À l’occasion des 10 ans du plan « Ville Durable » mis en place par Jean-Louis Borloo et qui initiait par exemple la création d’écoquartiers (il en existe près de 500 aujourd’hui sur le territoire), Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement, présente ce mercredi 05 février sa feuille de route intitulée « Habiter la ville de demain » et qui propose une série de mesures pour favoriser l’émergence d’un « modèle français de la ville durable ».

Une feuille de route qui vise surtout à favoriser les initiatives locales, la coopération entre écosystèmes et l’innovation. Elle vient renforcer des mesures déjà annoncées par le passé, comme l’objectif de « zéro artificialisation nette » qui implique de densifier les villes et repenser l’urbanisation de nos territoires. On fait le point sur ce qu’il faut retenir de cette feuille de route.


Accompagner les acteurs et dynamiques locales

« Notre plan s’est concentré sur une question simple : comment aider les territoires à démultiplier les programmes et les accélérer. C’est la somme des initiatives locales qui créera la dynamique nécessaire. La ville durable ne doit pas être l’apanage de certaines grandes métropoles ni s’opposer au monde rural » précise Julien Denormandie. Pour cela, la feuille de route pour la ville de demain propose 3 types d’actions :

  • Créer une plateforme d’open-innovation,
  • Faire émerger des stratégies locales via la multiplication « d’ateliers des territoires »,
  • Faciliter l’accès aux aides à l’ingénierie et aux aides financières.

Le but de ces mesures sera notamment de valoriser et mutualiser les expertises développées par des initiatives locales sur tout le territoire, mais aussi de faciliter la mise en relation entre les collectivités locales et les écosystèmes qui portent des solutions pour la ville durable : clusters, associations, pôles de compétitivités, grands groupes ou encore startup de la Greentech.


Des mesures en faveur de l’aménagement urbain durable

La mesure la plus emblématique de cette feuille de route consiste à développer une centaine de projets d’agriculture urbaine dans les quartiers prioritaires. Une initiative lancée en partenariat avec l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine). 30 premiers projets seront sélectionnés d’ici cet été avec un financement de 20 millions d’euros à la clé. Cette mesure vise notamment à développer une vision « inclusive » de la ville verte, qui ne doit pas rester l’apanage des centre-villes et grandes métropoles.

Cela fait des années que certaines associations et entreprises militent pour un développement plus fort de l’agriculture urbaine. À la fois pour des raisons écologiques (réduction des ilots de chaleur, bénéfices en matière d’alimentation et de développement des circuits courts, effets positifs sur la biodiversité en ville), mais aussi pour des questions de cohésion sociale.

À lire sur ce sujet : l’exemple de Merci Raymond et de ses projets d’agriculture urbaine en banlieue Parisienne



Entre 2020 et 2022, l’ADEME accompagnera également 22 territoires volontaires dans des quartiers à énergie positive et à faible impact carbone. Un projet qui vise notamment à créer une dynamique et un référentiel de travail pour ensuite industrialiser ces démarches. Les dispositifs écoquartiers et écocités seront également mutualisés. Enfin, le gouvernement va proposer une simplification des dispositifs d’appui en faveur de la ville et des territoires durables.

Autre mesure emblématique de cette feuille de route : l’exemplarité des 14 établissements publics d’aménagement sous tutelle du ministère de la ville et du logement qui devront utiliser au moins 50% de matériaux biosourcés dans leurs nouveaux projets ; ainsi que de transformer ou limiter les places de parkings en faveur de zones végétalisées et de proposer au moins 20% d’espaces favorables à la biodiversité.

atelier sur l'agriculture urbaine mis en place par Merci Raymond
Ateliers sur l’agriculture urbaine mis en place dans le quartier de La Grande Borne par le collectif Merci Raymond


Sans oublier la formation et la coopération internationale

Des actions en faveur de la formation sont également proposées afin de structurer une « filière d’excellence de la ville durable » et faire en sorte que les différents corps de métiers (architectes, urbanistes, paysagistes) soient parties prenantes de cette transition. En dernier point, Julien Denormandie souhaite également avancer sur une feuille de route International qui viserait à promouvoir le modèle français en matière de ville durable. Un point important pour favoriser les échanges avec d’autres pays et qui, on l’espère, saura également s’inspirer des démarches similaires effectuées par d’autres pays.

Dans la même veine, une association « France ville durable » sera mise en place par Vivapolis (le réseau des acteurs publics et privés de la ville durable, animé par l’État) et par l’Institut Ville Durable (un think-tank et une association pour faire émerger la ville durable). Elle aura pour ambition « d’apporter un appui aux projets innovants, d’organiser la diffusion et la promotion des expériences et savoir-faire français en matière de Ville durable ». Son rôle sera aussi d’accompagner la formation des acteurs et de valoriser les projets locaux.

À lire sur ce sujet : notre interview de Hervé Allègre, délégué général de l’Institut Ville Durable