Les Horizons : Clément Guillemot, parlez-nous de Via ID et du programme Moove Lab

Clément Guillemot : Le Moove Lab est un accélérateur de Station F dédié aux nouvelles mobilités et opéré par Via ID. Station F est le plus grand campus de startups au monde, structuré autour de programmes, et chaque programme concerne une industrie. Pour la mobilité, c’est le Moove Lab, un programme qui existe depuis trois ans et qui accueille deux promotions par an.

Le Moove Lab a été créé par Via ID et le CNPA, le Conseil National des Professionnels de l’Automobile, une association qui regroupe tous les professionnels des métiers liés aux services de l’automobile, c’est-à-dire ce qui existe une fois la voiture construite : les loueurs, les garagistes, les acteurs de l’essence, de l’assurance, etc.

L’autre co-fondateur du Moove Lab, Via ID, est la branche Innovations et Nouvelles Mobilités du groupe Mobivia, qui, sous ses différentes marques (Norauto, Midas, etc.), est le leader en Europe de la maintenance automobile.


Pouvez-vous nous en dire plus sur Via ID ?

Via ID a été créée il y a 10 ans du constat que le monde des mobilités évoluait très vite. La première activité de Via ID se structure autour de l’investissement dans les startups. Notre seconde activité est celle d’accélérateur, via le Moove Lab et Station F.

Historiquement Via ID est un acteur focalisé sur les nouvelles mobilités, les nouvelles manières de se déplacer au quotidien dans la ville. Mais depuis quelques mois, nous suivons aussi les sujets autour de ce qu’on appelle l’AutoTech. Donc maintenant Via ID suit à 360° toutes les mobilités, à la fois ce qui est autour de l’AutoTech, de l’automobile, donc ce qui nous rapproche plus de notre maison-mère Mobivia. Et aussi les nouvelles mobilités comme les deux-roues, le vélo, le covoiturage ou encore l’autopartage…


Donc plus spécifiquement les mobilités urbaines ?

Oui, effectivement, Via ID s’intéresse aux mobilités du quotidien, mobilités urbaines, mobilités intelligentes. Évidemment, on peut investir dans des startups qui ne sont pas 100% urbaines. Par exemple, nous sommes investisseurs chez Klaxit qui est une solution de covoiturage domicile-travail qui se présente davantage comme le transport en commun des zones péri-urbaines.

Nos deux raisons d’être sont d’accompagner les startups des mobilités dans leur développement ; et soutenir les synergies entre startups et acteurs historiques du secteur de l’automobile pour faire évoluer la filière


Que pouvez-vous nous dire de l’accélérateur Le Moove Lab ?

C’est un accélérateur de startups créé il y a 3 ans, et à ce jour, nous avons eu six promotions, soit 40 startups à accélérer. Pendant six mois on les accompagne gratuitement pour les aider à accélérer, les faire progresser sur leurs connaissances du marché, la construction de leurs produits ou de leurs services, et leurs levées de fonds. C’est le nerf de la guerre dans le monde des startups.

En complément, on leur met à disposition deux réseaux très puissants, ceux du CNPA et de Via ID. C’est tout notre groupe de sponsors – Bridgestone, Europcar, Calix, Cofidis, LS Group, Identicar, Cetri – qui cherchent à sourcer de l’innovation. Ils financent le Moove Lab et souhaitent vraiment rencontrer les startups et imaginer le futur des mobilités avec elles.

Quelle est la raison d’être du Moove Lab ?

Nos deux raisons d’être sont d’accompagner les startups des mobilités dans leur développement. Et soutenir les synergies entre les startups et les sponsors, les acteurs historiques du secteur de l’automobile, pour faire évoluer la filière des services de l’automobile. Ce qui correspond logiquement aux deux pieds des deux co-fondateurs, Via ID pour la partie startup et le CNPA pour les acteurs des services de l’automobile.

via romana urbanisme tactique mobilité douce


Quelle est la spécificité du Moove Lab en tant qu’accélérateur de startups ?

Déjà, nous sommes un des seuls accélérateurs dédiés à la mobilité en France et le seul à Station F. Nous sommes aussi entièrement gratuit, ce qui est unique parce que beaucoup d’accélérateurs sont payants ou prennent des parts dans les startups. Ensuite, nous sommes adossés aux deux réseaux puissants du CNPA et de Via ID.

Le Moove Lab n’apporte pas de financement aux startups, mais il crée de la visibilité notamment auprès d’investisseurs, ce qui permet aux startups de lever de l’argent


Comment présenteriez-vous les startups que vous accompagnez ?

Ce qui caractérise les 40 startups, dont 8 sont actuellement au sein du programme, c’est leur positionnement sur le monde des mobilités et des services de l’automobile. Et aussi que ce sont des jeunes startups, en phase d’amorçage, ou de série A, c’est-à-dire sur une première grosse levée de fonds. Certaines n’ont même pas encore de produit finalisé, elles ont seulement un MVP.


Comment se déroule le programme d’accélération des startups du Moove Lab ?

Pendant six mois les startups sont accompagnées sur trois principaux points : marché, produit et financement. Au-delà d’un coaching au quotidien, des experts les aident à développer leurs produits, en leur apportant une très bonne connaissance de leurs marchés. On fait aussi régulièrement des ateliers avec des spécialistes. Des mentors sont également conviés. Et des grandes entreprises contribuent au programme en prodiguant leurs conseils, ce qui permet aux startups d’avoir leurs premiers clients ou a minima de se faire accompagner.


Quels bénéfices les startups retirent de l’accompagnement du Moove Lab ?

Le premier bénéfice est d’accéder gratuitement à Station F, qui n’est pas juste un campus de startups, mais plus de 1 000 startups dans un lieu unique, et toute la communauté qui va avec. Ce sont des opportunités de mise en relation, de recrutements, de rencontres avec des investisseurs ou de participation à des évènements. Le deuxième bénéfice est une expertise, un accompagnement pour se développer sur le monde des mobilités. Et enfin les startups accèdent à un réseau, voire même à des réseaux, du CNPA, de Via ID et des sponsors du programme.

Le Moove Lab n’apporte pas de financement aux startups, mais il crée de la visibilité notamment auprès d’investisseurs, ce qui permet aux startups de lever de l’argent. On aide aussi les startups à bien identifier tous les mécanismes d’aides publiques qui existent avec un atelier dédié.

4 grandes tendances se dessinent : la digitalisation du parcours client, les VAE, les véhicules électriques et la mobilité en entreprise


Avez-vous des success stories à nous présenter ?

Sur la dernière promotion fin 2019 / début 2020 on a des entreprises qui ont très bien décollé suite au Moove Lab. Par exemple Zenride, qui a créé une offre de vélos de fonction et permet à une entreprise de mettre à la disposition de ses salariés un vélo pour ses déplacements domicile-travail. Zenride a passé 6 mois au Moove Lab et maintenant, sur ce créneau, c’est un des leaders en France avec une cinquantaine de clients aujourd’hui.

La seconde success story est Core for Tech, une société qui développe des technologies pour lutter contre la somnolence au volant. On estime à 300 000 les personnes qui en meurent chaque année dans le monde. Core for Tech a développé cette technologie et en sortant du Moove Lab, ils ont été repérés et choisis par l’accélérateur d’Allianz. Ils sont maintenant accompagnés par Allianz et Toyota dans un programme de co-accélération des nouvelles mobilités. Ça illustre parfaitement que le Moove Lab repère des startups très jeunes et prometteuses qui, grâce à nous peuvent être accélérées dans d’autres programmes.

La dernière que je vous présente est Fluctuo, spécialisée dans l’agrégation de données de mobilité partagée, des vélos, des scooters, des trottinettes. À Paris ce sont des dizaines d’acteurs différents pour des flottes d’engins de mobilité divers. Fluctuo agrège et traite ces données et produit des études pour mieux comprendre les dynamiques des mobilités partagées. Ce produit s’adresse aux entreprises et aux collectivités. Fluctuo aujourd’hui est l’acteur de référence pour avoir des données précises sur les mobilités à Paris, et ils vont sortir le premier baromètre de la mobilité en France. Eux aussi, suite à leur passage au Moove Lab ont été sélectionnés par un accélérateur, de e-voyageurs SNCF.


Voyez-vous des grandes tendances se dessiner en observant toutes les candidatures que vous recevez ?

Oui, ce qui fait la force de Moove Lab c’est sa sélectivité. Pour 8 startups retenues, nous avons eu 160 candidatures. Ça nous permet de dégager des tendances, la première étant la digitalisation du parcours client dans l’acte d’achat ou de prestation de service, et le phygital, c’est-à-dire des parcours hybrides, pour partie en ligne et pour partie dans le magasin.

Nous avons trois startups sur ce thème : Iscab qui a créé des bornes pour le dépôt et le retrait de clés de voitures. Pour une réparation tout est organisé en ligne, le client dépose sa clé avant la réparation et la récupère une fois la réparation terminée. Nous avons aussi Swikly qui permet d’obtenir et sécuriser une caution avec une simple empreinte de carte bancaire en ligne. Enfin, la startup etiQcar crée des étiquettes connectées pour les vendeurs de véhicules d’occasion dans une concession, pour fiabiliser les informations transmises au client.

La deuxième tendance qui se dégage est autour du vélo et en particulier le vélo à assistance électrique (VAE). Ekstere proposera le commerce en ligne de VAE de seconde main. Leur objectif est de fluidifier le marché en créant de la confiance entre acheteurs et vendeurs. Le vélo est une tendance qu’on suit depuis plusieurs promotions au Moove Lab, nous avons eu Geovelo par exemple, le GPS du vélo.

On voit aussi une accélération sur le développement du véhicule électrique et hybride en entreprise et auprès des particuliers. L’illustration c’est la startup Beev.co qui permet aux entreprises et aux particuliers de lever tous les freins à l’acquisition ou à la location de ce type de véhicule.

Enfin, nous observons le renforcement du rôle de l’entreprise dans la mobilité des salariés. Le nouvel outil juridique sur le forfait mobilités durables renforce le rôle de l’entreprise dans la mobilité de ses salariés. Dans la nouvelle promotion, la startup Betterway aide l’entreprise à déployer le forfait mobilités durables. Les entreprises ont aussi l’obligation de faire un plan de mobilité et la startup 1km à pied les aide à le structurer.


Avez-vous des perspectives d’évolution à court ou moyen terme au Moove Lab ?

Le programme est toujours ajusté et optimisé, mais il n’y a pas de grand changement prévu. Par contre, nous sommes partenaires de l’initiative French Tech Tremplin qui vise à augmenter la diversité des profils dans le monde de l’innovation. Le Moove Lab espère accueillir un ou plusieurs candidats issus de cet appel à projets. C’est important pour nous d’être moteur dans le renforcement de la diversité dans le monde de l’innovation et de l’entrepreneuriat.

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