Circular Challenge Citeo est un accélérateur de projets dédiés à l’économie circulaire des emballages ménagers et papiers graphiques. Il vise à faciliter le passage à l’échelle des solutions innovantes avec l’ambition de réconcilier performance économique et impact environnemental, grâce à un accompagnement sur mesure d’un an.

Les Horizons, en partenariat avec Citeo, vous propose de découvrir en détail ces innovations et les perspectives qu’elles offrent en matière d’économie circulaire.


Les Horizons : Clément Marty, pourriez-vous nous expliquer ce que propose UNICO ?

Clément Marty : En quelques mots, il s’agit d’une solution clé-en-main pour faciliter la logistique et la gestion des opérations à destination des collecteurs de déchets avec de meilleures interactions au niveau des points de collecte.

Sur une seule plateforme, le gestionnaire a donc à sa disposition toutes les fonctionnalités possibles (création de tournées, gestion de bacs, facturation en bout de chaîne, etc.). En parallèle, nous avons une interface pour les chauffeurs, qui sont sur le terrain, qui sont équipés de tablette pour l’aide à la navigation, avec suivi de flotte GPS, un peu comme un « Waze des déchets« .


Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer ce projet ?

Nous sommes trois associés, Jules Grammont, Colin Nicolas et moi-même. C’est sur les bancs de l’école d’ingénieur que nous nous sommes rencontrés, et nous étions déjà très intéressés par les questions environnementales et énergétiques.

Ce qui était important pour nous, c’était de pouvoir apporter notre expertise à un secteur peu ou pas digitalisé. Nous nous sommes aperçus que la collecte des déchets était un véritable défi et nous avons d’abord pensé qu’une application pourrait être mise à disposition de tous les citoyens, pour optimiser les circuits de collecte en temps réel.

Au fur et à mesure, nous avons affiné notre réflexion et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait énormément de travail à faire en amont et c’est pourquoi nous avons préféré nous concentrer sur les collectivités et le secteur privé, afin de les accompagner sur l’aspect opérationnel de la collecte des déchets.

Nous avons une véritable volonté de collaborer avec d’autres entreprises de l’ESS


Quel est l’impact recherché par votre solution ?

Tout d’abord, nous avons un impact direct en matière d’empreinte carbone : nous diminuons les trajets effectués par les collecteurs de déchets et mutualisons leurs flux logistiques, ce qui constitue un gain de temps pour nos clients, mais aussi une réduction de la pollution. De plus, il y a un un impact sur la gestion des déchets lorsque les chauffeurs sont en déplacement, avec notre solution, ils sont en mesure d’envoyer des photos de dépôts sauvages, ou de bacs endommagés, ce qui améliore la qualité de service et le temps de réponse à ces anomalies.

Enfin, nous avons une véritable volonté de collaborer avec d’autres entreprises de l’ESS qui travaillent, par exemple, sur la collecte des flux de déchets des particuliers ou qui font de la réinsertion par l’emploi. On mêle ainsi la question de l’impact, du social et de la collecte de déchets. C’est le cas avec Gobuse, qui collecte des masques textiles et les transmet à FabBrick, qui produit ensuite des briques grâce à ces textiles usagés. Nous travaillons aussi avec Emmaüs Collecte sur Grenoble. C’est intéressant de pouvoir dialoguer avec d’autres acteurs à impact.


A qui s’adresse votre solution ? A quel besoin marché est-ce que cela répond ?

Nous avons deux typologies de clients : le secteur public et le secteur privé. Concernant le premier, nous travaillons avant tout avec les collectivités territoriales, que nous accompagnons sur les questions d’amont, tandis que sur la partie privée, il peut s’agir de collecteurs de flux traditionnels qui ont besoin d’un avantage compétitif.

Nous avons aussi des actions avec de plus petits collecteurs, qui travaillent avec des flux moins conventionnels, comme le textile. Aujourd’hui, nous nous structurons sur la dimension commerciale mais il devient important de changer d’échelle.


Quel est votre modèle économique ?

A ce jour, nous avons quatre « packages« , qui sont relativement évolutifs selon les typologies de clients. Il y a une partie récurrente, facturée annuellement avec les paramétrages pour chaque client, la formation des agents et la mise à disposition des tablettes embarquées, ce qui représente environ 20% de notre chiffre d’affaires. Nous avons également une licence pour accéder à la plateforme et une pour les solutions de navigation, qui s’adaptent aux collecteurs avec lesquels nous travaillons.


Où en êtes vous aujourd’hui dans votre feuille de route, quels sont les leviers qui vont vous permettre d’accélérer ?

Nous voulons signer nos 50-70 premiers clients cette année. Pour cela, il nous faut embaucher des collaborateurs, pour être une vingtaine d’ici la fin de l’année. A cet effet, nous sommes en train de clôturer une première levée de fonds pour nous accompagner sur la structuration de l’équipe commerciale et opérationnelle et sur la stratégie à moyen/long-terme.

Sur le très long-terme, il pourrait être intéressant de voir comment il peut être possible de mutualiser les flux entre collecte de déchets, services de livraison, aide à la personne… et ainsi gagner en efficacité kilométrique et énergétique.


Vous avez intégré récemment le programme Circular Challenge Citeo : qu’est-ce qui vous a intéressé dans cet accompagnement ?

Citeo est une référence en termes de collecte, de recyclage et d’économie circulaire en France. La structure est en avance sur ces sujets et fait le pari de mêler deux secteurs au sein du Circular Challenge, celui des déchets et des startups, tout en tenant compte de l’écosystème économie circulaire et de l’arrivée du digital. Et c’est l’un des premiers acteurs à nous avoir fait confiance, au tout début du projet.


Après ces premiers mois d’accompagnement, que retirez-vous de ce programme ?

Depuis le début du programme, nous avons pu entrer en contact avec d’autres professionnels, ce qui est très important pour nous. Le Circular Challenge, c’est aussi et surtout des accompagnements, qui nous permettent de creuser nos problématiques et nous aident à évoluer, c’est très enrichissant.

Il y a une conscience collective qui s’élève pour l’écologie, que l’on ressent dans le domaine de l’économie sociale et solidaire


Quelles sont les prochaines étapes pour vous à court et moyen termes ?

À court-terme, nous devons finaliser notre levée de fonds et nous avons besoin de grossir notre effectif pour répondre à l’afflux de clients. Continuer la prospection pour gagner en part de marché et se structurer pour que cet agrandissement soit le plus qualitatif possible.

D’ici fin 2023, nous souhaitons nous adresser aux pays transfrontaliers, qui ont des problématiques assez semblables. C’est le cas du Luxembourg, des pays nordiques, de l’Italie… Nous avons aussi été contactés par des collecteurs d’Asie du Sud notamment, et à la Réunion. Le marché des déchets est global. Il y a un réel besoin, mais nous souhaitons être suffisamment matures en France avant de nous engager dans cette voie.


Pour les cinq ans à venir, quel serait votre souhait/vos envies pour l’économie circulaire ?

Ce qui est intéressant, c’est qu’on constate qu’il y a une conscience collective qui s’élève pour l’écologie, que l’on ressent dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Celle-ci sera un des leviers pour participer au changement. On a une prise de conscience générale sur les questions de tri, de recyclage, de propreté des espaces publics…et ce dernier point peut réellement servir de porte d’entrée pour travailler sur la thématique des déchets.

Il y a le geste citoyen bien sûr, mais il faut aussi prendre en compte ce qui se passe du côté du producteur de déchets. Les nouvelles règles sont intéressantes car elles introduisent la notion de responsabilité : tout producteur de déchets devient responsable de trouver une voie à ses déchets en fin de vie.

Dans les cinq ans à venir, il faudra repenser, dès la conception du produit, son recyclage, ce qui fait que toute la chaîne de valeur doit évoluer en ce sens. De plus, l’ESS s’est véritablement démocratisée ces dernières années, notamment sur les questions de réemploi, de consigne, de réparabilité… ce sont des enjeux qui se développent un peu partout et ont une réelle pertinence. Nous avons tout intérêt à nous inscrire dans cette mouvance et l’associer à ce que les écosystèmes tech et startup peuvent nous apporter.

Vous souhaitez en savoir davantage sur le programme Circular Challenge Citeo et candidater pour la prochaine promotion de cet accélérateur ? (candidatures ouvertes jusqu’au 31 mai 2022) : c’est par ici