Les Horizons : Étienne Guilbeau, pouvez-vous nous présenter 1Kubator ?

Étienne Guilbeau : 1Kubator a été créé en 2016 à Lyon, suivi par un 2ème bureau à Bordeaux, et l’année suivante Nantes, puis Rennes, Lille et Strasbourg. 1Kubator a été créé pour accompagner les entrepreneurs en région où le digital fait la différence. Il y a en effet beaucoup de structures basées à Paris et dès qu’on sort de la capitale, il y a très peu d’offres d’accompagnement complètes pour des entrepreneurs qui se lancent.

1Kubator est donc né de ce constat, pour accompagner des entrepreneurs qui sont au tout démarrage de leur projet, avec un besoin de financement et de structures d’accompagnement, et d’être entourés. Notre cœur de métier c’est l’incubation, depuis le stade de l’idée d’un projet parfois balbutiant avec généralement une seule personne à porter le projet, parfois deux. On accompagne jusqu’à la preuve de marché, preuve de concept, premier financement.

1Kubator propose aussi des programmes d’accélération qui permettent aux startups qui ont passé ce premier stade d’accélérer leur croissance, de nouer des partenariats clés, aussi de s’étendre au national voire à l’international, et pour accélérer leur croissance.


Comment définiriez-vous la raison d’être d’1Kubator ?

1Kubator accompagne l’innovation en France, en région, pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d’entreprendre de façon concrète et pragmatique.

1Kubator investit dans les startups qu’il accompagne à hauteur de 10%, pour un financement de 25 000 euros


Quelle est votre particularité par rapport à d’autres incubateurs français ?

Notre 1ère spécificité est que nous fonctionnons en réseau, ce qui est un réel avantage pour les entrepreneurs qui entrent chez 1Kubator. Que ce soit à Lyon, Rennes, Lille, Strasbourg ou autre, chaque entrepreneur rentre avant tout dans un réseau national de startups, de partenaires, de mentors.

Ensuite, 1Kubator investit dans les startups qu’il accompagne, c’est notre modèle économique. En contrepartie de l’accompagnement, de l’hébergement et de tout le suivi dont elle bénéficie, 1Kubator entre au capital de la startup. L’entrée au capital est à hauteur de 10%, pour un financement de 25 000 euros, pour toutes les startups accompagnées en incubation après validation réciproque d’une période d’essai.

Notre maillage régional est fort, ce qui nous permet de nouer des partenariats avec des grands groupes pour l’accélération, avec des laboratoires pour des startups en DeepTech, avec des écoles. Nous connaissons bien l’écosystème local en fait, ce qui favorise les relations avec nos startups.

Une fois que les startups rentrent chez nous par l’incubation, elles peuvent poursuivre l’accompagnement avec de l’accélération puisque nous sommes opérateurs d’accélérateurs de grands groupes, comme le groupe pharmaceutique Boehringer Ingelheim basé à Lyon. Notre programme d’accélération Synapse s’adresse aux startups dans la santé, qui peuvent démarrer l’incubation chez 1Kubator et poursuivre l’accélération gratuitement chez Synapse.

À ce jour, 1Kubator a accompagné près de 400 entreprises et en a financé 130.


Quel est le type d’entrepreneurs qui viennent chez 1Kubator ?

Nous accueillons des entrepreneurs dans lesquels le digital va faire la différence. Nous avons aussi créé des thématiques, sous forme d’options dans le programme d’incubation 1Kréation.

Nous avons aussi le programme 1Kréation Impact, pour les startups à impact, dans l’univers TechForGood. Le programme a été co-construit avec une startup nantaise que nous avons nous-même incubée, Impact Track, dont l’objectif est d’accompagner les entreprises pour mieux gérer, communiquer et mesurer leur impact.

C’est un programme vraiment spécifique avec des interventions thématiques de partenaires ou d’entreprises externes. Sur les ateliers, toutes les startups d’1Kréation Impact sont fédérées au niveau national, quelle que soit leur ville d’implantation.

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Comment se déroule le programme d’accompagnement ?

Il fonctionne par saison : la promo Automne a été accueillie en septembre, la promo Hiver va arriver en janvier, puis deux autres en avril et juin. En fait, notre appel à projets est continu sur notre plateforme. Une fois le projet déposé, les entrepreneurs sont contactés par nos mentors, des experts professionnels de tout secteur, pour échanger et se faire challenger. Ça fait avancer leur réflexion sur leur projet avant d’être sélectionnés pour entrer chez nous. On a plus de 300 mentors sur le réseau national.

Les programmes 1Kréation durent 10 mois, à part 1Kréation DeepTech qui est un peu plus long, car les projets peuvent mettre plus longtemps à émerger. Idem pour le programme Hardware, autour des objets connectés.

Le programme est très calibré, avec plus de 60 ateliers pour chaque promotion de startups. Les promotions thématiques ont 15 à 20 ateliers supplémentaires sur leurs spécificités. Tous les sujets des services annexes, bancaires, juridiques, RH, etc. sont vus avec des partenaires qui viennent sur place pour conseiller les entrepreneurs.

Le financement d’1Kubator arrive dès que la période d’essai est validée. Et à la fin on accompagne sur les premiers financements, avec le 1K Day, une journée dédiée aux levées de fonds avec des rencontres entre investisseurs et startups. À ce jour, 1Kubator a accompagné près de 400 entreprises et en a financé 130.

Notre filiale avec nos développeurs peut produire les MVP. Les startups testent ainsi rapidement leur concept avec une solution technologique à moindre coût.



Quels bénéfices les entreprises retirent-elles de l’accompagnement 1Kubator ?

En premier lieu, dès le démarrage de son projet, l’entrepreneur n’est pas seul, on l’accompagne. 1Kubator se positionne comme un vrai partenaire, on va mouiller la chemise. Comme nous sommes associés, c’est dans notre intérêt que le projet réussisse. Nous sommes là parce qu’on croit au projet et on veut les accompagner loin en partageant une vision commune. C’est pourquoi on entre au capital.

Le deuxième bénéfice pour les startups c’est d’intégrer un réseau. Pour celles qui sont dans l’univers de l’impact, de l’immobilier ou autre, elles intègrent un réseau national du même secteur, ce qui crée énormément d’échanges entre les startups d’une ville à l’autre et d’une thématique à l’autre. C’est riche parce qu’elles peuvent partager le même quotidien, ou affronter une problématique identique à 6 mois d’écart. L’échange est gagnant-gagnant.

Nous avons le projet d’ouvrir dans quatre nouvelles villes, à Marseille, Montpellier, Toulouse et peut-être Grenoble


Avez-vous des success stories à nous présenter ?

Impact Track a eu une croissance intéressante, même si c’est une jeune boîte. Son fondateur est arrivé chez nous il y a deux ans, tout seul, avec une idée et toute son expérience, et aujourd’hui ils sont quatre. Impact Track est en pré-accélération chez Novapuls à Nantes et commence à avoir pas mal de clients et à devenir référent sur la mesure d’impact dans son secteur.

C’est très représentatif de ce qui se passe chez nous, des personnes qui arrivent avec une certaine expérience dans un secteur et qui se rendent compte qu’il y a un problème à résoudre, où le numérique peut permettre ce déblocage-là.

Il y a aussi la startup lyonnaise Hawkcell qui a adapté l’imagerie médicale aux animaux, une réelle avancée dans la santé animale. Les fondateurs ont été accueillis à Lyon et Hawkcell fait partie du programme 1Kréation DeepTech. Il a été co-accompagné par Pulsalys, membre du réseau SATT – Sociétés d’accélération du transfert de technologies, pour faire le lien avec les laboratoires dans le DeepTech. Hawkcell a été sélectionné par 1Kubator il y a un peu plus d’un an, et connaît une croissance très forte depuis quelques mois, avec des commandes d’IRM en France.

À Rennes, on a commencé à accompagner Foodologic au printemps 2019. Foodologic permet de limiter le gaspillage alimentaire et valoriser les fruits et légumes hors calibre, ou non récoltés, en proposant une solution qui met en relation des producteurs avec des entreprises de la restauration collective et des industries agroalimentaires. Ça crée une chaîne de valeur pour ces produits alimentaires « moches ».


Voyez-vous des grandes tendances se dessiner dans votre périmètre d’activité ?

Nous constatons depuis un an qu’il y a de plus en plus d’entreprises à impact qui postulent chez nous. Et les projets sont de plus en plus solides, avec des entrepreneurs qui ont une bonne connaissance du marché, qui ont davantage travaillé leur concept, avec une vraie vision pour leur entreprise. Nous sommes ravis de ce constat.

Une autre tendance, qui peut varier d’une ville à l’autre, c’est des innovations technologiques plus fortes, avec une volonté d’avoir des verrous technologiques et de nouer des partenariats avec des laboratoires.

En 2021, nous lançons aussi notre réseau de franchises (…) avec un objectif de 20 franchises en 2024


Et aujourd’hui, quels sont les projets à court ou moyen terme d’1Kubator ?

À court terme nous avons le projet d’ouvrir dans quatre nouvelles villes, dont au moins deux pour 2021, pour être présents dans dix villes. Comme nous sommes peu présents dans le Sud, nous allons ouvrir à Marseille, Montpellier, Toulouse et peut-être Grenoble.

En 2021, nous lançons aussi notre réseau de franchises pour ouvrir dans des villes où des incubateurs indépendants seraient aptes à accompagner les entrepreneurs. L’objectif est de proposer notre offre d’accompagnement dans ces villes un peu plus petites. Les deux premières franchises ouvrent en 2021, avec un objectif de 20 franchises en 2024. Et nous effectuons actuellement une seconde levée de fonds de 10 millions d’euros.

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