Consommer « autrement », oui, mais comment ? Face aux interminables rayons des supermarchés, on est facilement pris d’une subite envie de fuir devant l’abondance de labels environnementaux.

De quoi en décourager plus d’un à modifier ses habitudes de consommation. Pour plus de 50 % des Français, pourtant, consommer de manière responsable implique de modifier ses habitudes de courses pour privilégier des produits porteurs d’un label environnemental, certifiés éthiques, locaux et moins polluants. Et pour cause, quels qu’ils soient, les biens de consommation (y compris produits alimentaires et produits de construction) participent à l’épuisement des matières premières et des ressources. Ils pèsent pour 70 % dans les émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France, selon l’Ademe.

Difficile en effet d’identifier ce qui se cache derrière la jungle de mystérieux labels apposés au dos des barquettes de dinde, des paquets de riz ou des produits cosmétiques. Alors, comment distinguer les mentions sérieuses ?

fruits et légumes


Labels certifiés et greenwashing

L’élément qui garantit la fiabilité d’un label réside notamment dans sa conformité à un « référentiel », c’est-à-dire à un cahier des charges qui décrit des critères environnementaux. Le respect de ces conditions par un produit donne lieu à l’obtention d’un label environnemental et autorise à l’apposer sur le produit : sans ce référentiel et sans une certification par une tierce partie indépendante, le consommateur n’a aucune preuve des garanties offertes par le label, souligne des travaux menés par l’Ademe.

À l’échelle internationale, la norme ISO 14024 définit une liste d’exigences d’utilisation et d’attribution des labels environnementaux. Selon l’Ademe, trois labels sont conformes aux critères les plus importants de cette norme : l’Écolabel européen, l’Ange bleu et l’Écolabel nordique.

L’objectif des labels est double : d’une part, promouvoir les produits ayant une incidence moindre sur l’environnement par rapport à des produits standard d’usage similaires. Cela implique de prendre en compte tout le cycle de vie du produit : de la culture ou de l’extraction des matières premières à la fin de vie du produit. Il est par ailleurs essentiel d’adopter une approche multi-impacts : un label environnemental ne peut se focaliser sur l’amélioration d’un aspect environnemental seulement, au risque d’en négliger d’autres aussi important et de générer des transferts de pollution : par exemple, remplacer les sacs plastiques par des sacs en papier. Chacun a ses avantages mais aussi ses impacts environnementaux propres. La consommation d’énergies fossiles générées par les sacs plastiques est remplacée par la consommation de bois pour les sacs en papier avec un risque de consommation de bois non gérés durablement.

D’autre part, les labels environnementaux fournissent aux consommateurs un outil facilement reconnaissable pour leurs achats. Encore faut-il avoir en tête les bons labels.

Des applications mobiles permettent de mieux connaitre la composition de certains produits
De plus en plus d’applications mobiles comme Yuka viennent en aide aux consommateurs pour mieux s’y retrouver


Des outils numériques au secours des consommateurs

Dans ce contexte, les initiatives émergent pour orienter le consommateur dans ses choix d’achats.

L’Ademe propose ainsi depuis novembre 2018 une page Internet pour aider le consommateur à décortiquer le contenu de son panier de courses. Pour cela, l’agence publique a procédé à un rigoureux travail d’analyse des labels pour établir une liste de 100 labels environnementaux, en conformité avec 7 critères de la norme ISO 14024 et proposant les critères environnementaux les plus pertinents pour cette catégorie de produit. Certains intègrent en outre des critères sociaux, éthiques ou sanitaires.

Le consommateur peut ainsi choisir entre 12 catégories de produits : alimentation, entretien et nettoyage, hygiène et beauté, vêtements et chaussures, mobilier, literie, textile de maison, bricolage et déco, papeterie et fournitures, multimédia, jeux et jouets, hébergement.

Il sélectionne dans chacune de ces familles les produits qui l’intéresse et découvre un à six labels fiables en fonction de ce qu’il souhaite acheter : pour l’acquisition d’une couette, l’Ecolabel européen est le seul préconisé par l’Ademe. En matière de café, vous aurez le choix entre les labels Agriculture biologique, UTZ certified, Rainforest Alliance ou Max Havelaar, marque bien connue de commerce équitable.

Pour chaque label, le site précise s’il est « très bon » ou « excellent » : une analyse détaillée des objectifs, garanties, points forts et axes d’amélioration est également fournie. À l’image de ce site pour une consommation plus responsable, de nombreuses applications ont vu le jour au cours des dernières années : comme celle du WWF, qui aide à devenir éco-responsable à travers quelques réflexes faciles à adopter au quotidien ou encore Etiquettable, une application mobile de cuisine durable, à destination de tous, rassemblant les meilleures infos pour s’alimenter autrement.

logo open food facts
La base de donnée collaborative Open Food Facts informe les consommateurs sur la composition et l’origine des produits achetés


Une indispensable simplification

Le constat est clair : se repérer dans l’inflation des mentions environnementales s’avère de plus en plus complexe. Une simplification de la communication environnementale reste donc indispensable et encouragerait probablement les individus à s’engager dans une consommation plus responsable.

Enfin, certaines allégations environnementales sont à prendre avec des pincettes, comme « naturel », « bon pour la santé », « vert » ou encore « purifie l’air »… Tout produit a un impact environnemental et il est malhonnête de le nier. Ces termes sont parfois galvaudés par les marques pour mettre en avant un produit, au mépris de l’information vérifiable, juste loyale et transparente qu’elles doivent au consommateur.

The Conversation

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

L’auteure :Emily Spiesser, Service « Consommation et Prévention », direction économie circulaire et déchets, Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie)