Biomae SAS – laboratoire français labellisé Green Tech Verte par le Ministère de la Transition Écologique – a développé une méthode pour surveiller la qualité des 11 000 cours d’eau français sans avoir recours à des substances ou procédés qui perturbent les écosystèmes.
En effet, la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) exige des États membres de l’Union Européenne de surveiller la qualité des eaux de leurs rivières en utilisant des bio-indicateurs. L’innovation introduite par Biomae a été de développer sa propre méthode de détection des polluants à travers des gammares. Ce sont de petites crevettes d’eau douce dont la présence abondante dans les rivières françaises et européennes, et leur forte sensibilité à la pollution des cours d’eau, permettent de les utiliser pour évaluer la contamination chimique et les effets toxiques des micropolluants qui y sont présents.
Des crevettes d’eau douce pour évaluer la qualité de l’eau
Les chercheurs de Biomae élèvent des gammares afin qu’ils puissent être utilisés comme capteurs biologiques dans les rivières. Ils sont ensuite calibrés (par taille, sexe, etc.) avant d’être déposés, en cage, dans les cours d’eau. Ils y restent in situ pour des périodes qui varient de 7 à 28 jours, selon les analyses réalisées et les budgets disponibles. Une durée nécessaire pour que les organismes vivants s’imprègnent suffisamment de la composition de l’eau.
Les cages sont donc plongées dans des sites potentiellement pollués, à différentes saisons, en amont et en aval d’installations industrielles. Après cette période d’immersion, les gammares sont rapatriés, échantillonnés et analysés en laboratoire pour déterminer la bioaccumulation ou l’écotoxicité des milieux aquatiques qui les ont abrités.
L’interprétation des résultats est réalisée en co-construction avec l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, issu de la fusion le 1er janvier 2020 de l’IRSTEA et l’INRA) sur des données des Agences de l’eau. Cette méthodologie a d’ailleurs conduit à une avancée scientifique reconnue puisqu’elle permet de détecter des centaines de polluants, bien au-delà des exigences de la DCE qui impose la surveillance de 50 polluants. Auparavant, les essais étaient réalisés en laboratoire, dans des conditions considérées comme trop éloignées de la réalité des milieux étudiés.
Accompagner les entreprises et collectivités dans la gestion de l’eau
Biomae, c’est une petite équipe de 15 personnes, complétée par l’activité partielle de deux chercheurs de l’INRAE. Leurs recherches et analyses sont normalisées par l’AFNOR, tant sur la bioaccumulation de micropolluants organiques ou métaux, que sur les tests d’écotoxicité (neurotoxicité, perturbation endocrinienne, etc.).
L’activité de Biomae porte sur deux marchés qui se complètent dans le cadre de la surveillance de la qualité des cours d’eau français. Le premier, qui représente 70% de leur chiffre d’affaires, est celui de la surveillance à large échelle correspondant à la Directive Cadre sur l’Eau, avec comme principaux acteurs les six Agences de l’eau. L’étude mesure mensuellement la bioaccumulation dans l’eau des micropolluants à partir d’un référentiel national.
Le laboratoire collabore également avec des entreprises industrielles (Veolia, Suez, EDF, Sanofi par exemple), des organismes publics (agglomération de Béziers, Vendée eau, etc.), et des bureaux d’études. Le laboratoire réalise pour eux des études d’impact concernant leurs installations.