C’est quoi l’agrivoltaïsme ?
L’agrivoltaïsme est une pratique qui consiste à mêler la production d’électricité renouvelable avec l’élevage d’animaux ou la culture de végétaux. Il existe plusieurs techniques agrivoltaïques mais la plus répandue consiste à couvrir certaines productions agricoles (vignes, fruits, légumes) d’une toiture amovible et orientable faite en panneaux photovoltaïques.
Ces panneaux ont ainsi un rôle protecteur pour les cultures (protection contre les intempéries comme la grêle ou contre l’exposition au soleil). Cette combinaison entre production d’énergie renouvelable et agriculture à ainsi l’immense avantage de ne plus artificialiser des hectares de terres arables pour installer uniquement des panneaux solaires.
Cette pratique se nomme également agrophotovoltaïque, solar sharing ou encore agrinergie. En France, elle est notamment mise en avant par Sun’Agri, la startup Ombrea ou encore le producteur d’énergies renouvelables Akuo Energy, une PME qui s’est faite remarquer en octobre 2019 pour avoir inauguré, dans le Vaucluse, la plus grande centrale photovoltaïque flottante d’Europe.
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Pour aller plus loin
À l’origine de l’agrivoltaïsme, il y a la nécessité pour nos générations d’allier une croissance démographique en constante augmentation et des productions agricoles durables et en quantités suffisantes pour nourrir la planète. Un paradoxe puisque l’augmentation de la population implique un étalement urbain et une artificialisation des sols qui se fait au détriment des terres agricoles.
Cette problématique se fait en parallèle de la nécessité d’obtenir une énergie durable pour contenir l’effet de serre et le réchauffement climatique qui en découle inexorablement. Or, là aussi, la mise en place de fermes solaires (des champs remplis de panneaux photovoltaïques) se fait au détriment des terres agricoles.
C’est donc en Asie, et particulièrement au Japon, dont l’étroite plaine côtière est saturée de constructions urbaines alors que les terres arables manquent cruellement, que les premiers projets d’agrivoltaïsme sont nés. La Corée du Sud, la Malaisie et le Viet-Nam ont emboîté le pas car ces états doivent composer également avec leurs éléments naturels. Cette pratique s’étend désormais au monde entier.
Certaines cultures se prêtent facilement à l’agrivoltaïsme. La vigne et les productions fruitières, par exemple. Mais aussi les cultures maraîchères. Concrètement, de solides portiques supportent l’infrastructure amovible et orientable entre les rangées. Ainsi les cultures peuvent être successivement mises à l’ombre en cas de trop forte chaleur, ou protégées des coups de froid (une atténuation de l’ordre de 3°). Et enfin, en jouant sur l’orientation des panneaux, il est aussi possible de faire gouttière pour les eaux pluviales qui pourront ainsi arroser en douceur les plantes. Ou bien être redirigées vers des puits de réserve afin d’anticiper des épisodes de sécheresse.
En France, les premiers projets d’agrivoltaïsme mené par l’entreprise Sun’r, comme au domaine de la Pugère (dans les Bouches du Rhône) ont mis en évidence le rôle protecteur des panneaux, puisque les parcelles témoin (non équipées) souffrent beaucoup plus que celles qui sont à l’abri. Par ailleurs, les quantités d’eau nécessaires à l’arrosage pour les parcelles témoin est inférieur de 20% aux autres.
Il existe aussi d’autres manières de concilier la production d’électricité renouvelable et l’agriculture. L’un des exemples les plus répandus réside dans le fait de faire pâturer des ovins (moutons ou agneaux) dans des champs de panneaux solaires.
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Vers une labellisation par l’INRAE ?
Les procédés agrivoltaïques sont suivis et aidés par l’INRAE. Ce sont ces établissements publics qui gèrent la comparaison scientifique entre parcelles témoin (sans système photovoltaïque) et les parcelles équipées. L’objectif étant de labelliser des dispositifs qui prouvent un gain environnemental sur les parcelles équipées.
Car d’aucuns ont fait remarquer que ce procédé pourrait être utilisé simplement pour couvrir de panneaux solaires des cultures et s’enrichir ainsi au détriment des productions. La labellisation permettra aussi de viser d’autres marchés à l’International, comme en Australie, en Californie ou en Afrique Subsaharienne. .
Comme l’agrivoltaïsme donne la priorité aux rendements agricoles, l’électricité durable produite est un bonus qui aujourd’hui (selon la parcelle équipée) peut éclairer entre 350 et 600 foyers, outre le fait d’alimenter les exploitations agricoles. En 2018 les neuf sites agrivoltaïques français ont fourni 15.3 MW…. un petit mais très encourageant rayon de soleil comparé aux 7 660 MW issus du photovoltaïque en 2017.
C’est pourquoi la firme agrivolta s’est tournée vers la production d’ombrières qui n’ont pas vocation à être utilisés exclusivement dans des champs. Cette innovation a été récompensée en 2017 par le 1er prix des Smartcity innovation awards. Une ombrière est une structure non amovible, en plan incliné et qui peut couvrir notamment des parkings. Une innovation qu’on retrouve également chez la start-up Ombrea.
En 2022, la filière française de l’agrivoltaïsme s’est renforcé l’obtention d’une première certification AFNOR qui encadre la pratique et protège les agriculteurs face à la spéculation financière ainsi que des projets qui sont trop orientés sur la production d’électricité au détriment des activités agricoles.