En 2010, l’autoconsommation individuelle et collective d’électricité représentait une capacité de production d’1 MW en France. Près de dix ans plus tard, elle est de 283 MW, pour environ 70 000 sites sur tout le territoire. Une explosion des installations, de plus en plus souvent collectives, qui prouve l’engouement pour ce mode de production. Et d’après les analystes de RTE, ce sont près de 4 millions de personnes qui pourraient devenir autoconsommateurs à l’horizon 2030, soit 4% de la consommation électrique nationale.
Dans une centrale en autoconsommation collective, la fourniture d’électricité s’effectue entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs consommateurs finaux liés entre eux au sein d’une personne morale organisatrice (PMO).
Dans la majorité des cas, la source d’énergie est solaire, par le biais de panneaux photovoltaïques (PV). Cette technologie en pleine croissance est boostée par la chute des prix des panneaux, qui rend la production d’électricité solaire désormais compétitive. Fin 2019, selon les données d’Enedis, 15% des installations photovoltaïques raccordées au réseau étaient des dispositifs d’autoconsommation.
Quel avantage à se lancer dans l’autoconsommation électrique ?
En juin dernier, Loïc Blanc, de la société Enercoop Midi-Pyrénées, estimait dans nos colonnes que l’autoconsommation électrique est « l’un des meilleurs exemples de fonctionnement en circuit court en dehors de l’alimentation. » Il précisait que le coût de l’électricité n’est pas nécessairement inférieur dans un système d’autoconsommation, mais qu’il a l’avantage de le sécuriser sur 30 ans, soit la durée de vie moyenne de l’installation.
Pour une entreprise, ce choix peut permettre de revendre son surplus de production non consommée à un tarif non régulé. Ce surplus, produit en fin de journée et le week-end par exemple, peut ainsi idéalement répondre aux besoins de particuliers sur ces mêmes périodes, quand les entreprises sont généralement inactives.
Un système qui présente de nombreux avantages, notamment pour des collectivités, car ils favorisent l’emploi local et réunissent plusieurs partenaires et la population autour d’un projet structurant commun et écologique. Des projets qui améliorent l’image du territoire, en démontrant son ambition environnementale et son caractère innovant et dynamique.
De plus en plus d’acteurs publics désireux d’autoconsommer
L’autoconsommation collective peut avoir encore plus de sens sur un territoire rural ou isolé, à l’instar de la communauté énergétique Harmon’Yeu, créée autour d’un projet d’autoconsommation collective sur l’île d’Yeu en Vendée. Inauguré le 2 juillet dernier, le projet innovant concerne vingt-trois maisons individuelles, dont cinq hébergent 64 panneaux PV. La production solaire est de 23,7 KWc, reliée à une batterie de stockage du surplus de 15 KWh. Ce qui ne peut pas être stocké est injecté sur six ballons d’eau chaude. Le tout, production et consommation, est piloté par un Energy Management System (EMS) qui administre le système avec un ajustement optimisé toutes les cinq minutes.
Grâce à cette installation, la communauté Harmon’Yeu autoconsomme 96 % de sa production et réinjecte gratuitement les 4 % restants dans le réseau Enedis. Son taux d’autonomie atteint 28 %. Autour de la mairie de l’île d’Yeu, le projet réunit Engie, l’association Elise, Vendée Habitat et le Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée (SyDEV).
Le SyDEV a franchi une nouvelle étape en inaugurant, le 21 septembre dernier à La Roche-sur-Yon, un système d’autoconsommation et de stockage d’énergie sur des batteries recyclées de véhicules électriques. C’est grâce à un partenariat avec Bouygues Énergies & Services que le SyDEV alimente son siège via le projet PhARRE – Photovoltaïque, Autoconsommation, Recharge et Réseau Électrique. Un système qui allie 200 m2 de panneaux solaires en toiture pour une production de 39,5 KWc, à une capacité de stockage du surplus de 48 KWh. Le caractère innovant réside ici dans l’usage, en 2nde vie, de quatre batteries de véhicules électriques ayant perdu 1/4 de leur capacité de stockage, ce qui les rend impropres à l’usage de transport. Leur utilisation est ainsi prolongée de 10 ans.
Un cadre réglementaire précis mais favorable
L’État a affiché ces dernières années son ambition d’accompagner le développement de l’autoconsommation en facilitant la reconnaissance de l’autoconsommation collective, et en obligeant les gestionnaires de réseau à faciliter ces opérations.
Qu’elle soit collective ou individuelle, l’autoconsommation est encadrée par plusieurs textes officiels. C’est le décret d’application de la loi relative à l’autoconsommation d’électricité, publié le 28 avril 2017, qui a fait la distinction entre autoconsommation individuelle et collective. Et un nouvel arrêté tarifaire solaire photovoltaïque, publié au JO le 10 mai 2017, a instauré une prime à l’investissement pour les solutions photovoltaïques en autoconsommation à destination des particuliers et des entreprises.
La définition s’est affinée avec la publication le 24 novembre 2019 de l’arrêté fixant la proximité géographique de l’autoconsommation collective étendue (Loi Énergie Climat). Ainsi, les projets doivent s’inscrire dans un périmètre maximal de 2 km entre deux sites participants, pour une puissance de 3 MW maximum.