Circular Challenge Citeo est un accélérateur de projets dédiés à l’économie circulaire des emballages ménagers et papiers graphiques. Il vise à faciliter le passage à l’échelle des solutions innovantes avec l’ambition de réconcilier performance économique et impact environnemental, grâce à un accompagnement sur mesure d’un an.

Les Horizons, en partenariat avec Citeo, vous propose de découvrir en détail ces innovations et les perspectives qu’elles offrent en matière d’économie circulaire.



Les Horizons : Ewald Meyer, pouvez-vous nous ré-expliquer ce que vous proposez avec BanQu ? 

Ewald Meyer : BanQu est une plateforme qui utilise la blockchain pour apporter davantage de visibilité et de transparence tout au long des chaînes d’approvisionnement. Nous travaillons ainsi avec de petits producteurs agricoles et les grandes entreprises qu’ils approvisionnent en matières premières. De la même façon, nous accompagnons les collecteurs de déchets afin que leur rôle soit davantage valorisé et qu’ils puissent être rémunérés au juste prix.


Qu’est-ce-qui vous a motivé à lancer ce projet ? 

Tout est parti d’un constat fait par le co-fondateur et CEO de BanQu, Ashish Gadnis. Celui-ci a passé quelques années en République Démocratique du Congo, où il a pris conscience du rôle joué par les fermiers, mais aussi des difficultés que ces derniers rencontraient.

En effet, dans des pays émergents, alors même qu’ils fournissent les grandes multinationales en matières premières, il leur est parfois presque impossible d’ouvrir un compte en banque. Ce qui les maintient dans une situation plus que précaire. C’est le point de départ de BanQu : de retour aux Etats-Unis, Ashish Gadnis a mis au point notre logiciel afin de rendre les canaux d’approvisionnement visibles, transparents et équitables.

BanQu permet ainsi à chacun de conserver une copie des transactions réalisées, avec le détail des quantités et des prix à chaque étape de la supply-chain. Et nous avons aussi souhaité sécuriser les paiements. Une fois le producteur enregistré sur notre plateforme, celui-ci obtient un reçu par SMS qui détaille la transaction réalisée chaque fois qu’il vend ses récoltes. Nous avons aussi développé des partenariats avec les opérateurs mobiles locaux pour pouvoir rémunérer les personnes n’ayant pas de compte bancaire en « monnaie mobile », qui est très populaire dans les pays dans lesquels nous intervenons.


À qui s’adresse votre solution ?

À l’heure actuelle, nous officions dans plus de cinquante pays, notamment en Afrique et en Amérique du Sud, et nous sommes spécialisés autour de deux défis majeurs : celui de l’agriculture et celui de la collecte des déchets.

S’agissant du premier, nous nous sommes intéressés aux économies locales et travaillons en partenariat avec les grandes marques qui les font travailler, car il est difficile de tracer véritablement les actifs, les matières premières et les transactions de bout en bout de la chaîne.

Nous nous appuyons sur le même principe en ce qui concerne la collecte des déchets. Nous nous sommes aperçus que cette dernière reposait en grande partie sur un système très informel, au sein duquel les collecteurs de déchets informels, sorte de chiffonniers modernes, jouent un rôle crucial mais sont complètement marginalisés. Aussi, de la même façon que nous facilitons les échanges entre de grands groupes et les producteurs chez qui ils s’approvisionnent, notre plateforme met en relation les collecteurs avec les entreprises de recyclage et de traitement des déchets et permet de rassembler l’ensemble des transactions et des informations associées sur une même interface.

Nous avons aidé 2,5 millions de personnes à sortir de la pauvreté et souhaitons continuer dans cette voie


Quel est l’impact recherché par votre solution ? 

Pour les agriculteurs, notre but est de pouvoir mettre en relation l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, de haut en bas, en nous assurant qu’ils sont payés à un prix décent. Nous les accompagnons également en leur fournissant des formations pour les aider à mieux vendre leurs récoltes.

Nous avons de beaux résultats : certains ont vu leurs revenus quadrupler et ont pu investir dans des panneaux solaires pour s’alimenter en électricité. En ce qui concerne la gestion des déchets, cela a permis de mieux estimer les besoins ainsi que l’action des collecteurs. Notre action a permis d’augmenter les quantités de plastique recyclées et le salaire des collecteurs, qui a parfois augmenté de 25%. En Afrique du Sud par exemple, des milliers de personnes vivent de la collecte de déchets. Mieux les rémunérer, c’est rendre leurs actions visibles et s’assurer qu’elles perdurent.


Quel est votre modèle économique ?

Les marques avec lesquelles nous travaillons disposent d’un abonnement annuel qui leur permet d’utiliser la plateforme BanQu.


Où en êtes-vous aujourd’hui dans votre roadmap ? Quels sont les leviers qui vont vous permettre d’accélérer ? 

BanQu est rentable depuis deux ans et nous avons un revenu annuel de quatre millions de dollars. Nous avons aidé 2,5 millions de personnes à sortir de la pauvreté et souhaitons continuer dans cette voie. D’ici 2026, nous avons pour objectif d’aider 100 millions de personnes, pour un revenu annuel de 100 millions de dollars.

Aujourd’hui, les entreprises se positionnent davantage sur leurs impacts sociaux et environnementaux, chose qu’elles évitaient un peu il y a quelques années


Vous avez intégré récemment le programme Circular Challenge Citeo : qu’est-ce-qui vous a intéressé dans cet accompagnement ? 

C’est la dimension relative au traitement des déchets qui nous a interpellé. Citeo travaille en effet avec de nombreuses enseignes qui doivent s’engager dans une démarche plus durable et le prouver. C’est le cas notamment pour les grands noms de la filière cosmétiques et des boissons. C’est tout l’enjeu de la Responsabilité élargie du producteur, qui connaît un véritable essor à l’heure actuelle.

En parallèle, de nombreux metteurs sur le marché s’approvisionnent en matières premières dans des régions encore rurales comme l’Inde et certains pays africains. Nous disposons d’une bonne connaissance de ces économies locales et Citeo nous permet d’entrer en contact avec ces entreprises et de leur proposer notre expertise pour améliorer les processus dans les pays où elles opèrent.


Après ces premiers mois d’accompagnement, que retirerez-vous de ce programme ? Quels en sont les bénéfices ? 

Citeo nous a beaucoup aidé dans l’articulation de notre proposition de valeur. L’accompagnement nous a permis de la formuler de manière claire et efficace, et nous a ensuite introduit auprès de leurs autres partenaires.


Quels sont les prochaines étapes pour vous à court et moyen-terme ? 

Nous souhaitons accroître nos ressources pour pouvoir poursuivre notre déploiement. Nous avons ainsi recruté neuf personnes dernièrement et souhaitons continuer dans cette voie.


Pour les 5 ans à venir, quels seraient vos souhaits et vos envies pour l’économie circulaire ? 

Ce que l’on remarque déjà, c’est que l’attention accordée à ces questions est de plus en plus importante et les entreprises se positionnent davantage sur leurs impacts sociaux et environnementaux, chose qu’elles évitaient un peu il y a quelques années. Avec le développement de solutions, ces dernières sont bien plus investies sur ces questions, c’est vraiment positif et il faut souhaiter que cela continue dans cette voie. D’autant que la jeune génération est très consciente des défis auxquels elle doit faire face et souhaite faire avancer les choses. Il faut les encourager.