Le projet de la startup Crowdfarming est né du souhait de permettre aux agriculteurs de prévoir à l’avance ce qu’ils vont vendre, et à quel prix, afin de sécuriser au maximum leurs productions et d’éviter le gaspillage. Mais aussi, leur permettre d’acheminer leurs produits plus facilement aux consommateurs, de manière plus économe, tout en permettant à ces derniers de voir comment leurs aliments ont été cultivés, en disposant d’une ligne de communication directe avec les agriculteurs afin « de leur faire passer leurs commentaires et leur transmettre leur gratitude ». 

À la tête de ce projet, ce sont les frères Gonzalo et Gabriel Úrculo, qui, après avoir repris la plantation d’oranges de leur famille, ont cherché à se détacher de la chaîne d’approvisionnement alimentaire traditionnelle. Pour ce faire, ils ont créé un site web pour vendre directement leurs oranges au consommateur final, sans dépendre d’intermédiaires.

Dans le but de partager leur expérience et de faire valoir un nouveau modèle d’agriculture, ils ont créé CrowdFarming en 2017, une plateforme en ligne où les agriculteurs peuvent vendre leur récolte directement aux consommateurs finaux. À leurs côtés, les ont rejoints Juliette Simonin, experte en finance et en opérations, et le génie de l’informatique Moises Calviño.

Les fondateurs de Crowdfarming

Des prix de vente fixés par les agriculteurs eux-mêmes

Présente en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne, l’entreprise Crowdfarming souhaite transmettre tous les bienfaits de l’agriculture biologique et accompagner les agriculteurs vers des modes d’agriculture plus responsables. À travers leur plateforme de mise en relation directe du producteur avec le consommateur, l’entreprise permet aux producteurs de fixer leur prix de vente. L’entreprise ajoute ensuite à ce prix le coût logistique de la livraison, qu’elle effectue dans 24 pays d’Europe, ainsi qu’une commission de gestion.

Ce système garantit au producteur de bénéficier de son prix initial. Le consommateur, lui, se rend directement sur le site de Crowdfarming où il se retrouve face à des produits bio, livrés par caisses, et choisit ce qu’il désire acheter après avoir préalablement renseigné son adresse de livraison. 

La marque de fabrique de Crowfarming, c’est son « système d’adoption », qui permet au consommateur d’adopter chez le producteur un arbre, un mètre carré de terrain, ou encore un animal, « afin de lui permettre de suivre ce qui se passe sur l’exploitation, d’accompagner le producteur dans toute son année agricole, et de recevoir le produit au moment de la récolte », explique la co-fondatrice Juliette Simonin. 

Ce système permet au producteur d’avoir de la visibilité sur ses ventes, lui garantit un prix juste, et surtout lui permet de ne pas être dépendant des marchés. « Peu importe la conjoncture, le producteur sait qu’il produit à prix juste quoi qu’il arrive », résume la co-fondatrice. « Cela lui permet d’investir pour aller plus loin, et lui permet de communiquer avec le consommateur. On fait discuter les deux directement. Cela a un vrai effet bénéfique, car l’agriculteur peut ainsi approfondir sa recherche d’agriculture responsable. Cette communication facilitée paraît évidente, mais pourtant elle n’est pas du tout mise en place aujourd’hui dans le système traditionnel de chaînes d’approvisionnement alimentaire où tout est déconnecté, dans lequel le producteur n’a jamais de retour sur son produit ». 

Site de Crowdfarming


L’accompagnement des producteurs par une équipe d’ingénieurs

Avec plus de 200 agriculteurs répertoriés, dont une trentaine en France, Crowdfarming permet à 350 000 consommateurs de bénéficier de produits biologiques, issus d’une agriculture durable et transparente, et ce dans toute l’Europe. Composée de 150 salariés d’une quinzaine de nationalités différentes, l’entreprise compte également des ingénieurs agronomes, dont la mission est d’être présents sur le terrain auprès des agriculteurs, afin de les aider à remplir leurs défis, dont la conversion au bio, mais aussi le passage à l’agriculture régénérative pour certains. Ce type d’agriculture, qui va au delà du bio, contribue à ce que les sols s’améliorent et se régénèrent, mais demande un investissement important de la part producteurs. 

Ces derniers peuvent rejoindre Crowdfarming lorsque la structure est en mesure de leur garantir que leur offre trouvera une demande, afin de leur éviter des pertes et leur assurer que leur travail portera ses fruits. Pour assurer sa visibilité, l’entreprise cherche à se faire connaître des producteurs grâce à différents salons et événements, mais surtout grâce au bouche à oreille entre producteurs. 

Par la suite, l’entreprise envisage d’augmenter la variété de produits français qu’elle propose sur le site, tout en continuant à accompagner les producteurs en conversion au bio. Car en effet, selon Juliette Simonin, « Comme cette conversion n’est pas simple, on a créé un mouvement d’accompagnement pour aider un producteur qui décide de passer au bio, le soutenir dans ses ventes, car le fait de passer au bio entraîne un risque de perte de rendement ». 

Agriculteur


En effet, lorsqu’un agriculteur cesse d’utiliser des intrants sur ses produits afin de se convertir au bio, ses rendements baissent, tandis qu’en parallèle le produit pourtant dépourvu de résidus n’est pas encore considéré comme bio pendant un certain temps. Cela empêche le producteur de vendre ce produit plus cher qu’en agriculture conventionnelle. Crowdfarming a ainsi à coeur « de permettre aux producteurs de vendre à un prix presque équivalent à celui des producteurs en bio, pour les aider à se convertir au bio ». 

Après une première levée de fonds réalisée en septembre 2021, Crowdfarming souhaite continuer à démontrer la viabilité de son modèle. Actuellement dans une phase d’investissement, l’entreprise souhaite ouvrir son système à davantage de producteurs tout en continuant ses activités, dont l’accompagnement des agriculteurs sur le packaging, afin d’envoyer les produits aux consommateurs de la manière la plus durable possible.   

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