Circular Challenge Citeo est un accélérateur de projets dédiés à l’économie circulaire des emballages ménagers et papiers graphiques. Il vise à faciliter le passage à l’échelle des solutions innovantes avec l’ambition de réconcilier performance économique et impact environnemental, grâce à un accompagnement sur mesure d’un an.

Les Horizons, en partenariat avec Citeo, vous propose de découvrir en détail ces innovations et les perspectives qu’elles offrent en matière d’économie circulaire.



Les Horizons : Frédéric Willemart, pouvez-vous nous réexpliquer ce que propose Terravox ?

Frédéric Willemart : Chez Terravox, nous accompagnons les collectivités locales et les bailleurs dans leurs démarches de tri et de prévention des déchets. Notre mission c’est donc d’accompagner les publics pour les aider à transformer leurs déchets en ressources, aussi bien pour l’amélioration de leur cadre de vie que pour favoriser le lien social et le vivre-ensemble.

Nous voulons faire en sorte que l’économie circulaire constitue une véritable opportunité pour améliorer le quotidien et qu’elle ne renvoie pas à un slogan hors sol. Concrètement, nous avons différents formats de sensibilisation qui s’adressent aux usagers, pour leur transmettre des informations relatives aux consignes de tri, à la réduction des déchets, ainsi que pour s’enquérir de leurs freins en matière de prévention des déchets.

Nous avons également des ateliers qui nous permettent de transmettre des compétences et pratiques circulaires de manière pérenne sur le territoire. Enfin, grâce à notre formation professionnelle, nous formons les jeunes, les demandeurs d’emplois, aux premiers métiers de base de l’économie circulaire.  


Quelle a été la genèse de votre projet ?

Terravox est née d’une association d’éducation populaire nommée e-graine. Cette dernière a vu le jour à Trappes et a essaimé depuis dans 8 régions en France. Au sein de e-graine, nous réalisons de l’éducation à la citoyenneté. C’est une association assez généraliste qui parle d’environnement mais également de vivre-ensemble et de participation citoyenne.

C’est dans le cadre de cette association que nous avons constaté qu’il y avait un besoin d’entreprises spécialisées sur la sensibilisation et à l’accompagnement des usagers à la gestion des déchets. Nous avions pris conscience que l’économie circulaire devenait un sujet de plus en plus mature, impliquant de plus en plus de contraintes réglementaires, d’objectifs ambitieux que l’on impose aux collectivités locales, aux bailleurs ainsi qu’aux privés. Donc, nous avons souhaité la création d’une structure spécialisée sur ce sujet-là, en restant toutefois conforme à l’ADN de l’éducation populaire de l’association.

Nous voulons faire en sorte que l’économie circulaire constitue une véritable opportunité pour améliorer le quotidien et qu’elle ne renvoie pas à un slogan hors sol.


Quel est l’impact recherché par votre solution ?

Au sein de Terravox, nous pouvons parler de triple impact. Nous contribuons au tri et à la réduction des déchets, à travers diverses actions et avons de même un impact sur le lien social et le vivre-ensemble en ville. Concernant notre troisième impact, il touche surtout à l’emploi et à l’inclusion.

Nous intervenons surtout dans des quartiers où le gaspillage des déchets est très présent, souvent par manque d’équipements adéquats et à cause d’informations lacunaires qui conduisent à très peu de tri et donc à très peu de recyclage. Nous pouvons également préciser qu’il existe un gaspillage des potentiels des jeunes au sein de ces quartiers. En effet, ce sont souvent des territoires à fort taux de chômage. L’économie circulaire doit ainsi vraiment constituer un levier, avec un impact à la fois sur l’emploi, le développement économique d’un territoire et à la fois sur la préservation des ressources.


À qui s’adresse votre solution ?

Notre cible, ce sont vraiment les usagers du service public de la gestion des déchets. Autrement dit, ce sont les ménages. Nous nous adressons à ces derniers de la part de la collectivité locale, du bailleur social ou du syndicat de traitement des déchets, par exemple. Notre projet phare s’appelle « Ma communauté circulaire », et à travers celui-ci nous cultivons l’idée que dans un quartier donné, il est possible d’améliorer les gestes de tri.

D’une certaine manière, nous cherchons à rendre l’économie circulaire plus enthousiasmante et ancrer durablement des savoir-être, des savoir-faire dans un territoire. L’idée est de voir comment l’économie circulaire peut, non pas être une injonction culpabilisante qui s’adresse uniformément à tous les usagers, mais plutôt représenter une opportunité pour vivre mieux.


Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre modèle économique ?

Nous vendons des prestations aux collectivités locales ou aux bailleurs. Plus précisément, ce sont les interventions de nos éco-animateurs professionnels, formés à l’animation et à l’accompagnement des publics au changement de comportement, que nous vendons. Nous bénéficions d’ailleurs de la présence d’un doctorant en sciences comportementales, qui est co-financé par Citeo et la région Île-de-France.  

D’une certaine manière, nous cherchons à rendre l’économie circulaire plus enthousiasmante


Où en êtes-vous aujourd’hui dans votre feuille de route ? Quels sont les leviers qui vont vous permettre d’accélérer ?

Notre prochain gros enjeu, c’est d’obtenir un format de mobilisation des publics hybrides, c’est-à-dire à la fois physique et digital. En effet, nous sommes présents physiquement avec les habitants d’un quartier, mais nous ne pouvons pas être présents forcément au jour le jour. Et le digital permet non seulement de communiquer beaucoup plus régulièrement avec eux que de relayer des informations ou d’inviter les gens à des événements.

Notre feuille de route, c’est donc vraiment d’aller au bout des synergies entre le physique et le digital pour démultiplier l’impact de nos communautés circulaires. Grâce à notre partenariat avec Trizzy – finaliste du Circular Challenge 2019 – spécialisé dans la communication digitale sur les déchets, nous allons justement pouvoir proposer cette approche conjointe.


Vous avez récemment intégré le programme Circular Challenge Citeo : qu’est-ce qui vous a intéressé dans cet accompagnement ?

Ce qui nous a intéressé, c’est la capacité de Citeo à très bien comprendre aussi bien les enjeux qui nous sont propres que les enjeux globaux des collectivités locales sur lequel ils sont très pointus. Ils nous accompagnent aussi de manière précise et précieuse sur notre évaluation d’impact.

Aujourd’hui, nous sommes face à un fort challenge chez Terravox : celui de démontrer l’impact de nos programmes sur le recyclage des déchets, le lien social apporté et sur la réinsertion dans le monde de l’emploi, pour ainsi convaincre davantage de clients.


Après ces premiers mois d’accompagnement, que retirez-vous de ce programme ? Quels bénéfices ?

Après ces premiers mois d’accompagnement, je dirais que Citeo a vraiment réussi à nous accompagner sur cette question de la mesure d’impact. Depuis 2018, nous avons dû sensibiliser près de 140 000 personnes. Mais, mesurer cet impact sur le tri des déchets, finalement ce n’est pas si simple que ça à notre échelle. Il faut imaginer un protocole assez rigoureux et suffisamment solide pour pouvoir valoriser un impact. Et Citeo nous aide beaucoup là-dessus et a su exploiter les chiffres qu’on avait, mieux que d’autres.

Nous profitons également d’un écosystème avantageux qui nous permet de rentrer en contact avec d’autres startups telles que Heyliot, un capteur de taux de remplissage des bennes à ordures, pour que leur équipe puisse disposer des capteurs dans les quartiers où nous intervenons afin de déterminer précisément nos impacts.

Il faut vraiment prendre conscience que l’économie circulaire est une opportunité d’emplois immense


Quelles sont les prochaines étapes pour vous à court/moyen terme ?

À court-terme, nos prochaines étapes se concentrent sur le renforcement d’un protocole de mesure d’impact. Nous ciblons une levée de fonds au prochain semestre pour pouvoir aller au bout de notre démarche et proposer une offre complète qui soit impactante. Nous avons également effectué un premier essaimage sur la ville de Bordeaux, qui devrait démarrer cet été, mais nous aimerions expérimenter d’autres essaimages dans diverses grandes villes pour démultiplier notre impact et nous déployer à l’échelle nationale.


Pour les 5 ans à venir, quel serait votre souhait pour l’économie circulaire ?

Je pense qu’au niveau politique, il faut vraiment prendre conscience que l’économie circulaire est une opportunité d’emplois immense. Derrière ça, il y a toute une réflexion à avoir autour du partage de la valeur et aussi du partage des emplois. Je pense qu’il est pertinent de se demander dans quelle mesure l’économie circulaire, qui propose des emplois non délocalisables, peut être une solution pour mieux répartir l’emploi sur le territoire.

Aussi, l’autre prisme que nous devons aborder touche à notre rapport à l’innovation. Aujourd’hui, lorsqu’on parle d’innovation, dans la tête de nombreuses personnes, il s’agit essentiellement de l’innovation technologique, et pas toujours de l’innovation sociale. Donc, on finance très bien tout ce qui est « deep tech » ou « digital », mais je pense qu’il y a tout une réflexion à nourrir sur l’innovation sociale, qui est génératrice de qualité de vie et de bien-être. L’économie circulaire est au cœur de cela et cela nous encourage à valoriser cette facette de l’innovation.


Vous souhaitez en savoir davantage sur le programme Circular Challenge Citeo et candidater pour la prochaine promotion de cet accélérateur ? (candidatures ouvertes jusqu’au 31 mai 2022) : c’est par ici