Les villes représentent l’un des terrains privilégiés de la transition écologique car chaque territoire regroupe en son coeur l’essentiel de nos activités. Transports, qualité de l’air, énergies renouvelables et dépenses énergétiques des bâtiments sont ainsi autant d’enjeux sur lesquels les collectivités territoriales ont tout à gagner, à condition de mettre en place des mesures adaptées.
Sur la question des énergies, on sait que le GIEC place le solaire et l’éolien en tête des solutions pour décarboner la planète. Mais en zones urbaines, le développement des énergies renouvelables est encore à la traîne. Beaucoup de collectivités tentent d’insuffler des dynamiques autour de la production de chaleur, notamment via les réseaux de chaleurs, ou sur l’autoconsommation via l’installation de panneaux solaires photovoltaïques.
En revanche, l’éolien ne s’est pas fait de place dans les villes à l’heure actuelle. Mais cela pourrait changer dans les années à venir. C’est en tout cas ce qu’espère la startup Unéole, qui développe un concept autour d’éoliennes spécialement conçues pour les zones urbaines.
Un sur-toit entièrement dédié à la production d’électricité
Ayant constaté que les panneaux photovoltaïques font progressivement leur apparition aussi bien en ville qu’en zones rurales, tandis que les éoliennes restent cantonnées à la campagne, Quentin Dubrulle intègre en 2012 l’incubateur de l’école IMT Nord Europe avec un projet : développer une éolienne urbaine autour d’un cahier des charges « simple » : les éoliennes urbaines devraient être silencieuses, ne pas générer de vibrations dans les bâtiments, s’intégrer aux architectures existantes et, bien sûr, être bas carbone. Après un premier prototype développé en 2014, il se décide à créer Unéole l’année suivante.
Pour développer son concept, l’entreprise propose un concept inédit et intéressant : équiper les toitures des bâtiments urbains et péri-urbains d’un « sur-toit », c’est-à-dire d’une structure métallique d’environ trois mètres de haut qui permet de tirer partie de toute la surface disponible. « C’est comme un nouvel étage entièrement dédié à la ville durable » souligne Quentin Dubrulle.
Cette structure, qui vient se poser sur des toitures plates d’une surface supérieure à 150m2, telles qu’on les voit sur les bâtiments du tertiaires et les immeubles, permet d’associer des panneaux photovoltaïques à une dizaine d’éoliennes spécialement conçues pour la ville. Une combinaison qui doit permettre d’équilibrer la production d’énergie et faciliter l’autoconsommation des bâtiments.
Une structure qui permet d’optimiser l’espace sur le toit afin d’obtenir une production maximale, et qui permet aussi, indirectement, d’assurer un certain confort thermique en été puisque, lors d’épisodes de canicule, cet étage supplémentaire protège la toiture du bâtiment du rayonnement solaire. Enfin, la structure permet d’utiliser tout l’espace disponible sans pour autant l’occuper directement : en laissant le toit intact, Unéole prend en compte le fait que le bâtiment est susceptible de connaître des aménagements dans les années à venir.
Des éoliennes bas-carbone et silencieuses
Ces éoliennes développées par Unéole sont composées de matériaux en grande partie recyclés, notamment d’inox et d’aluminium, en provenance d’Isbergues pour le premier et de Dunkerque pour le second. Leur fabrication est très ancrée dans les Hauts-de-France, avec un assemblage à Ronchin. Un démonstrateur est d’ailleurs opérationnel à Loos-en Gohelle, à côté de Lens.
Ces éoliennes ont d’ailleurs été certifiées par le CEREMA sur le fait qu’elles sont silencieuses et qu’elles ne produisent pas d’ondes électromagnétiques nocives pour les humains ou pour le matériel électrique présent dans le bâtiment.
L’entreprise fonctionne exclusivement en B2B et travaille avec des collectivités et entreprises en autoconsommation collective ou individuelle. Elle s’adresse notamment aux collectivités territoriales mais aussi à des propriétaires fonciers comme la grande distribution, les bailleurs sociaux, les universités ou encore les sites industriels. Sur le modèle d’affaires, la startup facture les études de faisabilité réalisées en amont, les frais d’installations et, si besoin, la formation pour la maintenance.
À l’heure actuelle, Unéole travaille sur des projets en Bretagne, à Paris et à Marseille et souhaite étendre son maillage territorial, avec des visées européennes dans un avenir proche. Pour accélérer son développement, l’entreprise est d’ailleurs en train de clôturer une levée de fonds.