C’est quoi le sneckdown ?
Le sneckdown, ou améneigement en français, est un outil utilisé en urbanisme pour rééquilibrer l’espace public en fonction de l’usage réel qui est fait de la route. Le concept consiste à utiliser la neige pour mettre en valeur les portions de routes utilisées par les véhicules motorisés sur la chaussée.
En observant les traces des véhicules dans la neige, on peut ainsi distinguer les endroits où les voitures ne roulent pas. Ces espaces peuvent ainsi être utilisés pour réaménager le paysage urbain, par exemple en agrandissant des trottoirs ou en créant des pistes cyclables.
Pour aller plus loin
Le concept du sneckdown apparaît pour la première fois en 2006 aux États-Unis grâce à un vidéaste, Clarence Eckerson. Dans une de ses vidéos intitulée « Street lessons from a blizzard », alors qu’il se promène dans les rues enneigées de New York, il observe la manière dont la neige se tasse aux coins des carrefours et le long des voies, pointant du doigt la manière dont l’espace dédié à la circulation automobile pourrait servir à d’autres usagers. Une observation que nous sommes certainement déjà nombreux à avoir fait. Elle est cependant formalisée à ce moment.
Le journaliste Aaron Naparsteck, fondateur du média Streetsblog, reprend ensuite ce concept en lui donnant un nom : sneckdown. C’est le résultat de la contraction de snowy (neigeux ou enneigé en anglais) et neckdown (avancée, saillie ou extension de trottoir). Très vite, le mot se répand, notamment sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SneckDown sur Twitter avec lequel les internautes publient des images d’exemples dénonçant les besoins de réaménagement à certains endroits, ce qui donne naissance à une véritable pratique en matière d’urbanisme.
Le sneckdown au profit de la sécurité des piétons et des cyclistes
Non seulement l’améneigement est utile à la réorganisation des villes et au partage de l’espace public entre les usagers, mais il contribue également à la sécurité de ces derniers.
En effet, lorsque les routes sont enneigées, les conducteurs sont plus prudents au volant et sont précautionneux dans leurs manœuvres. Ce comportement met donc en avant, dans les virages et aux carrefours, les trajectoires les plus sécurisantes pour les conducteurs et les autres usagers de la route.
Le fait d’utiliser ces traces dans la neige pour réaménager l’espace va donc restreindre la taille des voies de circulation pour les automobiles. De fait, cela va les amener – dans un espace contraint – à renforcer leur vigilance tout en circulant dans un corridor naturellement plus sécurisé.
Par ailleurs, le sneckdown permet aussi aux collectivités d’observer facilement les espaces propices au développement des mobilités douces. Un élément essentiel pour la transition écologique des villes, qui ont besoin de leviers pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Pratiquer le sneckdown sans neige, une idée qui fait son chemin
L’utilisation du sneckdown permet donc aux urbanistes de visualiser facilement l’usage réel de la chaussée par les automobilistes et de pouvoir modéliser les zones où il est possible de mettre en place des voies cyclables, des trottoirs plus larges, des bandes végétales ou autres éléments qui peuvent rééquilibrer l’espace public. La neige se transforme ainsi naturellement en outil d’aide à la décision propice aux piétons et cyclistes.
Cependant, il est compliqué de mettre en oeuvre cette pratique dans certaines régions où il ne neige pratiquement jamais. Il est pourtant possible d’utiliser d’autres astuces pour expérimenter cela. En Australie, par exemple, il est déjà arrivé que l’on utilise de la farine ou des colorants. À l’automne, les feuilles mortes des arbres peuvent également servir.
Ce principe est également vu comme une sorte d’équivalent à la ligne de désir empruntée par les piétons et qui est aussi une manière de réaménager l’espace public, en particulier dans les parcs.