Presque 2 milliards d’euros d’ici à 2022 ! Le gouvernement allemand prévoit de débloquer un milliard d’euros et la France 700 millions d’euros. Avec ces promesses de dons, les deux pays souhaitent aboutir à la création d’une filière européenne de conception et de fabrication de batteries pour véhicules électriques. Une sorte d‘Airbus pour batteries lithium-ion. Une solution pour assurer à l’Europe une indépendance sur ces sujets vis à vis des concurrents américains et asiatiques. À ces 2 milliards viendront s’ajouter 1,2 milliard d’euros de subventions européennes.
« La Commission européenne vient de nous confirmer formellement (…) l’intérêt stratégique pour l’Europe de cette filière », a déclaré le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse à Bercy jeudi 02 mai 2019. Avec ces fonds, l’exécutif européen souhaite favoriser l’émergence de plusieurs projets transnationaux dans les prochaines semaines. Une manière de faire avancer de manière plus structurée les différents projets industriels européens dans ce secteur. Il en faudra cependant plus – environ 5 à 6 milliards d’euros en tout – pour que ce projet soit réellement intéressant. L’Italie, la Belgique, la Pologne, l’Autriche et la Finlande pourraient également s’intégrer à ce vaste programme.
Fédérer les pays européens autour des véhicules électriques
En France, le gouvernement annonçait en Février vouloir soutenir le développement des véhicules électriques, ainsi que le développement de la voiture autonome. Et pour bien faire à ce sujet, Emmanuel Macron souhaite que le pays investisse 700 millions d’euros sur cinq ans. Le but de cet investissement massif est de contribuer à l’émergence d’une filière européenne de batteries capable de rivaliser avec les constructeurs chinois, coréens et américains.
Ces 700 millions d’euros prendront la forme de subventions, de fonds propres ou d’avances remboursables. À côté, les collectivités locales sont invitées à ajouter leur propre soutien financier si elles souhaitent s’y associer. En effet, l’un des objectifs de cette nouvelle filière, c’est en partie de créer des usines sur le territoire français. L’idée d’un géant européen pour assurer le développement de la filière électrique n’est pas tout à fait nouvelle. À vrai dire, un consortium européen existe déjà depuis 2017. Il s’agit de celui formé par le français Saft (propriété de Total), les allemands Siemens et Manz, les belges Solvay et Umicore.
Avec ces investissements, les gouvernements allemands et français souhaitent aller plus loin et inclure davantage l’industrie automobile européenne sur ces sujets. En effet, aujourd’hui, les constructeurs se fournissent en Chine ou en Corée. Il y a bien cinq projets d’usines de cellules lithium-ion qui sont lancés en Europe. Mais à part un projet du suédois Northvolt, les usines en chantier sont la propriété du chinois CATL et des coréens SK, LG et Samsung.
Combler le retard pris sur les américains et asiatiques
Par ailleurs, toutes réunies, la capacité de ces cinq usines restera inférieure à celle de la Gigafactory de l’américain Tesla. Preuve, s’il en est, que le retard de l’Union Européenne sur ce sujet est sérieux.
L’UE n’est pourtant pas un si mauvais élève. Début janvier, elle a lancé le projet LISA (Lithium Sulfur for Safe Electrification). Il s’agit d’un projet de coopération européenne qui vise à concevoir puis commercialiser une batterie de traction lithium-soufre. Cette future batterie sera utilisée pour soutenir l’essor de la mobilité électrique, prioritairement sur le marché européen. LISA comprend treize partenaires et devrait durer près de quatre ans. Ce projet, s’il aboutit, pourrait représenter une avancée majeure pour la future filière européenne des batteries électriques. En effet, les premiers prototypes de batterie LISA offrent un avantage sur les batteries concurrentes : ils sont deux fois moins lourds et offrent un encombrement moindre.
A terme l’objectif est de faciliter l’émergence d’un marché européen des véhicules électriques qui puisse être concurrentiel par rapport aux américains et aux asiatiques. Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron prend d’ailleurs cette problématique au sérieux. Le gouvernement planche sur une stratégie nationale du développement des véhicules autonomes. Le président souhaite également que l’Etat serve d’exemple en la matière. La part des véhicules électriques et hybrides dans la flotte publique va ainsi être revue à la hausse.
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