Bogotá, la capitale de la Colombie, compte actuellement plus de 7 millions d’habitants. En 2017, la ville avait émis 11 421 724 tonnes d’équivalent CO2. 48% de ces émissions sont liées au secteur des transports, contre 19% pour la consommation énergétique ou encore 15% dans le secteur de l’industrie et de la construction. Fort de ce constat, la capitale colombienne a donc décidé de prendre le sujet à bras le corps.
D’autant plus que la situation est urgente car Bogotá est réputée pour être la ville la plus embouteillée au monde, avec 133 heures annuelles perdues au volant et une vitesse moyenne de 17 km/h au dernier kilomètre. Pour faire face à ce double-enjeu, la ville a donc mis en place des stratégies pour restreindre le recours à la voiture individuelle.
Entre autres initiatives, elle a par exemple imposé récemment une limite de vitesse à 50 km/h en ville ; utilisant la réduction de la vitesse comme un levier pour diminuer le trafic. En France, nous avons d’ailleurs la même logique avec les villes à 30 km/h. Plus récemment encore, en avril 2021, la mairie de Bogotá a mis en place un plan d’action climatique, dont les objectifs s’étaleront sur les 30 prochaines années, et qui vise à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
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Un plan qui vise la neutralité carbone d’ici 2050
Ce plan stratégique vise à doter Bogotá des outils et des mécanismes nécessaires pour faire face à la crise climatique. Pour cela, le Plan Action Climat fournit à la ville une feuille de route visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 15 % d’ici 2024 ; de 50 % d’ici 2030 ; pour enfin atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La mise en oeuvre du plan d’action climatique devrait permettre à Bogotá d’atteindre les objectifs proposés dans la stratégie de l’Accord de Paris de 2015, qui vise notamment à éviter une augmentation de plus de 2°C de la température moyenne mondiale, par rapport aux niveaux préindustriels.
Le document contient 30 mesures qui seront coordonnées par le secteur public, avec le soutien et l’engagement d’entreprises privées, d’organisations environnementales, de syndicats, ou encore d’universités. En matière de transports, la ville s’est ainsi fixée pour objectif de développer des stratégies visant à encourager le transport durable, et de faire la promotion du vélo, des transports en commun ou encore de la marche.
Le PAC fixe également la nécessité de remplacer les combustibles fossiles par d’autres combustibles à faible intensité carbonique, voire neutres en carbone, dans les transports publics de la ville. Claudia Lopez, la maire de la ville issue du partie l’Alliance Verte, a par ailleurs déclaré que « le meilleur investissement […] est de fonder notre système de transport de masse sur un réseau électrique, libre, propre, soutenable, non seulement urbain mais aussi régional« .
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Un réseau de bus et de pistes cyclables considérable
Pour le moment, la politique de la ville en matière de transports se divise en 2 grands axes : le premier repose sur le TransMilenio, le plus grand réseau de bus à haut niveau de service au monde. Jusqu’à présent, le réseau rencontrait des difficultés de service et de pollution, depuis sa mise en place en 2000. Pour résoudre cela, la ville va progressivement électrifier le réseau du TransMilenio afin d’atteindre une conversion électrique de 100% de la flotte de bus d’ici 2050. En parallèle, la première ligne de métro est attendue, pour laquelle les travaux ont débuté en 2020.
Actuellement, les transports publics représentent la part modale la plus importante de la ville, à raison de 37%, contre 24% de piétons et 20% de voitures. Le vélo, parent pauvre de la politique mobilité de la ville jusqu’ici, représente 7% de part modale. Le deuxième axe du PAC en matière de transports repose donc sur le développement d’une politique fondée sur le vélo.
La ville compte déjà 600km de pistes cyclables et quelques initiatives intéressantes. Par exemple , elle a mis en place chaque dimanche, depuis 1974, une journée sans voitures. De même, la ville a ouvert plus de 80 km de pistes cyclables temporaires lors du confinement, période pendant laquelle le vélo a représenté plus de 16% de la part modale de la ville.
Enfin, la ville de Bogotá a souhaité nouer des partenariats avec le C40 Cities Finance Facilities ainsi que certaines autres villes colombiennes telles que Medellin, Cali ou encore Monteria, pour mettre en place un système de vélos partagés. Par la suite, la ville espère réduire la congestion, les accidents et la pollution de l’air grâce à son projet « Bicicarga », lancé en 2020 par le secrétariat à la mobilité. Ce projet, appuyé par la Banque Mondiale, vise à doter des entreprises de marchandises ainsi que des opérateurs logistiques en tricycles électriques pour décongestionner les derniers kilomètres de livraison.