A l’heure où 52% des français veulent que les entreprises s’engagent pour l’environnement, il est essentiel qu’une partie de leurs activités soient davantage en phase avec la préservation de la biodiversité et des écosystèmes. Un aspect bénéfique pour la transition écologique mais aussi pour la productivité, la pérennité et l’image de ces acteurs économiques vis-à-vis de leurs partenaires, de leurs équipes et de leurs clients.

D’autant qu’une large part de notre économie est liée aux services écosystémiques qui dépendent directement, donc, de la nature. Rien de plus normal que les entreprises jouent donc le jeu sur le foncier qu’elles détiennent ou via des activités de soutien à des programmes préservant la biodiversité.

C’est donc pour améliorer l’engagement des entreprises dans cette voie que l’Office français de la biodiversité a créé, en mars 2020, en partenariat avec le Ministère français de la Transition Écologique, le programme “Entreprises engagées pour la nature -Act4Nature France”. Il a pour but de faire émerger et de valoriser des projets d’entreprises qui vont dans le sens de la protection de la biodiversité. 


Une protection par la sensibilisation et l’action concrète

Les entreprises de ce programme bénéficient d’un accès au club des engagés et aux outils pour les aider à développer leur projet. Le programme leur donne une visibilité nationale et même internationale et les inclut dans un réseau multi-acteurs. Elles peuvent aussi inclure directement les activités liées à ce programme à leur stratégie RSE.

Au sein du programme, les entreprises doivent intégrer la biodiversité dans leurs activités, par exemple dans leur chaîne de production ou dans leurs investissements. Elles ont le devoir d’agir directement et concrètement en faveur de la biodiversité et de sa protection. Également, elles ont un rôle de communication et de sensibilisation, auprès de leurs salarié.e.s ou toutes les personnes qui auront à faire à l’entreprise, que ce soit les client.e.s ou les fournisseurs. 

Pour participer, il suffit d’être une entreprise française, signer les 10 principes communs (qu’on retrouve sur le site de l’Office français de la biodiversité) et de fournir un plan d’actions pluriannuel, précis pour la biodiversité et qui respectent certaines conditions de mesurabilité (réalisme, pertinence et temporalité limité par exemple, afin de réduire les risques de greenwashing). Il n’y a pas de conditions de taille, d’expérience liée au sujet ou de secteurs d’activités pour les entreprises.

130 entreprises adhérentes, dont 40% de grandes entreprises

Aujourd’hui, le programme compte déjà 130 entreprises adhérentes. Elle en comptait 55 en juin 2021, dont 40% de grandes entreprises. Les entreprises viennent de secteurs divers et variés comme la construction et l’immobilier, la logistique, la vente de vêtements ou de cosmétiques, l’agriculture ou encore la communication.

Les actions futures tournent autour de la lutte contre la transformation des habitats et le dérèglement climatique mais aussi les facteurs d’érosion, les pollutions, les espèces exotiques envahissantes et l’exploitation des ressources naturelles. Un programme similaire existe aussi pour les collectivités territoriales, « Territoires Engagés pour la nature », et pour les associations, les fédérations professionnelles et autres sous le nom de « Partenaires Engagés pour la nature ».

L’initiative étant récente, il est difficile d’estimer son impact et d’évaluer la prise de mesures concrètes des entreprises à date. Certaines sont cependant assez intéressantes, à l’image – par exemple – du groupe Center Parcs qui inclut dans ce programme son action pour atteindre l’objectif de Zéro Artificialisation Nette. À ce titre, l’entreprise a ouvert récemment un nouveau parc sur une zone déjà artificialisée, en l’occurrence une ancienne base militaire.

champ de lin en fleurs


Un triste état des lieux de la biodiversité française

Un sujet qui n’est pas neutre puisqu’en France, la perte de la biodiversité terrestre est d’abord due à l’agriculture et à l’artificialisation des terres. Entre 2006 et 2015, environ 65 800 hectares sont artificialisés par an en France métropolitaine, et le chiffre est en constante évolution depuis. La pollution lumineuse et le changement climatique jouent aussi leur rôle dans le bouleversement des écosystèmes.

Selon la liste rouge nationale, mise en place par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), depuis 2008, 17,6% des 13 842 espèces évaluées en France sont menacées de disparition et 187 espèces ont déjà disparu. Plus de la moitié des amphibiens et des poissons d’eau douce sont menacés en France. Certaines espèces ont pu éviter la disparition grâce à la prise de mesures de protection, comme pour la loutre ou le bouquetin, mais la France reste dans le triste Top 10 des pays hébergeant le plus d’espèces menacées.

Bien sûr, des actions sont prises. Par exemple, l’État français s’est engagé à ce que 30% des aires marines et terrestres soient protégées à l’horizon 2022. Mais la faune et la flore continuent de subir d’importants dégâts. Or, on estime que 40% de l’économie mondiale repose sur des services rendus par la nature. De quoi pousser les entreprises à s’intéresser davantage au sujet.

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