C’est quoi les néonicotinoïdes ?
Les néonicotinoïdes sont des produits toxiques employés comme insecticides afin de protéger les cultures des insectes nuisibles. La particularité de ces produits est d’agir directement sur le système nerveux central des insectes. Cela leur confère ainsi une efficacité redoutable qui font de ces intrants de synthèse les alliés incontournables des exploitants agricoles depuis des années.
Commercialisés par des géants de l’agrochimie comme Bayer ou Syngenta, les néonicotinoïdes représentent environ 40 % du marché mondial des insecticides agricoles à l’heure actuelle. Cependant, leur aspect nocif sur la biodiversité, en particulier sur les insectes pollinisateurs, fait des néonics des produits controversés dont l’interdiction est débattue sans relâche depuis plusieurs années.
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Pour aller plus loin
En agriculture comme au jardin voire parfois dans l’industrie, l’utilisation d’intrants de synthèse pour protéger les cultures et les animaux est largement répandue. On distingue en général trois grandes catégories de pesticides : Les herbicides (utilisés contre les mauvaises herbes) ; les fongicides (utilisés contre les champignons) et les insecticides (contre les insectes, donc).
Les insecticides à base de néonicotinoïdes sont les plus répandus aujourd’hui dans le monde. Et, à l’instar des herbicides à base de glyphosate, les produits à base de néonicotinoïdes sont au coeur de vastes débats concernant leur interdiction. En effet, ces produits sont dits « systémiques », ce qui signifie que le toxique circule dans tout le système vasculaire de la plante. Ce sont donc les feuilles, mais aussi le pollen ou le nectar qui contiennent l’insecticide.
Et c’est bien là le problème car cela induit des effets mortels sur les insectes responsables de la pollinisation des plantes. Les abeilles et bourdons en tête. Or, en Europe par exemple, les abeilles sont responsables d’environ 80% de la pollinisation des plantes (pour rappel, la pollinisation est le processus qui permet la reproduction des plantes, et donc leur survie). Sans les abeilles, nous aurions beaucoup moins de végétation. Donc beaucoup moins d’aliments. Et à terme, beaucoup moins d’humains.
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3 problèmes d’envergure pour la biodiversité
Les néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux central des insectes. À certaines doses, cela peut les tuer. Mais lorsque les doses pulvérisées sont trop faibles pour les tuer directement, ces expositions altèrent leur sens de l’orientation, leur faculté d’apprentissage ou encore leur capacité de reproduction. Une étude a par exemple prouvé que certaines abeilles exposées à des pesticides néonicotinoïdes étaient incapables de retrouver le chemin de leur ruche. Elles finissaient donc par mourir dans la nature. D’autres tests effectués sur des bourdons ont démontré une relation de causalité entre ces pesticides et leur incapacité à se reproduire.
Mais le problème le plus grave et le plus pervers est que ces produits agissent comme des neurotoxiques. En fait, les néonicotinoïdes sont des produits dérivés de la nicotine. Les abeilles exposées finissent donc par y prendre goût et deviennent accro aux plantes pulvérisées par ces produits comme l’humain devient accro à sa cigarette.
Autre problème d’envergure : Les plantes n’absorbent en moyenne que 10% du produit. Le reste termine dans les sols et, certaines de ses molécules étant solubles dans l’eau, cela finit par contaminer les terres alentour. Et pour finir, sachez que des études menées récemment tendent à prouver que ces produits auraient des conséquences sur la santé humaine en agissant comme des perturbateurs endocriniens.
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Une interdiction lente à se dessiner
Il existe différentes formes de néonicotinoïdes. Depuis fin 2013, un moratoire de l’Europe interdisait 3 molécules (l’imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxame) sur la plupart des cultures (tournesol, maïs, colza), sauf sur les céréales à paille, sauf l’hiver, et sauf sur les betteraves. Après une longue bataille juridique, le Vendredi 27 Avril 2018, l’UE a finalement voté pour l’interdiction intégrale de ces 3 produits.
En France, en août 2016, une loi plus ambitieuse, dite “loi de la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages” a prévu d’interdire non pas seulement les trois néonicotinoïdes cités plus haut, mais quatre de plus – soit 7 au total à partir du 1er septembre 2018. Cependant “des dérogations à cette interdiction pourront être prises par un arrêté conjoint des ministres chargés de l’agriculture, de l’environnement et de la santé. Ces dérogations pourront être accordées jusqu’au 1er juillet 2020″ indique le texte de loi. En France, les producteurs de betteraves ont ainsi bénéficié de ces dérogations en 2020, 2021 et 2022.
Reste que le déclin des abeilles ainsi que le déclin des oiseaux est à un stade alarmant et que ces interdictions partielles et lentes à se dessiner mettent en péril notre biodiversité. D’autant qu’après les scandales liés aux glyphosate et aux néonicotinoïdes, nous ne sommes pas à l’abri d’en apprendre davantage sur encore d’autres produits phytosanitaires répandus.