Le 25 janvier dernier, le décret très attendu encadrant la réutilisation des eaux usées traitées dans les usines agroalimentaires a été publié au journal officiel. Un soulagement pour le secteur, alors que les périodes de sécheresses s’intensifient ces dernières années et que les menaces de pénuries d’eau pèsent sur les industriels et les populations.

Jusqu’à présent, les usines agroalimentaires pouvaient uniquement réutiliser les eaux usées pour des usages externes à leur site, sans les mettre en contact avec les aliments. Cela se limitait, par exemple, au nettoyage des quais de réception des produits ou des parois extérieures des camions.

Grâce à ce nouveau décret, les professionnels de l’agroalimentaire en France seront désormais autorisés à réutiliser leurs eaux usées traitées pour le nettoyage de l’intérieur des usines, y compris les lignes de production, et même des aliments. Pour les industriels de l’alimentaire, dont 43 % des volumes d’eaux utilisés servent au nettoyage, cette décision ouvre la voie à une gestion plus durable des ressources hydriques.

« Cela devrait permettre, à terme, de réduire de 20 % à 25 % nos prélèvements en eau« , précisait ainsi auprès de nos confrères de l’AFP Clothilde D’Argentré, chef de projet à l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea).

Toutefois, la réutilisation de ces eaux, même après traitement, dans la fabrication directe des aliments (bières, boissons, etc.) reste interdite et sujette à des questions sanitaires qui ne sont pas encore tranchées.

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La France encore en retard sur la réutilisation des eaux traitées

Dans le contexte climatique que nous connaissons, la réutilisation des eaux usées apparaît comme une solution incontournable pour l’ensemble des pays du globe. Les projections de l’ONU mettent en lumière l’urgence de telles mesures, sachant que 40% de la population mondiale est susceptible de faire face à des pénuries d’eau d’ici 2050.

L’utilisation des eaux usées traitées contribue en effet à la préservation de la ressource en eau en remplaçant les prélèvements dans la nature, voire l’utilisation d’eau potable pour des usages qui ne le nécessitent pas. Cette transition vers une économie circulaire de l’eau vise à garantir la sécurité sanitaire et à préserver l’environnement.

En août dernier, un décret avait déjà autorisé la réutilisation des eaux sortant des stations d’épuration pour certains usages non-domestiques en France, tels que le nettoyage des voiries ou l’arrosage des espaces verts. Néanmoins, l’hexagone reste très en retrait sur cette pratique par rapport à d’autres pays. Israël, par exemple, réutilise 87% de ses eaux usées traitées, tandis que Singapour atteint les 30%. En Europe, l’Espagne se situe à 14% et l’Italie à 8%. La France est à moins de 1%. Le potentiel d’amélioration est donc considérable.

Un aspect particulièrement prometteur de la réutilisation des eaux usées traitées est son application à l’irrigation des cultures agricoles. L’agriculture, premier secteur touché par la sécheresse, pourrait bénéficier de ces eaux traitées. Il s’agit d’ailleurs d’une solution prônée par la FAO.

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