L’hydrogène vert a décidément la côte ! Ce mercredi 8 juillet, Bruxelles a présenté une feuille de route pour faire de l’Union Européenne le leader mondial en matière de production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables. Une feuille de route qui prévoit, entre autres, l’installation de 40 gigawatts d’électrolyseurs d’ici 2030, dont l’objectif est de produire 10 millions de tonnes d’hydrogène vert.

« L’hydrogène propre est une pièce clé du puzzle pour parvenir à une économie sans carbone » estime ainsi Frans Timmermans, le vice-président exécutif du Pacte vert européen. La Commission Européenne prévoit donc l’installation d’au moins 6 gigawatts d’électrolyseurs d’ici 2024 pour produire environ 1 million de tonnes d’hydrogène. L’ambition est de passer à au moins 40 gigawatts d’électrolyseurs en 2030 pour produire jusqu’à 10 millions de tonnes d’hydrogène vert.

Une « Alliance européenne pour un hydrogène propre » (ECH2A) sera mise en place pour piloter cette stratégie et orienter les investissements. À terme, la part de l’hydrogène vert dans le mix énergétique européen devrait ainsi passer de moins de 2 % aujourd’hui à 13-14 % d’ici 2050.

« C’est une opportunité historique qui nous est offerte à nous acteurs de cette chaine de valeur hydrogène et citoyens européens de concrétiser un changement systémique majeur plaçant au cœur du réacteur les technologies propres et celles de l’hydrogène en particulier » commentait à ce sujet Valérie Bouillon-Delporte, la présidente de l’association Hydrogen Europe.

430 milliards d’euros d’investissements d’ici 2050

Les annonces de l’UE étaient fortement attendues par la filière, quelques semaines après la présentation par l’Allemagne d’un plan d’investissements de 9 milliards d’euros pour développer l’hydrogène, et dans l’attente d’un plan français qui devrait être présenté à la rentrée. « L’Europe vient de fixer un cap pour l’hydrogène jusqu’en 2050, à la France de s’affirmer avec un Plan National ambitieux et d’y mettre les moyens correspondants. Investir massivement et rapidement dans l’hydrogène permet d’atteindre les objectifs de décarbonation et de réindustrialisation, on parle ici en milliards, le leadership est à ce prix » ajoutait cette semaine Philippe Boucly, le président de l’Afhypac.

Les investissements cumulés dans l’hydrogène renouvelable en Europe pourraient ainsi atteindre 430 milliards d’euros d’ici 2050. Mais attention, car la Comission Européenne ne fixe pas un cadre contraignant la filière à utiliser des énergies bas-carbone ou renouvelables pour produire l’hydrogène.

Actuellement, ce sont près de dix millions de tonnes d’hydrogène qui sont produits chaque année dans l’UE via les énergies fossiles. C’est ce qu’on appelle l’hydrogène gris. Mais cette production est extrêmement polluante (10 kilos de CO2 produits pour chaque kilo d’hydrogène). Doit-on s’inquiéter du fait que la Commission Européenne laisse la porte ouverte à une part d’hydrogène gris dans sa feuille de route ? Elle y parle en tout cas d’une « période de transition […] nécessaire pour assurer une production stable et des prix compétitifs, en ayant recours à des énergies carbonées ».