées par l’Ademe et la Région représentent un effet de levier considérable (1 euro de subvention publique génère 50 euros de retombées économiques).

parc photovoltaïque citoyen 1,2,3 Soleil
1er parc photovoltaïque citoyen de France, intitulé « 1,2,3 Soleil » implanté sur la commune de Luc-sur-Aude en Occitanie CC Darnaud Antoine – Région Occitanie


Des éco-chèques pour soutenir la rénovation énergétique

En 2012, l’ancienne Région Midi-Pyrénées avait mis en place l’éco-chèque logement afin de permettre à près de 18 000 foyers de financer des travaux d’amélioration énergétique pour leur habitation. Depuis 2016 et afin d’encourager la réduction de la consommation énergétique de l’ensemble du territoire, l’éco-chèque logement a été étendu à l’ensemble de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée.

Tout travaux sont visés à condition qu’ils contribuent à réduire d’au moins 25% la consommation énergétique du logement. Ainsi cet éco-chèque donne droit à ses bénéficiaires à un montant de 1 500 euros pour les propriétaires occupant leur logement, sous conditions de ressources et 1 000 euros pour les propriétaires louant leur logement à un tarif conventionné avec l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH). En outre, les ressources des propriétaires ont été évaluées de telle sorte que, sur l’ensemble de la Région, la moitié des foyers puisse bénéficier de ce dispositif.

Une mesure qui est cohérente avec les objectifs ambitieux de la Région en termes de rénovation. En effet, celle-ci souhaite rénover 52 000 logements chaque année d’ici 2030 puis 75 000 au-delà afin d’atteindre des objectifs de basse consommation. Par ailleurs le volet écologie du plan de relance en Occitanie va permettre la rénovation de 496 bâtiments de l’Etat (bâtiments universitaires, travaux de restructuration et rénovation énergétique de logements sociaux) pour un total de 268 millions d’euros.

En outre, alors que les transports représentent une source importante de gaz à effet de serre et de consommation énergétique, la région propose également un éco-chèque mobilité. Celui-ci s’adresse aux habitants du territoire souhaitant acheter une voiture électrique ou hybride rechargeable d’occasion ou un vélo à assistance électrique.

La Région Occitanie souhaite rénover 52 000 logements chaque année d’ici 2030 puis 75 000 au-delà


Un futur leader de l’éolien flottant ?

Selon une étude récente de l’Agence Internationale de l’Energie, la production éolienne offshore en Europe pourrait atteindre jusqu’à 34 000 TWh, soit 12 fois la consommation d’électricité de l’Union européenne. A ce jour, la quasi-totalité des 22 GW d’éolien en mer installés en Europe (principalement en Grande-Bretagne et en Allemagne) font partie de la filière plus mature de l’éolien posé, dans des eaux d’une profondeur maximale de 50 mètres. Mais une autre filière d’éolien off shore se développe : l’éolien flottant. Contrairement à l’éolien posé qui est fixé au sol marin grâce à des fondations, l’éolien flottant comporte une base flottante, qui est simplement ancrée au fonds marin grâce à des câbles.

La Région Occitanie souhaite se positionner comme un leader dans le développement de l’éolien flottant. Et pour cause, parmi les 4 premiers projets d’éolien flottant retenus en France par l’Etat, deux sont en Occitanie / Pyrénées-Méditerranée. Ainsi, « les premières éoliennes flottantes de la Méditerranée seront mises en service en 2022 au large de l’Occitanie » selon Carole Delga, présidente de la Région. En effet, l’Occitanie dispose de nombreux atouts pour développer la filière : non seulement elle possède le meilleur spot de vent de la Méditerranée, mais elle réunit également un grand nombre des entreprises et professionnels innovants sur son territoire.

C’est le port régional de Port-la-Nouvelle qui accueillera ces projets dans le cadre du projet d’extension portuaire porté par la Région afin de faire de celui-ci le cœur névralgique et stratégique de l’éolien flottant en Méditerranée. Deux fermes pilotes pourront être installées dès 2022 au large de Leucate et de Gruissan. Elles précèderont l’implantation de deux parcs commerciaux d’ici 2028, dont la puissance devrait atteindre les 250 MW. L’énergie ainsi produite donnera notamment l’opportunité de développer la filière d’hydrogène vert, conformément au plan Hydrogène porté par la Région depuis 2019, doté d’une enveloppe de 150 M€.

« Mon objectif est clair : diviser par deux la facture énergétique des ménages et multiplier par trois la production énergie renouvelables. Avec l’objectif de 3 GigaWatt d’éolien en mer flottant installé à horizon 2050, soit l’équivalent d’une puissance moyenne de 3 réacteurs de centrale nucléaire, l’Occitanie s’emploie à transformer de ces engagements en actes concrets » a déclaré Carole Delga. Ainsi, avec une production de plus de 12 TWh, l’éolien flottant devrait ainsi devenir à terme la première source de production d’électricité renouvelable en Occitanie.

Reste cependant quelques défis à relever pour réussir le pari industriel de l’éolien flottant parmi lesquels améliorer sa compétitivité par rapport à l’éolien posé qui est une filière plus mature, structurer la filière industrielle dans une logique multi-échelles afin de résister à la concurrence internationale et développer des processus de concertation innovants pour concilier les usages de la mer.

Parc éolien Belwind
Parc éolien Belwind dans la partie belge de la mer du Nord © Hans Hillewaert


Vers une filière bois-énergie responsable

La Région dispose sur son territoire de la 3e forêt française en superficie. Cet atout lui permet donc d’assurer une filière bois énergie réellement vertueuse, qui s’appuie sur une ressources disponible localement et sur une gestion durable de sa forêt.

Pour aider la filière bois énergie à se développer, la Région soutient l’ensemble de la filière, de la création de plate-forme de transformation du bois en granulés ou plaquettes forestières, aux structures de stockage, jusqu’à l’installation de systèmes de chauffage au bois. Et ce qu’il s’agisse de réseaux de chaleur ou de chaudières collectives comme la chaufferie à bois du groupe scolaire Aristide Briand à Borderes-sur-l’Echez. Pour aider les projets à émerger, la Région a par ailleurs mis en place les missions bois-énergie, un réseau d’experts chargés d’accompagner gratuitement tant sur le plan administratif que technique ce type de projet.

Ainsi par exemple, à Montpellier, la centrale de trigénération de Port Marianne, Montpellier, dessert six quartiers et alimente plus d’un million de mètres carrés de logements, commerces, établissements scolaires, de santé et bureaux grâce à une production d’énergie renouvelable à partir du bois de 6,5GWh. Le bois forestier utilisé est issu des forêts du Languedoc-Roussillon gérées de manière durable (label PEFC ou PSG). Il est complété par du bois d’élagage ou du bois d’emballage.

Cette centrale, unique en France, produit à la fois de la chaleur, de l’électricité mais aussi du froid de façon décentralisée grâce aux machines à absorption à eau installées dans les immeubles. Une machine à absorption produit de l’eau glacée à partir d’eau chaude avec une très faible consommation d’électricité et en utilisant de l’eau comme fluide frigorigène. C’est donc une machine frigorifique dont le fonctionnement est sans impact sur l’environnement. De plus, selon la Région, l’utilisation du bois énergie pour cette centrale évite le rejet de 9500 tonnes de CO² par an dans l’atmosphère.

L’Occitanie souhaite multiplier par 60 sa production énergétique de biogaz par méthanisation au cours des prochaines années.


Encourager le développement de la méthanisation

Enfin, si la Région n’est pas des plus avancées dans la biométhanisation, elle cherche à intégrer cette production de biogaz dans son ambition de devenir la première région à énergie positive. Ainsi, c’est le site Biométharn qui a fait office de vitrine du gaz vert en Occitanie. Débuté en 2014, ce projet a été la première unité de méthanisation agricole en Occitanie et a confirmé la reconnaissance faite par la Région au rôle que peuvent jouer le monde agricole et le biométhane dans la production d’énergie renouvelable. En effet, le projet Biométharn a bénéficié d’une aide de 850 000 euros de la part de la Région sur un investissement total de 3 millions d’euros.

“Nous avons voulu mettre en avant toute la question des énergies renouvelables. Ici, nous avons vraiment un projet très innovant, car c’est la première injection en milieu agricole pour la Région. Et c’est l’avenir”, avait alors indiqué Carole Delga. En effet, l’Occitanie, a par la suite affirmé son ambition de multiplier par 60 sa production énergétique de biogaz par méthanisation au cours des prochaines années.

Grâce à la valorisation de 13 000 tonnes de déchets organiques par an (principalement des résidus de cultures, du fumier et du lisier), le biométhane produit par cette unité raccordée au réseau GRDF permet de couvrir les besoins en gaz domestique de près de 100 tarnais.

Un raccordement qui a eu lieu en même temps que celui de deux autres sites pionniers chacun dans leur registre : il s’agit de la station d’épuration des eaux urbaines de Perpignan-Méditerranée et du centre de traitement des déchets ménagers de Pavie dans le Gers. Aujourd’hui, la Région Occitanie compte 7 installations en fonctionnement sur son territoire parmi les plus de 200 sites que compte désormais la France.

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