Dans un rapport de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), le député et mathématicien français Cédric Villani précisait en juillet 2018 que « L’hypothèse d’une réussite de [l’Hyperloop] ne peut pas être exclue à cette date, même s’il serait prudent d’attendre le bilan des premières réalisations, annoncées au début des années 2020. » C’est en effet la date promise parmi les constructeurs de train à hyper grande vitesse, à l’image des entreprises américaines HTT et Hyperloop One pour les premiers tests en conditions réelles avec passagers. Nous y sommes enfin.
Parmi les différents projets Hyperloop (voir ci dessous), c’est finalement Virgin Hyperloop qui prend de l’avance sur ses concurrents. En effet, la start-up américaine a annoncé avoir procédé avec succès dans le désert du Nevada au premier test de transport de passagers à bord d’un train futuriste supersonique. Le train a embarqué deux passagers, le cofondateur Josh Giegel et la directrice de l’expérience passager, Sara Luchian. La capsule, nommée Pegasus, a voyagé dans dans le tube expérimental DevLoop à une vitesse de 172,8 km/h sur une distance de 500 mètres, soit un voyage de 15 secondes.
Le projet présenté par Elon Musk en 2013 – de proposer un train fonçant à 1200 km/h dans un tube sous vide d’air à la manière d’un pneumatique géant -fait beaucoup rêver le grand public, les ingénieurs et investisseurs. Même Guillaume Pépy, ex patron de la SNCF (société d’ailleurs actionnaire de l’entreprise Hyperloop One) l’avouait en 2015 : “Hyperloop est un projet à la fois allumé et visionnaire, nous le suivons de près“. Mais alors que les années passaient, la promesse de ce transport futuriste se faisait attendre et commençait presque à décevoir. Rien qu’en matière de vitesse, le record « all-time » a été établi en 2018 par des étudiants allemands à l’aide d’un prototype de capsule non-habitable. Un record à 467 km/h, bien en dessous de la vitesse atteinte par le TGV…
Hyperloop : quelles avancées en 2020 ?
L’Hyperloop est relativement bien représenté en France, puisque 2 des 3 principaux constructeurs, Transpod et Hyperloop Transportation Technologies, y sont présentes. Le troisième principal acteur sur le sujet est la société Hyperloop One. Toutes ont annoncées de grands projets pour les années à venir.
Transpod, une piste d’essai qui prend du retard
En France, l’Hyperloop a d’abord fait parler de lui l’année dernière du côté de Limoges. Le canadien Transpod y a en effet installé un centre de R&D et promis la construction d’une piste d’essai de 3 kilomètres qui devait être opérationnelle en 2020. À l’heure actuelle, les travaux n’ont toujours pas commencé et l’entreprise a repoussé les premiers essais à la fin de l’année. Si ce n’est en 2021. C’est en partie du côté des financements que réside la difficulté. Sur les 20 millions d’euros nécessaires au projet, l’entreprise en a trouvé 6 pour le moment. Suffisant ? Cela reste à voir. Dans l’intervalle, à l’occasion de l’exposition universelle de Dubaï, la société y présentera un prototype de sa capsule. Transpod avance sûrement… mais doucement !
Virgin Hyperloop One et des projets qui s’empilent
Virgin Hyperloop One a longtemps été l’entreprise la plus avancée en matière d’Hyperloop. Premier record de vitesse en 2017 sans passagers (386 km/h) et des annonces concrètes pour la mise en service de lignes aux Emirats Arabes Unis et en Inde, ainsi que des études de faisabilité aux Etats-Unis notamment. Depuis, l’entreprise qui visait de premiers trajets commerciaux pour le milieu des années 2020, a récemment procédé au premier voyage de passagers dans un tube Hyperloop. Un tournant dans l’aventure.
Hyperloop Transportation Technologies
HTT a pu construire en France, près de Toulouse, une piste d’essai de 320 mètres… Ce qui n’est pas énorme mais c’est déjà ça. Elle a également fait partie des premières à dévoiler un prototype de sa capsule fin 2018. L’entreprise américaine pourrait être la première à concrétiser le projet… mais reste à savoir où ? Car si elle annonce des trajets pour 2020, il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’infrastructure suffisante pour réussir un transport de passager ou de marchandises en Hyperloop. Il faudra donc attendre encore quelques années pour voir le transport du futur sur les rails.
Un projet qui continue de faire rêver
Il y a énormément de contraintes à la mise en oeuvre de l’Hyperloop, à commencer par les infrastructures nécessaires au projet, la sécurité des passagers et marchandises, le cadre règlementaire, le coût faramineux du projet ou encore la (trop) faible plus-value écologique que ce transport pourrait apporter. Pourtant, ce projet continue de mobiliser tout autour du monde.
En France, outre les sociétés nord-américaines HTT et Transpod, le français SpaceTrain commence à faire son chemin en reprenant le concept d’aérotrain qui avait vu – brièvement – le jour dans les années 60 et 70. Un projet qui devrait aboutir d’ici 5 ans à de premiers tests. Et un concurrent crédible à l’Hyperloop.
Ailleurs, la société Hollandaise Hardt prévoir la construction cette année d’un Centre Européen de l’Hyperloop, qui devrait être opérationnel en 2022 et proposer des pistes d’essais ainsi que des infrastructures de recherche & développement. L’entreprise n’en est pas à ses débuts puisqu’elle avait gagné un concours sur l’Hyperloop organisé en 2017 par Elon Musk. Elle souhaite, par ce projet, favoriser la coopération mondiale pour aboutir le plus rapidement possible à la mise en oeuvre de ce mode de transport. À noter que dans la vision européenne de l’Hyperloop, ce train du futur aurait notamment le rôle de remplacer les avions, essentiellement les courts et moyens-courriers, afin de réduire la pollution.
Mais vous l’aurez compris, ça n’est pas pour 2020. Il faudra patienter encore un peu.