C’est un fait, l’utilisation de nos différents modes de transports est en augmentation d’années en années à mesure que la mondialisation accélère les échanges et que nos modes de vie nous poussent à nous déplacer plus souvent. Les impacts environnementaux générés par le secteur des transports et de la mobilité sont colossaux.

En France le secteur des transports est le premier contributeur de gaz à effet de serre avec près d’un tiers des émissions. Dont l’immense majorité pour le seul transport routier, avec la voiture individuelle en première place, loin devant les poids lourds (rapport CITEPA Secten – Avril 2019). Le constat est similaire pour les particules fines.

Il semble alors assez évident que réinventer nos modes de transports est une nécessité. C’est tout l’enjeu d’une partie de la Loi LOM (la loi d’orientation des mobilités) promulguée fin décembre 2019. Elle insuffle des changements en profondeur dans le but, entre autres, de décarboner les transports et de tendre vers une mobilité plus durable.

Des carburants de demain à la conversion de notre parc automobile thermique en électrique, ou à l’avènement à terme des véhicules autonomes, intéressons nous à plusieurs tendances à fort potentiel, tout particulièrement en ce qui concerne le transport routier.



1- Les nouveaux carburants (1/2) : le biogaz carburant (ou bioGNV, ou biométhane)

unité production biométhane

Des carburants alternatifs au diesel et à l’essence arrivent sur le marché avec de belles promesses dans le but de réduire l’empreinte carbone du transport routier. Tout d’abord le bioGNV. En plus d’être le résultat d’un modèle vertueux car issu de la valorisation des déchets organiques agricoles, le bio gaz naturel pour véhicule (ou bioGNV) réduit drastiquement les émissions pour des performances routières équivalentes. Jusqu’à 90% de CO2 en moins du puits à la roue, 98% de particules fines et 85% de NOx en moins par rapport au diesel, d’après un étude de la Deutsche Energie-Agentur (DENA) de 2007. Des chiffres corroborés par une étude du Cenex (Organisation en charge de la promotion des véhicules bas carbone) menée en 2019 au Royaume-Uni.

Le Bio-GNV semble ainsi démontrer sa capacité à décarboner massivement le transport routier. Et se pose en alternative crédible et fiable face au diesel, mais aussi face au tout électrique pas si green qu’on le pense si l’intégralité du cycle de vie d’un véhicule est prise en compte.

C’est pourquoi les flottes de bus, de cars ou de camions roulant au bioGNV se développent très rapidement ces dernières années. En revanche, même si la technologie semble arriver à maturité et que 250 stations de ravitaillement devraient être ouvertes au public sur tout le territoire d’ici fin 2020, le manque d’infrastructures ainsi que le très faible nombre de véhicules conformes disponibles sont encore des freins à la démocratisation du biométhane comme carburant. A noter que ce même bioGNV se développe rapidement et avec les mêmes promesses dans le secteur du transport maritime où il est utilisé sous sa forme liquide (bio GNL).



👉 Lire notre article sur la production de biométhane
👉 Lire notre article sur le GNL dans le transport maritime



2- Les nouveaux carburants (2/2) : l’hydrogène 

hydrogène

La technologie de la pile à combustible alimentée par l’hydrogène en est encore à ses débuts. Mais elle pourrait permettre de décarboner totalement le secteur des transports, ce principe ne rejetant que de la vapeur d’eau. Les gains seraient également importants concernant le temps de recharge par rapport à l’électrique, et l’autonomie des véhicules roulant à l’hydrogène est déjà comparable à celle des voitures thermiques. Si en France cette technologie est encore méconnue, ce n’est pas le cas en Allemagne, aux Etats Unis ou au Japon, où les véhicules équipés de piles à combustible sont en forte croissance.

Petit bémol, pour que le cycle complet soit propre, l’hydrogène doit être obtenu par le biais de la technique de l’électrolyse de l’eau et non par celle très polluante du vaporeformage. Au delà des infrastructures de ravitaillement quasi inexistantes sur le territoire (28 stations grand public), le prix très élevé de la technologie par électrolyse de l’eau est aujourd’hui un frein majeur. C’est pourquoi seuls quelques centaines de véhicules roulent à l’hydrogène en France, dont les 110 taxis de la société parisienne Hype. Malgré les contraintes technologiques actuelles, le manque d’infrastructures, et les coûts démesurés de production et de consommation, l’hydrogène a tout de la solution d’avenir pour les transports. Le transport fluvial et le transport maritime sont également des domaines d’applications pour la propulsion à hydrogène.


👉 Lire notre article sur Lhyfe, la start up qui développe l’hydrogène grâce aux énergies renouvelables
👉 Lire notre interview de Christelle Rouillé sur la technologie par électrolyse de l’eau



3- Le rétrofit électrique

des voitures électriques en train de recharger leurs batteries

Le rétrofit électrique est le principe qui consiste à transformer une voiture à moteur thermique en véhicule électrique, grâce au remplacement du moteur et à l’installation d’une batterie ou d’une pile à combustible. Cette pratique ne disposait pas de cadre légal en France, ce qui explique son coût encore exorbitant (environ 10 000€ la conversion). C’est désormais chose faite par le biais d’un arrêté ministériel publié au Journal officiel du 3 avril 2020.

Déjà autorisé dans de nombreux pays européens comme l’Italie ou l’Allemagne, le retrofit est une belle avancée dans l’optique de décarboner le plus rapidement possible notre parc automobile. Si tous les types de véhicules de plus de 5 ans sont concernés (voitures, camions ou bus de plus de 5 ans, mais aussi les 2 et 3 roues de plus de 3 ans), il semblerait que les marchés les plus porteurs soient ceux des utilitaires professionnels et des voitures de collection.


👉 Lire notre article sur la filière européenne des batteries électriques



4- Voitures et navettes autonomes

navette autonome nvydia

Si certains leur prédisent un grand avenir, voire qu’ils seraient les transports en commun de demain, nous sommes encore loin d’une mise sur le marché des véhicules autonomes. Tout d’abord parce que la technologie n’est pas encore parfaitement au point. Et puis le nécessaire cadre légal visant à satisfaire toutes les parties, notamment en terme de responsabilité, est un dossier des plus complexes.

Cependant, les premières expérimentations de navettes autonomes en condition de circulation réelle avec piétons, voitures et camions sont menées depuis quelques mois, comme à Nantes, Paris, Lyon ou Dunkerque. Fort de ces premiers essais concluants, Le Ministère des Transports a d’ailleurs annoncé en Avril 2019 le lancement de 16 nouvelles expérimentations soutenues financièrement par l’Etat, partout sur le territoire. Rendez vous en 2022 pour les premières conclusions lorsque le million de km parcourus sera atteint.

Des expérimentations de taxi robots sont également menées actuellement. En partenariat avec Mobileye, la RATP souhaite par exemple tester à moyen terme une flotte de robots taxis à Paris, avant de se déployer à l’international. Les zones urbanisées semblent être le champs d’application idéal pour ces navettes futuristes et autres taxi robots, afin notamment de limiter l’usage des véhicules particuliers. 


👉 Lire notre article sur la technologie Lidar


Sources