Toutes les grandes métropoles françaises sont concernées par l’obligation de réussir leur transition écologique. Il s’agit d’une nécessité au regard du défi climatique auquel nous faisons face. C’est surtout une nécessité en matière de santé publique. Pour rappel, la pollution de l’air est en cause dans le décès prématuré de 48 000 personnes chaque année en France. Un peu comme si la ville d’Annecy disparaissait tous les ans.
Paris, Marseille, Lyon, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Rennes, Grenoble, Nice, Montpellier, Toulouse… Toutes ces villes sont aujourd’hui encore soumises à des dépassements des seuils réglementaires et/ou recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour les polluants atmosphériques, comme le dioxyde d’azote ou les particules fines.
Les antennes françaises de l’UNICEF, Greenpeace et du réseau Action Climat se sont penchées sur la manière dont ces 12 grandes métropoles agissent pour réduire la pollution de l’air. Dans un rapport publié le 11 décembre 2019, elles mettent en exergue les actions entreprises, essentiellement liées au trafic routier, principale source d’émission de ces polluants.
Lire aussi : Pour décongestionner les villes, mieux vaut miser sur le report modal que sur de nouvelles voies
Les alternatives à l’usage de la voiture individuelle
Construire des pistes cyclables sécurisées et des places de stationnement pour le vélo
En France, 60% des déplacements font moins de 5 km. Ce qui équivaut à un trajet de 20 minutes en vélo. Dans les grandes villes européennes qui font figure d’exemple en matière d’environnement, comme par exemple Oslo our encore Copenhague, la mise en place d’infrastructures dédiées au vélo est toujours cité comme un facteur clé de succès.
En France, c’est la ville de Strasbourg qui semble être le bon exemple en la matière. 8% des déplacements se font à vélo dans l’agglomération (et 15% des déplacements en centre-ville). La pratique du vélo est notamment prise en compte systématiquement dans la conception de nouveaux quartiers et dans des projets comme l’extension de lignes de tramway. Un facteur expliquant le fait que, ces dernières années, la pratique du vélo s’est diffusée à l’extérieur du centre-ville et touche maintenant les quartiers périphériques.
Grenoble est également citée comme un bel exemple à ce sujet, avec un Réseau Vélo Express en construction. Il comptera 44 km de voies larges et séparées de la chaussée d’ici 2022. La ville dispose également du plus grand parking à vélo de France (1150 places) pour favoriser l’intermodalité train/vélo. Dans le centre-ville de Grenoble, le vélo représente aussi 15% des déplacements.
Bordeaux, Lyon ou encore Nantes sont citées comme d’autres exemples intéressants en la matière. D’une manière générale et, sans surprise, c’est la construction de pistes cyclables sécurisées et de places de stationnement dédiées au vélo qui encourage et développe cette pratique. Ainsi que la lutte contre le vol, l’un des principaux freins à l’usage de la bicyclette.
Beaucoup de maires affirment vouloir "donner la priorité aux mobilités alternatives" mais cela ne reste bien souvent que des mots…
— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) December 8, 2019
Dans les actes, ça donne ça ⬇️ #cohérence https://t.co/8JEVKgCw5W
Des transports en commun pour les zones péri-urbaines
Améliorer le maillage, la fréquence, la régularité, la vitesse commerciale, le confort, l’attractivité des offres commerciales et l’intermodalité. C’est en somme les actions à mettre en oeuvre pour favoriser l’usage des transports en commun. Sur ces points, les grandes métropoles mettent notamment l’accès sur des offres accessibles et sur le développement du maillage et de l’intermodalité pour toucher les zones péri-urbaines.
Dans les grandes villes françaises, Strasbourg, Nantes, Lyon et Paris se distinguent sur le sujet par l’extension et l’amélioration de leurs réseaux. Nantes et Strasbourg sont citées pour la mise en place une tarification solidaire indexée sur les revenus, pour plus de solidarité. À Nantes, pour réduire l’usage de la voiture individuelle sur les trajets domicile/travail, la ville a également travaillé sur le développement du covoiturage, avec notamment la première offre de covoiturage intégrée à un Pass de transport en commun.
C’est en particulier sur cet aspect que les villes françaises travaillent afin de réduire les trajets automobiles entre le coeur de ville et les zones péri-urbaines. Si le covoiturage est une solution intéressante, plusieurs villes misent également sur la création de RER (en projet à Strasbourg), de Tram-Train (en projet à Lille) ou d’une coopération régionale avec le réseau TER (en projet à Bordeaux).
Lire aussi : Barcelone rend la ville à ses habitants avec les super-îlots
Vers des villes sans voitures pour une meilleure qualité de l’air ?
Des Zones à Faibles Émissions pour interdire les véhicules polluants
La Loi d’Orientation des Mobilités implique que toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants seront tenues d’étudier la faisabilité de la mise en place de Zones à faibles émissions (ZFE). Aujourd’hui, 23 communes s’y sont déjà engagées, avec des résultats positifs sur la qualité de l’air. Gage de résultat, les restrictions de circulation des véhicules les plus polluants à Madrid ont permis une réduction de la concentration en dioxyde d’azote de 32 %, par exemple.
Parmi les 23 communes françaises à avoir déjà mis en place des ZFE, on retrouve seulement 2 des 12 plus grandes villes françaises. Il s’agit évidemment de Paris, dont la ZFE restreint la circulation des véhicules « non classés » ou dotés de vignettes Crit’air 5 et 4 pour Paris intra-muros, et uniquement des véhicules « non classés » et dotés de vignettes Crit’air 5 pour le périphérique. À noter que le Grand Paris prévoit une sortie complète du diesel en 2024 et une sortie complète de l’essence en 2030.
La seconde ville à avoir mis en place une ZFE est Strasbourg, avec une interdiction concernant les véhicules de livraison dans le centre-ville depuis septembre 2018. L’objectif de la municipalité est d’interdire le diesel pour ces véhicules et sur cette zone d’ici à 2021/2022. La ville prévoit également une interdiction des véhicules Diesel d’ici 2025.
À Grenoble et Lyon, la mise en place de ZFE pour les poids-lourds et les véhicules utilitaires est également en réflexion. Des projets qui sont également en cours d’étude à Lille et Montpellier.
Rendre visible la place du piéton en ville #paris pic.twitter.com/7D2ERe8jaZ
— Alexandre Laignel (@alexandrelai) November 29, 2019
Réduire la vitesse et augmenter les zones piétons
En Europe, les exemples de villes ayant réussi à réduire l’usage de la voiture individuelle – comme Pontevedra, en Espagne, où les émissions de CO2 ont baissé de 61% depuis 1999 – tiennent en partie à la piétonnisation du centre et à la limitation de la vitesse à 30km/h, voire davantage. Des mesures qui se développent dans les grandes villes françaises, tout comme la réduction du nombre de places de stationnement.
En France, Grenoble a étendu sa zone piétonne et généralisé la limitation de vitesse à 30 km/h sur la quasi-totalité de sa métropole (45 communes sur 49), ce qui en fait le meilleur élève en la matière. La réduction de la voirie dédiée au stationnement et à la circulation automobile s’est aussi concrétisée.
Rennes et Lille sont également deux métropoles où la vitesse à 30km/h est en cours de généralisation. Tout comme à Paris (sauf sur les grands axes), mais cela se ressent moins étant donné la conception très particulière qu’ont les conducteurs parisiens du code de la route. Ce qui se ressent davantage, en revanche, c’est la réduction du nombre de places de stationnement en voirie ainsi que la requalification de certaines voies pour y construire des pistes cyclables.
Enfin, quelques métropoles se détachent du lot grâce notamment à la mise en place de manière pérenne de restrictions de circulation des véhicules motorisés aux abords de quelques écoles aux horaires d’entrée et de sortie, comme c’est le cas à Nantes, Grenoble ou encore Strasbourg.
Pour aller plus loin, l’intégralité du rapport est disponible ici