Avec 6 millions d’utilisateurs en à peine 20 mois, l’application mobile Yuka peut se targuer de rentrer haut la main dans le palmarès des belles succes stories de la foodtech française. Elle fait partie du top 10 des applications gratuites sur l’Appstore et le Playstore.

Rien que son blog comptabilise plus d’un million de visiteurs uniques chaque mois. Des chiffres sensationnels qui illustrent parfaitement les attentes des français en terme d’alimentation. Un succès qui est aussi révélateur d’une tendance : celle de la transparence et du marketing de la preuve. Une tendance qui vient répondre à la crise de confiance qui existe entre les consommateurs et les marques.

Pour aller plus loin : voir notre dossier thématique sur la transparence alimentaire


Mieux connaître les aliments pour mieux se nourrir

Car en effet, aujourd’hui, près de 15% de la population française utilise des applications mobiles du même type que Yuka pour faire les courses. Ces applications, elles permettent d’obtenir des informations sur la composition des produits alimentaires. Leur but est de nous aider à survivre dans l’enfer des descriptions des produits de grande consommation. In fine, de pouvoir aiguiller ceux qui sont à la recherche d’une alimentation saine vers le bon produit. Et le bon produit, c’est celui qui est à la fois bon d’un point de vue nutritif sans être mauvais pour la santé.

On est ici sur un terrain annexe des préoccupations environnementales concernant, par exemple, l’impact des pesticides sur la qualité des produits. Mais, si la plupart des incidences de l’environnement sur l’alimentation se produisent dans la phase de production (agriculture ou transformation des aliments), les ménages influencent également ces effets à travers leurs choix et leurs habitudes alimentaires. Un point essentiel. 

C’est d’ailleurs inscrit dans les objectifs de développement durable de l’ONU.  Et pour accompagner ceux qui le souhaitent vers des produits plus sains – à la fois pour la santé et l’environnement – il y a désormais une offre technologique à portée de main. Ces applications s’appellent donc Yuka, Foodvisor, Scan’Up, Is My Food Good… Leur fonctionnement est assez similaire. En scannant simplement le code-barres d’un produit à l’aide de votre téléphone, elles sont capables d’en déchiffrer pour vous la composition et les informations nutritionnelles. Pour la plupart, elles vous recommandent également des produits similaires ayant de meilleures compositions. 

Mais entre autres points communs, saviez-vous que la grande majorité – si ce n’est la totalité – de ces applications est adossée à un projet collaboratif et open-source appelé Open Food Facts

photo d'une jeune femme qui utilise un smartphone.
Près de 15% de la population française utilise des applications mobiles pour mieux connaître les produits alimentaires


Open Food Facts, la grande base de données des produits alimentaires

Open Food Facts est une initiative née en 2012 sous l’impulsion de Stéphane Gigandet. Il s’agit d’une gigantesque base de données alimentée par les consommateurs. Un peu à l’image de Wikipedia. Une base de données qui compile à date des informations sur plus de 600 000 produits de 200 pays différents grâce à plus de 9 000 contributeurs. 

Ces informations concernent les ingrédients, les allergènes, la composition nutritionnelle mais aussi le lieu de fabrication ou encore le type d’emballage pour chaque produit. Ainsi, Open Food Facts permet par exemple de connaître les origines des ingrédients des produits labelisés commerce équitable. Ou encore, elle donne des informations sur la traçabilité et sensibilise donc au bilan carbone parfois effrayant des produits de grande consommation. En outre, en donnant accès aux applications mobiles d’accompagnement nutritionnel, Open Food Facts permet de toucher le plus grand nombre d’utilisateurs possible. Et de cette manière, cette association à but non-lucratif encourage insidieusement les marques à changer d’attitude. 

Car c’est là tout le pouvoir de la connaissance partagée. Dès lors que les consommateurs se détournent d’une marque pour des pratiques qu’ils ne jugent pas en accord avec leurs valeurs, ils forcent cette marque à revoir sa manière d’être. Ainsi, on peut espérer que ce projet favorise l’essor de meilleures pratiques dans l’industrie alimentaire. C’est en tout cas l’un de ses objectifs. 

un plat de fruits et légumes bio
Open Food Facts souhaite donner une meilleur information sur les produits afin d’aider à une meilleure alimentation – Photo : Charlotte Roy


Open Product Facts pour un élargissement à toutes les industries

Aux yeux de Stéphane Gigandet, son fondateur, Open Food Facts est surtout «un projet d’intérêt public» qui a vocation à s’étendre. Il permet aux consommateurs de mieux consommer. Il encourage les producteurs à mieux produire. Il va dans le sens du développement durable, et il n’est pas restreint uniquement à l’alimentation. En effet, depuis quelques temps, le projet s’est élargi à de nouveaux horizons. Avec une déclinaison pour les produits cosmétiques par exemple, via le biais d’Open Beauty Facts. Une initiative qui est également couplée avec son désormais (presque meilleur) partenaire, la start-up Yuka. 

Mais le vrai grand projet, c’est Open Product Facts. Un projet qui vise à référencer l’intégralité des produits que l’on peut consommer afin d’avoir un impact maximum sur nos modes de consommation. Un travail titanesque qui pourrait cependant être rendu possible par les milliers de bénévoles qui participent au projet. (Et que vous pouvez rejoindre facilement). 

Car après tout si Wikipedia est devenue une réelle encyclopédie, c’est grâce au travail collaboratif et à l’open-source. Il n’y a donc aucune raison que cela ne puisse pas être le cas aussi pour Open Product Facts. Une raison de plus de d’accorder du crédit à ces initiatives qui mêlent la technologie et l’intérêt général ? On souhaite en tout cas à ce projet de continuer de s’épanouir. 

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