L’hydrogène vert ou bas-carbone fait partie des pistes privilégiées par de nombreux pays à travers le monde afin d’accélérer la transition énergétique mondiale. Sur ce sujet, la France possède une carte à jouer, notamment grâce à ses industriels comme Alstom (pour le ferroviaire), Air Liquide (qui travaille déjà sur de nombreux projets d’hydrogène, notamment en Chine ou en Californie) mais aussi via de jeunes startups innovantes comme Lhyfe.

Le gouvernement devrait d’ailleurs relancer la filière dès la rentrée dans le cadre du plan de relance souhaité par Emmanuel Macron, ce qui viendra compléter l’amorce effectuée il y a deux ans par Nicolas Hulot. Mais ailleurs, la majorité des pays développés regardent de très près ce vecteur énergétique particulièrement intéressant pour le stockage de l’électricité renouvelable et pour la réduction des émissions de CO2 liées au transport.

Petit tour d’horizon des principaux pays engagés dans la voie de l’hydrogène
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L’Allemagne et son plan à 9 milliards d’euros

L’allemagne fait évidemment beaucoup parler d’elle ces derniers jours suite à l’annonce de son plan Hydrogène le 10 juin dernier, et des 9 milliards d’euros qui y seront consacrés. Nos voisins d’outre-Rhin prévoient notamment l’installation d’une capacité d’électrolyse de 5 GW d’ici à 2030, puis de cinq autres gigawatts d’ici à 2040.

Avec un mix-énergétique largement centré sur le charbon, le pays n’est pas le mieux armé pour développer un hydrogène vert ou même bas-carbone. C’est la raison pour laquelle 2 milliards d’euros seront donc placé sur la mise en oeuvre de partenariats afin de palier à ce défaut structurel. Un premier deal a d’ailleurs été conclu avec le Maroc au début du mois de Juin. « Nous aurons besoin du soleil de l’Afrique, car nos ressources renouvelables ne suffiront pas » déclarait d’ailleurs à ce sujet Gerd Müller, le ministre du développement Allemand. Le pays espère ainsi pouvoir exporter la technique et les électrolyseurs au Maroc afin de pouvoir importer l’hydrogène vert en retour.

Le développement de cette filière est particulièrement important pour le pays qui possède quelques-uns des grands leaders mondiaux dans le domaine de la chimie (un secteur très consommateur d’hydrogène).


La Chine mise sur l’hydrogène après avoir trusté le marché des batteries au lithium

Aujourd’hui, la Chine est le premier marché au monde en matière de véhicules électriques, avec plus d’un million de véhicules à batterie en circulation. C’est aussi le plus important fabricant de batteries, devant les USA et très loin devant l’Europe (qui tente pourtant de combler son retard sur le sujet).

Les premières annoncent du gouvernement Chinois concernant l’hydrogène datent de Novembre 2016, avec un plan pour construire une infrastructure suffisante pour alimenter 50 000 véhicules électriques pile à combustible en 2025 et 1 million en 2030. L’équivalent de plus de 10,7 milliards d’euros ont déjà été investis par les autorités chinoises dans la technologie des piles à combustible.

Si la production chinoise d’électricité n’est pas toute propre, avec 50% de son électricité qui vient des centrales à charbon, le pays reste aujourd’hui le plus gros investisseur mondial dans les énergies renouvelables au cours des dix dernières années, avec 758 milliards de dollars investis de 2010 à la première moitié de 2019 (d’après les chiffres des Nations Unies).

Par ailleurs, la compagnie publique chinoise Beijing Jingneng Power souhaiterait bâtir un complexe massif de pas moins de 5 GW mêlant parcs éoliens et photovoltaïques, associés à des électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert. Avec des moyens conséquents et un marché intérieur propice au développement de ces technologies, la Chine pourrait rapidement faire figure de leader sur le sujet dans les années à venir.


Le Japon, des marques automobiles comme principal atout

Le Japon mise sur l’utilisation de l’hydrogène depuis quelques années à la fois pour la sécurisation de son approvisionnement énergétique, la réduction de ses émissions de CO2, mais aussi et surtout pour son développement économique et industriel, notamment grâce à Toyota et Honda, deux marques automobiles qui sont les principales marques à commercialiser d’ores et déjà des véhicules électriques pile à combustible.

Le gouvernement a ainsi adopté en 2017 une « stratégie fondamentale de l’hydrogène » qui vise 40 000 véhicules à hydrogène d’ici 2020, 200 000 d’ici 2025 et 800 000 d’ici 2030. Le gouvernement nippon souhaite également étendre l’hydrogène au secteur de l’habitat, avec comme ambition d’atteindre 5,3 millions de logements équipés en 2030. Le village Olympique qui devait accueillir les athlètes du monde entier cet été était d’ailleurs entièrement pensé autour de l’hydrogène.

Pour atteindre ces objectifs, le Japon souhaite notamment établir une chaîne d’approvisionnement en hydrogène bas-carbone et importer de l’hydrogène vert, sur le même modèle que l’Allemagne. Par ailleurs, entre autres projets, un consortium japonais a construit dans la préfecture de Fukushima une installation de production d’hydrogène combinant un électrolyseur de 10 MW à un parc photovoltaïque de 20 MWc.


Et ailleurs…

La Corée du Sud est également très impliquée sur ce sujet, notamment via la marque automobile Hyundai, tout comme la Californie qui, au travers du programme AB8 du California Fuel Cell Partnership, a permis l’installation de 62 stations hydrogène et le déploiement de près de 7 000 véhicules. L’objectif du gouverneur de Californie est d’atteindre une centaine de stations et environ 20 000 véhicules dès cette année.

D’autres pays européens sont également sur les rails. Il existe d’ailleurs une structure internationale, baptisée IPHE (International Partnership for Hydrogen and Fuel Cells in the Economy) qui réunit les pays les plus impliqués dans le développement des technologies de l’hydrogène, à savoir les Etats-Unis, l’Australie, l’Autriche, l’Allemagne, le Brésil, le Canada, la Chine, le Costa Rica, l’Islande, l’Inde, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, la Russie, les Pays-bas, le Royaume Uni et la Norvège). Il a pour but d’accélérer l’intégration de l’hydrogène et des piles à combustible dans l’économie en développant les échanges et les collaborations entre pays membres.